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Pascal Quignard en images (revue Textimage-Un auteur en images)

Pascal Quignard en images (revue Textimage-Un auteur en images)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Maxime Cartron)

« Pascal Quignard en images »

Numéro de Textimage-Un auteur en images

dir. Maxime Cartron (Université de Sherbrooke, CIREM 16-18)

L’œuvre de Pascal Quignard, c’est presque un truisme de l’écrire, vit et respire par l’image ; elle se nourrit du dialogue avec les artistes et les peintres au moins autant que de celui avec les musiciens[1]. Il semble donc qu’elle fournisse un champ d’investigation idéal pour aborder le thème Un auteur en images, puisqu’elle peut couvrir toutes les déclinaisons de cette formule, à tel point que celles-ci nous fourniront les axes d’étude du présent projet de numéro :

1) L’image dans le texte : comment étudier les images, concrètes ou mentales, qui lancent l’écriture quignardienne ? Faut-il faire une distinction entre les œuvres d’art existantes et les œuvres d’art imaginaires nommées dans ses fictions ? Par quels procédés et procédures stylistiques l’écriture quignardienne fait-elle image ? Et, pour élargir la réflexion à des problématiques d’ordre herméneutique, existe-t-il des politiques quignardiennes de l’image ?[2]

2) Illustrer Quignard : que signifie appréhender l’œuvre de l’auteur de Tous les matins du monde comme celle d’un auteur à illustrer ? Certaines déterminations iconiques particulières de l’écriture quignardienne favorisent-elles l’illustration de ses textes ? Certaines de ses œuvres sont-elles même pensées en fonction de leur imagement à venir, et si oui de quelle manière ? Quels dialogues iconotextuels se tissent-ils entre Quignard et les artistes[3], ou encore entre Quignard et ses illustrateurs[4] ? Quelles pratiques du livre et de l’édition cela engage-t-il ?

3) Quignard illustrateur : on sait également que Quignard a réalisé plusieurs dessins préparatoires pour ses œuvres[5]. Le récent don de ses archives à la BnF par l’écrivain pourrait permettre de réaliser une génétique et une poétique de ses textes imagés[6], qu’ils le soient matériellement ou par l’écriture. Comment aborder, dans cette perspective, le geste d’illustration concomitamment du geste d’écriture, et comment rendre compte des possibles tensions, frayages, voire fusionnements entre les deux ?

4) Quignard et les théoriciens de l’image : est-il possible de percevoir, dans la réflexion quignardienne sur des artistes tels que, pour ne donner qu’un exemple, Georges de La Tour[7], un dialogue avec les grands penseurs de l’image (Deleuze, Marin, Bataille…), voire avec les historiens de l’art (Wölfflin, Panofsky, Warburg…) ? 

On encouragera naturellement un entrecroisement de ces quatre perspectives, afin de faire ressortir toute la spécificité du rapport texte-image quignardien.

Les propositions de contributions sont à adresser à cartron.maxime@gmail.com avant le 1er juin 2024.

Les articles seront à remettre au plus tard le 22 décembre 2024. Le numéro paraîtra en 2025. 


 
[1] Sur le rapport de Quignard à l’image, on pourra notamment consulter Bernard Vouilloux, La Nuit et le silence des images : penser l'image avec Pascal Quignard, Paris, Hermann, « Savoir Lettres », 2010, ainsi que du même, Image et médium : sur une hypothèse de Pascal Quignard, Paris, Les Belles Lettres, « Essais », 2018. Voir également, sans exclusive, Agnès Cousin de Ravel, « La peinture, pré-texte à l’écriture chez Pascal Quignard », L'Esprit Créateur, vol. 52, no1, printemps 2012, p. 48-58 ; Gilles Declercq, « Métamorphose de l’ekphrasis dans Terrasse à Rome », Mireille Calle-Gruber, Jonathan Degenève et Irène Fenoglio (dir.), Pascal Quignard, translations et métamorphoses, Paris, Hermann, 2015, p. 367-383 ; Stella Spriet, « Textualiser l’image : la démarche ekphrastique et herméneutique de Pascal Quignard », Ibid, p. 385-399 ; Sophie E. Denis, « Pascal Quignard : une poétique de la ruine », dans Pierre Hyppolite (dir.), La Ruine et le geste architectural, Nanterre, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2017, p. 145-153 ; Damien Fortin, « Le siècle de l’ars nigra. Terrasse à Rome de Pascal Quignard », Fabula / Les colloques, L'âge classique dans les fictions du XXIe siècle, 2019, http://recherche.fabula.org/colloques/document6173.php ; Maxime Cartron, « “Par-delà la présence” : la nature morte de Lubin Baugin dans Tous les matins du monde de Pascal Quignard », Colloquium Helveticum, no51, 2022, p. 219-231 ; Ibid., « “L’apparence de toutes les choses” » : l’écriture du sensible dans Terrasse à Rome de Pascal Quignard », Poétique, no194, 2023, p. 113-126. 
[2] On pense ainsi spontanément à la fameuse épanorthose « Louis XIII régnait, c’est-à-dire La Tour peignait des bougies et des nuits que le roi amassait dans sa chambre » (« Froberger et Grimmelshausen », Petits traités II (1990), Paris, Gallimard, « Folio », 1997, p. 429), qui semble rejeter d’un simple trait de style tout croisement des domaines politique et artistique en anéantissant la portée du premier au profit du second.
[3] Voir, par exemple, Une vie de peintre, Marie Morel, éditions Galerie B.Pont-Aven et Les amis de Marie Morel, 2014.
[4] On peut penser, entre autres, au magnifique Tondo composé avec les pastels de Pierre Skira (Paris, Flammarion, 2002).
[5] On en verra certains dans Sur le geste de l’abandon, éd. Mireille Calle-Gruber, Paris, Hermann, 2020. Sur ces dessins, voir Irène Fenoglio, qui se propose de montrer que le dessin « entre (…) dans le processus de création de l’œuvre » et que « tout en la précédant » il « pénètre l’écriture elle-même et la soutient ». En effet, « pour Pascal Quignard, dessiner diffère l’écriture tout en la préfigurant, le tracé iconique constituant comme une lecture intériorisée, secrète, d’un énoncé encore absent » (« Pascal Quignard. Dessins, images. Une lecture for-intérieure de l’œuvre à venir », Claire Bustarret, Yves Chevrefils Desbiolles et Claire Paulhan (dir.), Dessins d’écrivains. De l’archive à l’œuvre, Paris, Le Manuscrit, 2011, p. 138).
[6] C’est justement ce que réalise Irène Fenoglio à propos de Boutès. Voir Pascal Quignard et Irène Fenoglio, Sur le désir de se jeter à l’eau, Paris, PSN, 2011. On consultera par ailleurs sur cette question le no13 de Textimage, dirigé par Dominique Massonnaud et Vanessa Obry, Genèse et génétique des « textes imagés », printemps 2021, https://www.revue-textimage.com/sommaire/sommaire_19genese.html
[7] P. Quignard, Georges de La Tour, Paris, Flohic, 1991 (rééd. Paris, Galilée, 2005).