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Congrès 2024 de la Société Française d'Esthétique :

Congrès 2024 de la Société Française d'Esthétique : "Esthétique comparée. Le beau, l’art et l’esthétique au-delà de l’Occident"

Publié le par Marc Escola (Source : L. Marcucci)

Congrès 2024 de la Société Française d’Esthétique 

Vendredi 14 et samedi 15 juin 2024

Paris, La Sorbonne, Amphis Quinet et Michelet 

APPEL A COMMUNICATIONS

Esthétique comparée

Le beau, l’art et l’esthétique au-delà de l’Occident
 

Si l’ethnologie est souvent mobilisée pour montrer la relativité des objets qualifiés de beaux et celle des choses classés sous le mot art ainsi que les fonctions et valeurs attachées à ces dernières, certains théoriciens ont développé une anthropologie renvoyant à des invariants transculturels et transhistoriques. Les sciences cognitives ont, elles aussi, réactivé la recherche d’universaux invitant à réfléchir sur l’éventualité de structures formelles sous-jacentes comme la symétrie, par exemple, dans la lignée des travaux de Gottfried Semper qui, marqué par le naturalisme de Cuvier, entendait dégager les formes et principes fondamentaux qui sont à l’origine de tous les arts, occidentaux et extra-occidentaux, ou encore des analyses de Aloïs Riegl dont la vaste étude comparée de l’architecture assyrienne, babylonienne, perse, indienne, chinoise et égyptienne, lui fit concevoir l’histoire comme la transformation dynamique d’un ensemble de motifs formels dotés de potentialités et de virtualités propres. 

La tension entre culturalisme et universalisme concerne, on le voit, à la fois les propriétés esthétiques - et en tout premier lieu, le beau -, et la notion d’art. Le registre du beau ne recoupe pas celui du sundara du sanskrit, du kalon des grecs, du wabi sabi des japonais ; sans parler du fait qu’une même langue peut disposer de deux concepts du beau comme, en Chine par exemple, le Cuo Cai Lou Jin (错彩镂金) et le « Chu Shui Fu Rong (出水芙蓉). L’extension et la compréhension du concept d’art sont extrêmement variables : quels types d’objets ou d’activités recouvre-t-il ? quels genres artistiques subsume-t-il ? Quelles hiérarchies (arts majeurs/ mineurs) et quelles relations les lient ? Existe-t-il néanmoins des invariants poïétiques, une permanence des processus de création et d’attention ? 

Le débat traverse les productions discursives et au-delà, les disciplines académiques qui traitent de ces objets, à commencer par l’esthétique. Celle-ci a été baptisée en Europe au milieu du XVIIIème siècle, mais, d’une part un acte de baptême n’est pas un acte de naissance, et d’autre part la question de savoir exactement ce qui est né reste posée. Quels rapports et quelles différences existe-t-il par exemple entre cette discipline et les traités de peinture et de calligraphie de la tradition chinoise qui font une large place aux qualités d’appréciation et à la culture du connaisseur, ou bien qui étudient la connivence énergétique avec l’ensemble de la réalité ? Que dit le fait que les considérations sur la beauté et la perfection dans les traités d’Al-Kindi, Al Fârâbî ou Avicenne ne soient pas isolées du reste de leur œuvre ? Quels parallèles peut-on faire entre des textes ayant joué un rôle séminal dans diverses aires culturelles comme La Poétique d’Aristote en Europe et la Sculpture du dragon en Chine ?

L’immense question des transferts culturels qui se sont produits au cours de l’histoire et continuent à se produire, se profile aussitôt. Comment des termes, des concepts, des thèses, des atmosphères sensibles et théoriques venus d’ailleurs se sont-elles implantées diversement dans d’autres sols ? Comment ont-ils modifié, enrichi ou appauvri la pensée sur l’art et le beau, en donnant naissance à des constructions conceptuelles inédites ou à des orientations nouvelles ? Qu’est-ce que ces dernières ont produit en retour ?

La question des difficultés et des enjeux, herméneutiques et métaphysique, de la traduction constitue l’ombre portée des différents aspects de l’esthétique comparée. Faut-il se résoudre à un relativisme linguistique et conceptuel ? La traduction ouvre-t-elle au contraire vers l’universel ? Les intraduisibles sont-ils des impensables ?

À l’âge de la mondialisation des échanges et du tourisme, de l’ouverture des nouveaux musées, comme celui d’Abu Dhabi, à un récit universel et décloisonné de l’histoire de l’art insistant sur les connivences entre artefacts issus d’aires géographiques et temporelles éloignées, l’esthétique comparée est bel et bien requise. Parce que l’esthétique, qui partage avec la philosophie dont elle est un domaine, une vocation architectonique, est seule à même de tenir ensemble les résultats des différentes approches de ces sujets (approches historiques, anthropologiques, ethnologiques, psychologiques, neurologiques, cognitives) ; et parce que l’esthétique, quand elle se fait comparative, prend du champ par rapport à son univers notionnel, ses questions usées, et parfois même ses ornières conceptuelles, en les considérant d’un œil neuf à partir de ces catégories exogènes, ouvrant un espace de réflexion renouvelé, enrichi et vivifié, et favorisant le dialogue interculturel. 

Les axes du congrès 2024 de la SFE seront les suivants :

·      Le beau, l’art et l’esthétique

·      Culturalisme et universalisme

·      Transferts culturels et réappropriations culturelles

·      La traduction et ses enjeux

Comité scientifique :

Marc Cerisuelo, Pr. U. de Paris-Est Marne-la- Vallée

Alexandre Gefen, Directeur de recherche, CNRS – U. Paris 3

Maud Pouradier, Mcf, U. de Caen

Carole Talon-Hugon, Pr. Sorbonne Université

Modalités de soumission

Les propositions, rédigées en anglais ou en français, doivent comprendre :

·       la thématique retenue

·       le nom de l’auteur ou des auteurs

·       une présentation succincte de l’auteur ou des auteurs (100 mots maximum)

·       le titre

·       un résumé de 300 mots maximum

·       une liste de mots clés (5 maximum)

·       une bibliographie essentielle

·       l’engagement écrit et signé à s’acquitter des droits d’inscription de 50 euros au cas où la proposition serait retenue. Ils donnent droit à la participation au colloque et à la gratuité des déjeuners. NB : Les droits d’inscription des membres de la Société française d’esthétique à jour de leur cotisation sont de 25 euros.   

Elles seront envoyées au format pdf à C. Talon-Hugon : c.talonhugon@gmail.com

Date limite d’envoi des propositions : 21 mai 2024

Les réponses seront communiquées le : 24 mai 2024

Les communications, d’une durée de 30 minutes, seront tenues en anglais ou en français. Aucun service d’interprétariat ou de traduction ne pourra être fourni. Les frais d’hébergement et de transport sont à la charge des participants.