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Littérature et Droit : interaction et confrontation (Univ. Alassane Ouattara – Bouaké, Côte d’Ivoire)

Littérature et Droit : interaction et confrontation (Univ. Alassane Ouattara – Bouaké, Côte d’Ivoire)

Publié le par Marc Escola (Source : Yacouba Koné)

La relation interdisciplinaire qui existe entre la Littérature et le Droit n’est plus en discussion dans les universités Nord-américaines. Le courant « Law and Literature » initié depuis les années 70 aux États-Unis démontre l’enrichissement mutuel entre ces deux disciplines. La première est reconnue pour son originalité à produire de la fiction, du style, de l’imagination. La seconde se remarque dans l’établissement de règles, normes et lois. Le dialogue « Littérature et Droit » favorise le croisement de deux modes herméneutiques que Ronald Dworkin a rendu célèbre dans ses activités de recherche, en l’occurrence dans l’Empire du Droit. Ce philosophe et juriste américain allie avec dextérité les modes d’interprétation juridique et littéraire pour faire évoluer les règles de Droit de la justice américaine. Également, Stantley Fish, professeur de droit et littérature à Duke University, fait appréhender autrement la césure entre « textes juridiques » et « textes littéraires ». Il opte pour une solution de rapprochement.

La tendance à poser le débat scientifique autour des deux champs disciplinaires est encore en initiation dans les universités francophones. Constatant leur retard sur cette question, les facultés universitaires de Saint-Louis en Belgique ont publié un ouvrage[1] conjoint issu de la collaboration entre le SIEJ[2] et le SIRL[3]. En France la Revue Droit et Littérature offre une lucarne adéquate à ses contributeurs pour renforcer le « lien nécessaire »[4] entre des domaines dont les moindres interactions sont susceptibles de créer de l’édification, voire des changements de perspectives dans le traitement des textes littéraires et des affaires juridiques. N’est-ce pas Fiodor Dostoïevski, célèbre romancier russe, exerçant comme chroniqueur judiciaire, « à ce point influent, [dont] le commentaire qu’il fit de l’affaire Kornilov amena le Sénat à casser le jugement rendu, puis le nouveau jury saisi de la cause à acquitter la prévenue »[5]. Une telle modification d’angle d’analyse se vérifie dans l’interprétation du texte littéraire qui n’est pas figé en sa forme et son contenu. Les théories habituelles (dialogisme, intertextualité, interartialité, etc.) ont déjà démontré la nature ouverte des œuvres littéraires, en particulier le roman. Les outils conceptuels développés par leurs théoriciens ne cessent de faire approcher le texte littéraire dans une suite dialogique, structuraliste ou immanentiste. Sur cette base heuristique, il est tout à fait possible de lire les œuvres narratives, poétiques et dramaturgiques dans une dynamique innovante à l’aune des théories juridiques.

Un nouveau statut de romanciers français approuve une inclination pareille de recherche. Notamment dans cette catégorie, Eugène Mouton qui est magistrat et Noël Vindry, juge d’instruction, sont des romanciers par passion de la plume. Plusieurs autres titulaires de fonctions juridiques trouvent dans la littérature le moyen d’évoquer des histoires et d’évacuer des sentiments. Ils montrent le rapport créatif qui existe entre ces deux disciplines depuis les premières heures de l’écriture littéraire. En 44-406 avant Jésus Christ, la tragédie de Sophocle mettait déjà en scène le droit naturel à travers le personnage d’Antigone[6]. Au Moyen-âge, le Roman de Renart exposait le besoin de justice. Rabelais au siècle suivant démontre « l’humanisme juridique »[7]. Depuis le XIXe siècle, des écrivains comme Victor Hugo, Honoré de Balzac, Émile Zola ont mis en fiction des histoires qui posent des cas pratiques de Droit et de responsabilité juridique. Le XXe siècle concrétise l’élan avec André Gide qui écrit les Souvenirs de la cour d’assises, sans oublier la promotion des romans policiers dans la même période. L’histoire de la littérature française montre à profusion des écrivains donnant à leurs œuvres des fondements juridiques. La littérature francophone ne peut rester en marge de cette affinité juridico-littéraire. Les écrivains africains en général et ivoiriens en particulier constituent un patrimoine intellectuel qu’il est possible de consulter pour donner une impulsion nouvelle, d’une part, à la théorie objective du Droit et, d’autre part, à l’analyse juridique du texte littéraire.

Le Laboratoire d’Études et de Recherche en Littératures Française et Francophone (LABERLIF - https://www.laberlif.com) entend organiser ce colloque pour favoriser l’échange entre des professionnels des métiers de sorte à éclairer l’opinion nationale et internationale sur le privilège commun que la littérature et le droit ont en partage. Les chercheurs sont invités à apporter des réponses effectives sur l’originalité d’un tel paradigme autour des axes de recherche suivants :

Axe 1 : Roman policier et faits de Droit ;
Axe 2 : Droit et Rhétorique ;
Axe 3 : Sciences du langage juridique ;
Axe 4 : Place de la littérature dans l’enseignement du Droit ;
Axe 5 : Sources littéraires du Droit ;
Axe 6 : Loi, Justice, Faute, Jugement dans la fiction ;
Axe 7 : Littérature et droit traditionnel/coutumier ;

 Modalités de participation :

- Les participants potentiels sont invités à soumettre un résumé en anglais ou en français de 350 mots maximum, à l’exclusion des mots-clés, à l’adresse : lescahiersdulaberlif@gmail.com 

Les résumés doivent comporter :           

· Titre de la communication ; 
· Nom(s) et Prénom(s) de(s) auteur(s) ;
· Affiliation : Institution,  centre  de  recherche, laboratoire,  ville,  pays ;
· E-mail de(s) auteur(s) et numéro de téléphone du correspondant principal ;
· Axe de la communication ;
· Résumé de la communication  (350 mots) : Il s’agit de présenter de façon concise l’originalité de la communication, les objectifs, la méthodologie utilisée, les principaux      résultats attendus ;
· Mots-clés : Cinq au maximum.

- Les propositions de communication seront rédigées au format Word, police Book Antiqua, taille de police 12, interligne 1.5. Le style APA est recommandé.

 Calendrier :

Date limite de soumission des résumés : 5 Septembre 2024
Notification d’acceptation : 15 septembre 2024
Envoi du programme provisoire du colloque : 25 septembre 2024
Date du colloque : 6 et 7 novembre 2024
Publication des actes : mars 2025

 Lieu : Université Alassane Ouattara – Bouaké (Côte d’Ivoire)

Frais de participation :
Enseignant-chercheurs et chercheurs : 50 000F CFA (78 Euro)
Étudiants (Doctorant, Masterant) : 30 000F CFA (46 Euro)
Autres : 50 000F CFA (77 Euro)

NB : Les frais de participation prennent en compte l’inscription et la restauration (pause-café, déjeuner) 

Pour toutes informations complémentaires consulter le site web du labo : www.laberlif.com  

Coordonnateur général :
· Prof. MINDIÉ Manhan Pascal

Président du Comité d’Organisation :
· Prof. Amara COULIBALY

Porteurs du projet :
· KONÉ Yacouba
· EBA Axel Richard
· ANIAN Ékaza Emmanuel

Comité scientifique du colloque
Prof. POAMÉ Lazare Marcelin (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. ZIGUI Koléa Paulin (Université Alassane Ouattara –Bouaké)
Prof. MÉITÉ Méké (Université Félix H. Boigny d’Abidjan)
Prof. DIANÉ Badara-Alioune (Univ. Cheikh Anta Diop – Dakar)
Prof. LARROUX Guy (Université Toulouse Jean Jaurès)
Prof. KOUAKOU Jean-Marie (Université Félix H. Boigny d’Abidjan)
Prof. DADIÉ Djah Célestin (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. TRAORÉ Bruno (Université Félix H. Boigny d’Abidjan)
Prof. TRO Dého Roger (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. MINDIÉ Manhan Pascal (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. KOUAKOU Antoine (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. MASSOUMOU Omer (Université Marien Ngouabi - Brazzaville)
Prof. COULBALY Amara (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. TOSSOU Okro Pascal (Université Abomey-Calavi)
Prof. KABLAN Adiaba Vincent (Université Alassane Ouattara – Bouaké)
Prof. DIENG Alioune (Université Cheikh Anta Diop – Dakar)
Prof. EHOUMAN Réné (Université Alassane Ouattara –Bouaké)
Dr.MC MOUMOUNI-AGBOKE Ayaovi Xolali, (Université de Lomé)

 Comité d’Organisation du colloque

Prof. COULIBALY AMARA (Université Alassane Ouattara)
Prof. MINDIÉ M. Pascal (Université Alassane Ouattara)
Prof. EHOUMAN Réné (Université Alassane Ouattara)
Dr M/C HOUESSOU Dorgelès (Université Alassane Ouattara)
Dr ZOHIN Sylvie (Université Alassane Ouattara)
Dr BAH Adjé Linda Danielle (Université Alassane Ouattara)
Dr AHIOUA Patricia (Université Alassane Ouattara)
Dr YAO Koffi Armand (Université Peleforo Gon COULIBALY)
Dr KONÉ Yacouba (Université Peleforo Gon COULIBALY)
Dr SILUÉ Nagawélé (Université Alassane Ouattara)
Dr ÉHOUSSOU Alain (Université Alassane Ouattara)
Dr MÉCASSON Douadelet Camus (Université Peleforo Gon COULIBALY)
Dr TIÉ BI Irié Alain, (Université Peleforo Gon COULIBALY)
Dr KOBENA Kouakou Léon (Université Alassane Ouattara)
Dr DAO Sory (Université Alassane Ouattara)
Dr EBA Axel Richard (Université Alassane Ouattara)
 

Notes
[1] Lettres et Lois. Le droit au miroir de la littérature, Bruxelles, Presses de l’Université Saint-Louis, 2019.
[2] Séminaire interdisciplinaire d’études juridiques.
[3] Séminaire interdisciplinaire de recherches littéraires.
[4] Christian Biet, « Introduction. Droit et littérature, un lien nécessaire » In Littératures Classiques, n°40. Droit et littérature, 2000, pp.5-22.
[5] Jean-Pierre Bours, « Le thème de la justice dans la littérature populaire » In Lettres et Lois, François Ost (Dir.), Bruxelles, Presses de l’Université de Saint-Louis, 2019, p.399.
[6] René Degni-Segui, Introduction au Droit, Abidjan, EDUCI, 2009, p.41.
[7] Philippe Gérard, « Rationalité du droit et fiction littéraire » In Lettres et Lois, François Ost (Dir.), Bruxelles, Presses de l’Université de Saint-Louis, 2019, p.567.