Archives : Éditos accueil

Nouvelles

Continuité de Du Bouchet

Edito Accueil - Publié le 25 Mars 2024 par Marc Escola

André du Bouchet a recueilli sous le titre L’incohérence des textes ayant fait l’objet de publications en revue, catalogue d’exposition et livre d’artiste. Les plus anciens datent de 1954 et ont été tellement retravaillés qu’ils sont presque méconnaissables. Le volume a été édité pour la première fois par Paul Otchakovsky-Laurens, chez Hachette, en 1979. En 1984, l’ouvrage est entré au catalogue de Fata Morgana. Épuisé depuis de nombreuses années, il fait l’objet, pour le 100e anniversaire de la naissance du poète, d’une réédition chez Gallimard respectant la mise en page d’origine, avec ses espacements typographiques, la multiplication des signes de ponctuation et les annotations dans les marges. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvra...

Sur la carte

Edito Accueil - Publié le 23 Mars 2024 par Marc Escola

La collection Libre cours des Presses Universitaires de Vincennes consacre un volume aux relations entre Cartographie et littérature, signé par Laurence Dahan-Gaida. L’ouvrage interroge l’impulsion cartographique qui nous conduit à dessiner des cartes pour nous orienter dans l’espace et y projeter nos déplacements virtuels. Toute carte est une sorte de diagramme qui modélise l’espace grâce à une présentation spatiale et iconique de ses relations. Or le texte littéraire est aussi un dispositif de modélisation qui exploite les ressources du langage pour faire émerger un temps, un espace, un monde. Plutôt que d’opposer la cartographie des géographes à celle des écrivains, L. Dahan-Gaida propose de les aborder comme des dispositifs cognitif...

Les rêves de Jean Genet

Edito Accueil - Publié le 22 Mars 2024 par Marc Escola

Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n’a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l’éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, Notre-Dame-des-Fleurs, et le long poème Le Condamné à mort. L’attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne Héliogabale, ce drame à l’antique dont un manuscrit a été retrouvé à la Houghton Library. L’existence de cette pièce était attestée, Genet l’ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu’elle soit publiée et créée — avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n’eut lieu et l’écrivain n’y revint plus. Francois Rouget donne che...

Les poètes de métier

Edito Accueil - Publié le 21 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Du menuisier Adam Billaut, dont Dinah Ribard a récemment tracé le portrait, au boucher Joseph Ponthus, du dentiste Marmont au docteur Camuset, du cordonnier Magu à Cochon de Lapparent, nombreux sont les poètes qui ont évoqué leur profession dans leurs vers. Certains en ont fait des ouvrages didactiques, comme les enseignants de géographie, d’histoire ou de grammaire, d’autres de simples moments de plaisir partagé, comme le pharmacien Pascalon. Leurs œuvres sont tantôt ambitieuses, comme celle de l’avocat qui réécrit le Code civil en vers, tantôt émouvantes, comme les poèmes pacifistes d’un ancien officier. Tous ces écrivains, amateurs ou confirmés, ont cependant en commun d’être ceux qu'on pourrait désigner comme des "poe...

Le silence de la mer

Edito Accueil - Publié le 20 Mars 2024 par Marc Escola

Acte de résistance civile sous l'Occupation, la création des Éditions de Minuit par Pierre de Lescure et Jean Bruller a permis notamment la publication clandestine du Silence de la mer signé "Vercors", le pseudonyme de Jean Bruller. Une aventure risquée pour tous ceux qui ont participé à la fabrication et la distribution du livre, imprimeurs, brocheuses, intermédiaires nécessaires à la circulation du livre, dans un pays sous surveillance. Le documentaire Le Silence de la mer, une édition dans la Résistance signé par Nadine Lermite, diffusé sur France 5 le 22 mars, est accessible sur la plateforme France.tv : une "traversée de Paris" qui dresse un tableau peu connu du monde littéraire sous l'Occupation.

La poétique de García Márquez

Edito Accueil - Publié le 19 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Roman inédit de Gabriel García Márquez, Nous nous verrons en août paraît chez Grasset, une dizaine d’années après la disparition en 2014 de l’écrivain colombien, prix Nobel de littérature en 1982. Chaque seize août, Ana Magdalena Bach prend un ferry pour se rendre sur une île des Caraïbes où est enterrée sa mère. Malgré la splendeur d’une lagune peuplée de hérons bleus, elle se contente de déposer un bouquet de glaïeuls sur sa tombe, ne passe qu’une nuit dans le vieil Hotel del Senador et retourne chez elle avec le bac du lendemain. Mais l’été de ses quarante-six ans, ses habitudes sont bouleversées. Le soir du seize août, Ana Magdalena remarque un homme qui finit par lui offrir un verre sur un fond de boléro. Lorsqu’elle se retrouve ave...

Retrouver Éluard

Edito Accueil - Publié le 18 Mars 2024 par Marc Escola

Paul Éluard fait son entrée dans la GF-Flammarion, avec une édition établie et documentée par Olivier Belin de Capitale de la douleur suivi de Les Dessous d'une vie. Fruit de cinq années de production poétique, Capitale de la douleur (1926) est l’un des recueils les plus célèbres de Paul Éluard. S’y trouve retracé le parcours initiatique d’un jeune poète, qui exorcise son désespoir par la recherche d’un verbe pur, simple et enchanteur. La poésie qui en résulte est, pour André Breton, un "miracle", un "secret qui prend les couleurs de l’éternité". Publié la même année, Les Dessous d’une vie ou la Pyramide humaine achève de consacrer le poète comme étendard des avant-gardes littéraires du siècle. Rassemblant poèmes en prose, récits de rêve...

L'Oulipo par la bande

Edito Accueil - Publié le 18 Mars 2024 par Marc Escola

Itération iconique, algorithme de Mathews, zeugmes et acrostiches… Bienvenue dans l’univers aussi rigoureux que décalé, tant mathématique que littéraire de l’Oubapo, l’Ouvroir de bande dessinée potentielle, pendant dessiné de l’illustre Oulipo. Et cette fois-ci, c’est Étienne Lécroart, membre de l’Oulipo et de l’Oubapo, roi de la contrainte à double-sens et virtuose des exercices de style décapants, qui est de retour pour un nouvel o(u)pus. Du comptoir de bar à la plage en passant par le confessionnal, les personnages du dessinateur palabrent avec franchise dans des logo-rallyes alphabétiques ou les mots défilent à toute berzingue. Dans L'Oulipo par la bande (L'Association), es schémas succèdent aux cases tandis que Jacques Roubaud ou Ge...

Nadar résolument moderne

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

"Nadar". Derrière cette marque de fabrique se cachent en réalité plusieurs personnes  : Félix Tournachon (1820-1910), son frère Adrien Tournachon (1825-1903), le fils de Félix, Paul Tournachon (1856-1939), ainsi qu’une armée de collaborateurs anonymes qui, dans les ateliers photographiques, ont mis au point la très grande majorité des quelque 200 000 clichés qui constituent le fonds posthume. L’auteur à visages multiples qu’est "Nadar" aborde les phénomènes complexes que l’on observe durant le Long XIXe siècle dans des domaines aussi variés que les sciences et les expositions universelles, l’aviation et l’agriculture, l’haussmannisation et les hermaphrodites, le tourisme et le cirque – et les traduit en images, qu’il s’agisse de photogra...

Simenon à l'œuvre

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

Concevant l’écriture comme un artisanat, Simenon travaillait selon un rythme régulier et systématique, imposait à l’éditeur la fréquence des parutions, lui interdisait toute correction sur son tapuscrit et participait au choix de la couverture des 103 Maigret, 117 romans durs et 25 textes autobiographiques. L'exposition proposée par Sarah Radicchi et Natalia Granero à la Fondation Jan Michalski du 16 mars au 29 septembre nous offre de retrouver Simemon à travers ses confidences à la presse, des photographies de sa vie de famille et de ses lieux d’écriture, un choix de manuscrits, tapuscrits et premières éditions, ainsi qu’un cycle d’adaptations cinématographiques. Saluons aussi la parution de l'adaptation en bande-dessinée de La neige ét...

Le malheur d'Aymé

Edito Accueil - Publié le 16 Mars 2024 par Marc Escola

Après Les morts vivants : comment les auteurs du passé habitent la littérature présente et Éloge des ratés. Huit portraits de l'auteur francophone en encyclopédiste, Ninon Chavoz fait paraître L'Autre Marcel : le malheur d'Aymé dans la même collection "Fictions pensantes" animée par Franck Salaün aux éditions Hermann. Célébré de son vivant, Marcel Aymé a aujourd’hui mauvaise réputation : devenu persona non grata de la République des lettres, il encourt le risque d’être déclaré illisible. Les raisons de sa disgrâce ne sont pas uniquement politiques : dans notre histoire littéraire, Aymé reste l’autre Marcel, tenant d’une esthétique minoritaire, à condition d'aborder son oeuvre à rebours des idées reçues qu’il contribua lui-même à construi...

Le roman policier africain

Edito Accueil - Publié le 15 Mars 2024 par Marc Escola

Dans Le roman policier africain (Hermann), Jean-Paul Martin vient achever de faire la démonstration que le roman policier peut contribuer à l’analyse des sociétés contemporaines, en se livrant à une étude approfondie de cinquante trois fictions policières africaines, issues de vingt-quatre pays et représentant la plus grande partie du continent. Le contexte dans lequel ces écrivains situent leurs fictions romanesques est en effet celui de l’Afrique contemporaine qui fait face à la trahison des politiques ou à l’affrontement de la tradition et de la modernité… Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage… avec l'aimable autorisation des éditions Hermann.

Sur les lieux de Perec

Edito Accueil - Publié le 14 Mars 2024 par Marc Escola

Fabula avait salué en son temps la parution au Seuil de l’ultime inédit de Georges Perec, Lieux, sous la forme d’un volume de 612 pages (et 1,6 kg), illustré d’archives et de documents photographiques, accompagnée d'un site qui propose la version numérique du texte, en offrant un "parcours numérique augmenté" avec d'oulipiennes possibilités combinatoires, qui eussent enchanté l'auteur de La Vie mode d'emploi, et rappelé alors le documentaire de Robert Bober, En remontant la rue Vilin (1992), désormais en accès libre. Les éditions nantaises L'Œil ébloui inaugurent aujourd'hui la "collection Perec 53" : en référence à 53 jours, le titre du dernier roman inachevé de Georges Perec, la série comptera 53 livres de 53 pages par 53 artistes, do...

Flaubert personnage

Edito Accueil - Publié le 13 Mars 2024 par Marc Escola

Nous sommes au mitan du XIXᵉ siècle. L’homme est encore jeune. Il vit à la campagne avec sa mère et sa nièce. Il vient de rentrer d’Orient. Au cours des quelques années qui suivent, il renoue puis rompt avec Louise. Il perd deux dents, ses cheveux, prend de l’embonpoint et contracte au bordel une infection vénérienne. Il fait une crise d’épilepsie dans une chambre d’hôtel. Il manque de se faire tuer lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Il loue un appartement à Paris. Il se rend au bal Mabille, fréquente le salon de madame Sabatier. Il a pour amis Bouilhet et Du Camp. Il prend pour maîtresses Béatrix, puis Juliet. Il croise Gautier, Leconte de Lisle, Baudelaire, Musset, Lamartine, Janin… Il écrit aussi, surtout, Madame Bovary....

Le Centenaire Droz

Edito Accueil - Publié le 12 Mars 2024 par Marc Escola

Fondée à Paris en 1924 par une jeune femme au caractère bien trempé, Eugénie Droz (1893-1976), l’enseigne aux quatre putti est très vite devenue un gage de qualité pour les travaux universitaires, des "livres d’érudition", selon la formule de sa fondatrice : des livres au savoir sûr, choisis et édités avec exigence. Son héritage a perduré sous la direction éclairée d’Alain Dufour (1928-2017) puis de Max Engammare. Pour célébrer ce (premier) centenaire, la maison genevoise fait paraître aujourd’hui le livre Droz 1924-2024 : préfacé par Antoine Compagnon, il éclaire d’un lustre à plus de cent branches cette page singulière de l’histoire de l’édition. Max Engammare rétablit d’abord quelques vérités dans l’hommage rendu à ses deux prédécesse...

Les jeux olympiques de littérature

Edito Accueil - Publié le 09 Mars 2024 par Marc Escola

Qui sait encore que, de 1912 à 1948, les Jeux Olympiques comprenaient des épreuves d’art et de littérature ? Inspiré par l’Antiquité, Pierre de Coubertin croyait essentiel d’associer écrivains et artistes à sa nouvelle religion du sport. À l’olympiade parisienne de 1924, on recrute pour les lettres des jurés prestigieux  : les diplomates Jean Giraudoux et Paul Claudel, le pirate décadent Gabriele d’Annunzio, le poète Paul Valéry, la romancière Edith Wharton, les prix Nobel Maurice Maeterlinck et Selma Lagerlöf… Parmi les concurrents, on remarque les jeunes Henry de Montherlant et Robert Graves. Dans Les Jeux Olympiques de littérature (Grasset), Louis Chevaillier raconte ce concours et ses médailles, et nous plonge dans l’histoire du spor...

La tentation de l'Occident

Edito Accueil - Publié le 08 Mars 2024 par Marc Escola

Relire La Tentation de l’Occident, près d’un siècle après sa parution en 1926, c’est se confronter à l’éclat d’une écriture vive, qui fait de Malraux l’un des acteurs majeurs des débats sur la présence obsédante de "l’Orient " qui marquent les années vingt et trente. On a peut-être trop souvent réduit cet étrange essai à n’être qu’un avant-texte, en mineur, du roman Les Conquérants, publié en 1930. Les textes réunis par Hélène Baty-Delalande et Dominique Vaugeois dans Relire La Tentation de l'Occident (Hermann) proposent d’en déplier les singularités, en croisant les perspectives  : enjeux idéologiques d’époque, perspective générique, perspective comparatiste, réflexion esthétique, analyses formelles, dans les études critiques contempora...

L'art de faire des bulles

Edito Accueil - Publié le 07 Mars 2024 par Marc Escola

Tous les enfants aiment les bulles de savon, ce jeu qui assume le caractère transitoire de tout ce qui est beau et précieux. Les adultes ne devraient pas qu’en sourire, mais aussi s’en réjouir : elles font réapprendre à aimer ce qui brille sans lendemain. Dans Beautés de l'éphémère. Apologie des bulles de savon (Seuil), Pierre Zaoui propose un petit traité sur la vacuité de l’existence, nourri du regard des artistes qui se sont emparés du motif exprimant tantôt la nullité de toute chose ici bas, tantôt le sceau de l'éternelle souffrance. Loin de la Vanité à laquelle la tradition philosophique et théologique l’a souvent réduit, il voit dans cet objet parfait et éphémère, transparent et iridescent, la possibilité d’une très soutenable légè...

Chateaubriand en Italie

Edito Accueil - Publié le 06 Mars 2024 par Marc Escola

D’une grande liberté formelle, le Voyage en Italie de Chateaubriand que Jean-Marie Roulin réédite dans la collection Folio Classiques, se donne de prime abord comme recueil hétérogène de lettres, composé d’extraits de journal intime, de fragments et de citations rassemblés et publiés bien après le moment du séjour (1827). Pourtant, il trouve son unité en déployant une réflexion esthétique constante, portée par une langue qui s’exerce avec plaisir à une vaste palette stylistique. Les arts, les musées, les vers latins et les paysages, loin de représenter un enjeu purement pittoresque ou académique, sont au contraire le support privilégié de méditations poétiques et sensibles qui préfigurent le chef-d’œuvre que seront...

Paradoxes du comédien

Edito Accueil - Publié le 06 Mars 2024 par Marc Escola

Parfois considérés comme des artisans du mensonge, souvent comme de grands sensibles, les comédiens fascinent. Sur scène comme à l’écran, ils donnent à voir et à éprouver une large palette d’émotions. De nombreux penseurs ont tenté de déchiffrer le rapport qu’ils entretiennent avec leurs émotions afin de définir la méthode du grand acteur. Faut-il jouer avec raison et distanciation, comme le préconisaient Diderot, dans son Paradoxe sur le comédien, puis Brecht ? Ou puiser en soi pour atteindre l'authenticité des sentiments de son personnage, comme le recommandaient Horace ou Stanislavski ? Qui mieux que les comédiens eux-mêmes pour répondre ? Dans Les Paradoxes du comédien. Cinquante regards sur le métier d’acteur (Gallimard), Laurence M...

Le sens de la formule

Edito Accueil - Publié le 05 Mars 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Qu'est-ce donc qu'une formule ? Les neuf contributions réunies par Emilia Hilgert, Georges Kleiber, Silvia Palma sous le titre La notion de formule en linguistique (Lambert-Lucas) apportent à la question une réponse à la fois générale, particulière et historique. Générale en ceci qu’elles établissent toute une palette de conceptions métalinguistiques de la notion de formule en sciences du langage, points de vue multiples conduisant à diverses passerelles entre les unes et les autres, pas toujours compatibles. Particulière parce qu’elles analysent des formats et des marqueurs formulaires spécifiques. Historique enfin, parce qu’elles enquêtent sur l’histoire de la notion et du mot formule lui-même. Rappelons la récente livraison de Fabula-...

Le poème, en temps réel

Edito Accueil - Publié le 05 Mars 2024 par Marc Escola

Dans Temps réel qui paraît dans la collection "Fiction & Cie" des éditions du seuil, qui couvre les vingt-quatre  premières années de notre siècle, Jean-Christophe Bailly fait le pari de "constituer le poème comme une forme entière et autonome, à distance des marges et des formats où il est le plus souvent relégué". Pratiquant bien des formes d’écriture qui ne relèvent pas directement de ce qu’on associe à la poésie : notations, mode didactique ou narratif, journal de bord, chansons, légendes, réflexions sur le temps ou sur le langage, souvenirs, tout contribue à le relancer. L’idée est celle d’une "littérature générale" où le poème rejoindrait et concurrencerait le pari du roman : un poème discontinu, qui fait...

Fictions du collectif

Edito Accueil - Publié le 29 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Rassemblements populaires, mondialisation, réseaux numériques, communautés, pratiques collaboratives, participatives ou solidaires : autant de manières d’habiter le monde contemporain, et de décliner la question du collectif sous le signe de l’interdépendance, du réseau et de la relation. Supervisé par Anne Cousseau, le volume Fictions du collectif dans le récit français contemporain (Hermann) se demande dans quelle place la littérature contemporaine fait à cette sensibilité nouvelle au collectif chez des écrivains aussi divers que Maylis de Kerangal, Laurent Mauvignier, Yannick Haenel, Annie Ernaux, mais aussi François Taillandier, Virginie Despentes, Aurélien Bellanger, Éric Reinhardt, ou encore Pierre Ducrozet ou Charles Robinson. Fab...

Sodome & Gomorrhe III

Edito Accueil - Publié le 28 Février 2024 par Marc Escola

"Non, il ne faut pas donner actuellement un autre titre que Sodome et Gomorrhe III à mes prochains volumes", écrivait Marcel Proust quelques semaines avant sa disparition. Ses éditeurs posthumes allaient en décider autrement. À l'initiative de François Proulx et de l'équipe Proust de l'Item, une journée d'étude qui se tiendra le 8 mars prochain à l'École normale supérieure (Paris) se propose de revenir sur le destin de ce tome fantôme d’À la recherche du temps perdu qui devait regrouper notamment ce que nous connaissons sous le double titre de La Prisonnière et Albertine disparue. On constatera que la biographie d’Alfred Agostinelli permet de compléter, confirmer et renouveler la chronologie de son élaboration. L’étude des problèmes géné...

Mallarmé entre les arts

Edito Accueil - Publié le 26 Février 2024 par Marc Escola

Dans Mallarmé entre les arts (Presses Universitaires de Rennes), Jean-Nicolas Illouz se propose de faire dialoguer Mallarmé avec Édouard Manet, Berthe Morisot, Claude Monet, Jean-François Raffaëlli, Odilon Redon, Edgar Degas, Auguste Renoir, Édouard Vuillard, James MacNeill Whistler, Paul Gauguin ou Debussy, pour mesurer la place – à la fois centrale et invisible – que Mallarmé occupe dans le champ littéraire et artistique qui voit la naissance de l’Art moderne. Pour le poète, le Naturalisme, l’Impressionnisme, le Symbolisme doivent être rapportés à une crise plus générale qui ébranle les fondements mêmes de la représentation, que celle-ci soit esthétique, politique ou religieuse. À l’opposé de l’œuvre d’art totale de Wagner, le Poème se...

Inventaire Jouhandeau

Edito Accueil - Publié le 25 Février 2024 par Marc Escola

Écrivain bourgeois, antisémite et "collabo", sexiste, bêtement réactionnaire, égotiste ad nauseam : Marcel Jouhandeau nous a donné toutes les raisons de ne pas le lire, et même de l'oublier. Mais il nous a laissé aussi une œuvre abondante qui compte de véritables chefs-d'œuvre, grands ou petits. Avec Marcel Jouhandeau. Inventaire (Presses de l'Université de Limoges, François Lagarde offre une manière de dictionnaire, qui résume, analyse et critique tous les livres, soit plus d'une centaine, de ce graphomane de génie. Rappelons la publication en 2021 dans les "Cahiers de la NrF" de la Correspondance (1923-1977) entre Michel Leiris et Marcel Jouhandeau, dans une édition Denis Hollier et Louis Yvert, que Fabula vous propose encore de feuill...

Rabelais cartes sur tables

Edito Accueil - Publié le 24 Février 2024 par Marc Escola

Sous le texte de Rabelais, la carte. Une carte sous-jacente, lacunaire, subsistant par fragments sous toute l’étendue des pages. Une carte ou des cartes en rouleaux, que l’on emporte sur le terrain et que l’on déploie, dans le cas d’un procès entre voisins ou d’un litige sur le bornage d’un champ. Les notaires se déplacent, mesurent, chaînes d’arpenteur étirées sur le sol. Cartes et plans que Rabelais met en oeuvre, à chaque étape de sa geste romanesque, du Pantagruel au Cinquième Livre. Frank Lestringant nous invite à lire Rabelais cartes sur table (Les Belles Lettres). Fabula donne à lire lire un extrait de l'ouvrage…

Annie Ernaux et la photographie

Edito Accueil - Publié le 24 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Accueillie par la Maison Européenne de la Photographie à Paris du 28 février au 26 mai prochains, l'exposition Extérieurs — Annie Ernaux et la Photographie associe des textes tirés du livre d’Annie Ernaux Journal du dehors, 1993 – une retranscription de scènes de vie quotidienne dans les rues, les trains, les magasins entre Cergy-Pontoise et Paris de 1985 et 1992 – à des œuvres de la collection de la MEP. La sélection de 150 tirages réalisés par 29 photographes parmi lesquel·les Harry Callahan, Claude Dityvon, Dolorès Marat, Daido Moriyama, Janine Niepce, Issei Suda, Henry Wessel et Bernard Pierre Wolff, couvre la période de 1940 à 2010. L'exposition est le fruit d'une résidence menée par la commissaire et écrivaine Lou Stoppard en mai 2...

Portraits de pays

Edito Accueil - Publié le 22 Février 2024 par Marc Escola

Longtemps absent des nomenclatures génériques, le portrait de pays peut être considéré comme un genre à part entière, qui se donne pour finalité non pas de proposer le récit d'un voyage ou de fournir des indications pratiques comme celles que l'on trouve dans les guides, mais bien plutôt de décrire des contrées : pays, régions ou villes. L'une de ses déclinaisons conjugue texte et photographies, depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Sous le titre "Portraits phototextuels de pays (XIXe-XXIe siècle). Généalogie et mutations d’un genre polymorphe", le numéro en libre accès de Mémoires du livre/Studies in book Culture supervisé par David Martens au lendemain d'un colloque de Cerisy examine la généalogie et certaines des principales évolut...

Avec qui aller au lit (au Moyen Âge)

Edito Accueil - Publié le 21 Février 2024 par Marc Escola

Au Moyen Âge, le lit est un extraordinaire lieu de vie. On le trouve non seulement dans la traditionnelle chambre à coucher de tout un chacun, mais aussi dans quantité de lieux différents, prêt à accueillir des hommes et des femmes désireux de s’y reposer et de donner libre cours à leurs pensées et à leurs émotions. Symbole de reconnaissance sociale, refuge contre le froid et les vicissitudes de la nuit, le lit médiéval est la pièce maîtresse où l’on reçoit et s’entretient avec ses hôtes, où l’on prend ses repas, joue aux échecs ou tient des rendez-vous galants… Sous le titre Au lit, au Moyen Âge, comment et avec qui qui paraît aux Belles Lettres, Chiara Frugoni raconte cette histoire dans un album agrémenté d’illustrations somptueuses. ...

La manie épistolaire de Cioran

Edito Accueil - Publié le 20 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

"La lettre, conversation avec un absent, représente un événement majeur de la solitude. Cherchez la vérité sur un auteur plutôt dans sa correspondance que dans son œuvre. L’œuvre est le plus souvent un masque", soutenait Cioran dont Gallimard révélèle la Manie épistolaire avec un recueil de Lettres choisies,1930-1991 éditées par Nicolas Cavaillès : cent soixante lettres sélectionnées parmi plusieurs milliers dans les archives personnelles de l'auteur, pour la plupart inédites, adressées à sa famille et à ses amis, en Roumanie puis en France, à ses pairs et à ses lecteurs. On y croise notamment Aurel, son petit frère séminariste, Mircea Eliade, Carl Schmitt, Jean Paulhan, François Mauriac, María Zambrano, Samuel Beckett, Armel Guerne, Rol...

Les questions d'Eugène Ionesco

Edito Accueil - Publié le 19 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

En donnant corps au théâtre de l’absurde, aux côtés de Samuel Beckett, Eugène Ionesco (1909-1994) a bouleversé à jamais les fondements et les codes du théâtre européen. Défenseur d’un art irréaliste prenant à contre-pied la tradition, il prône la dérision, l’action minimaliste, la répétition incessante qui fait perdre au temps tout son sens, l’impossible communication et ses conséquences (quiproquos, non-sens). La présence discrète du dramaturge s’impose avec l’invention de Bérenger, double assumé et récurrent, qui donne à voir non seulement toutes les angoisses, la peur de la mort, les questions métaphysiques qui assaillent le dramaturge, mais aussi son engagement à dénoncer les totalitarismes et leur rapide propagation, la monstruosité...

De te, de nobis, de vobis, de eis narratur

Edito Accueil - Publié le 15 Février 2024 par Université de Lausanne

Nous avons longtemps vécu sur l’idée qu’il n’y avait que deux grands types de narration : à la première personne, à la troisième personne. Or, parmi les formes dont l’émergence a marqué le tournant des XXe et XXIe siècles, il y a le récit de fiction dont le protagoniste est désigné par tu ou par vous. Daniel Seixas Oliveira lui consacre aujourd’hui une première synthèse, avec un titre qui nous fait un clin d’œil : De te fabula narratur. Essai sur le récit à la deuxième personne. Mais voici bien longtemps que les derniers mots de la célèbre citation d’Horace ("Quid rides ? mutato nomine, de te fabula narratur" : "Pourquoi ris-tu ? Tu n’as qu’à changer le nom et ce sera ton histoire") ont été adaptés à la quatrième personne, et c’est l’occ...

Transitions. Une aventure critique

Edito Accueil - Publié le 14 Février 2024 par Marc Escola

Depuis 2011, le collectif Transitions s’attache à penser la littérature autrement, et à penser autrement depuis la littérature. Pour ses membres, la littérature est l’emblème d’un commun entretenu aussi bien par la lecture ordinaire que par l’exégèse savante, l’enseignement ou la création. Le rapport aux œuvres, toujours "transitionnel" au sens de Donald Winnicott, y gagne une capacité à susciter des expériences inédites, des plaisirs neufs, et à interroger les conditions de partage et de transmission de la littérature. L’essai bref et l’exégèse rigoureuse côtoient la méditation intime ou la fiction. Sous le titre Transitions. Une aventure critique (2011-2022), un volume supervisé par Jérôme David et Hélène Merlin-Kajman pour la collecti...

Comment préparer un livre-molotov ?

Edito Accueil - Publié le 12 Février 2024 par Marc Escola

"La littérature peut ne pas être consensuelle". Tel est le point de départ de Mačko Dràgàn dans son Abrégé de littérature-molotov (éd. Terre de feu), qui se propose rien moins que de "(ré)inscrire la littérature dans le champ de la culture pop subversive pour donner à voir la multiplicité des possibles désirables". La littérature peut donc prendre la forme d’une claque ou d’un cocktail Molotov: "elle l’a fait, le fait encore, le fera tant qu’il y aura des tarés, des marginales, des inadaptés, des invisibles pour nous conter des histoires, jusqu’au dernier feu de camp des derniers humains qui auront survécu à la toute fin de la fin du monde. Au cœur d’un capitalisme qui broie les voix dissonantes et uniformise tout produit culturel, y a-t...

Entrer à Lhassa

Edito Accueil - Publié le 11 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

À l’occasion du centenaire de l’entrée d’Alexandra David-Neel (1868-1969) dans Lhassa, la collection Terre Humaine fondée par Jean Malaurie récemment disparu publie le texte présenté comme "original et inédit" de son stupéfiant voyage au cœur du Tibet interdit. Première femme occidentale à entrer dans la ville sainte bouddhiste jusqu’alors interdite aux étrangers, l’exploratrice raconte dans Souvenirs d'une Parisienne au Tibet périls et péripéties rencontrés en chemin et livre un portrait unique de la capitale tibétaine telle qu’elle et le « lama » Yongden l’ont alors découverte. Fabula vous invite à découvrir la Préface de Philippe Charlier. Rappelons la publication en 2018 du premier roman d'Alexandra David-Neel :  Le Grand Art dans un...

Rentrer dans La Cage

Edito Accueil - Publié le 08 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Publié pour la première fois en 1975, bien avant que l’on ne commence à parler de “roman graphique”, La Cage est aujourd’hui considéré comme un classique, cité dans la plupart des ouvrages sur la bande dessinée : en 180 pages que ne traverse aucun personnage, Martin Vaughn-James bâtit un univers obsessionnel d’une rare puissance à partir de l’incessante transformation de quelques lieux et quelques objets : chambres peu à peu envahies par le sable, murs qui se lézardent à vue d’œil, larges taches d’huile, d’encre ou de sang, végétation proliférante qui recouvre des ruines, tableaux et cadres amoncelés dessinant le plus aberrant des musées… Mais derrière la folie baroque de ce monde décomposé, se dissimule un dispositif d’une implacable ri...

Un homme sans œuvre ?

Edito Accueil - Publié le 07 Février 2024 par Marc Escola

Ultime porte-voix d’un humanisme européen polyglotte autant qu’intensément cosmopolite, Charles Du Bos (1882-1939) a produit une "œuvre", très partiellement publiée, qui prend le parti de la mémoire longue et sans tapages de la transmission contre tout présentisme et tout formalisme. Une éthique de la responsabilité en acte l’emporte chez lui sur les jeux de l’esthétique pure. Dans Charles Du Bos, un homme sans œuvre ? (Champion), Louis Pailloux s’efforce de déterminer, d’une part, ce qu’a été "l’œuvre" dubosienne dans sa totalité problématique et, d’autre part, quel homme aura été ce Charles Du Bos, aussi profond que difficile et méconnu, qui attend posthumément (c’était là un pari dubosien) que nous lui conférions une véritable existen...

Dans les couloirs du Louvre

Edito Accueil - Publié le 06 Février 2024 par Marc Escola

Le Louvre, avant d’être musée, fut atelier d’artistes. Il demeure aujourd’hui encore leur résidence. Pendant plusieurs mois, Hans Ulrich Obrist cheminé au travers des collections avec de grandes figures de la création actuelle. Celles-ci évoquent les œuvres qui les ont marquées, les espaces qui, encore maintenant, les saisissent d’admiration. Ses déambulations se trouvent aujourd'hui réunies dans Les Conversations du Louvre (Seuil). L'initiative n'était pas sans exemple : en 1971, Pierre Schneider s'était rendu au Louvre avec une douzaine d'artistes de son temps pour des Dialogues du Louvre, d’abord édité aux à New York, parut l’année suivante en français aux éditions Denoël. En 1991, l’auteur en acceptait la réédition chez Adam Biro, sa...

Des éconarrations

Edito Accueil - Publié le 05 Février 2024 par Marc Escola

Dans Éconarration, qui paraît le 16 février aux éditions bordelaises Le Bord de l'eau, Angela Biancofiore et Clément Barniaudy reviennent sur l'expérience Des ateliers d’écriture pour transformer notre relation au vivant, fondée sur l'éthique du care : "alors que le feu des histoires engageant l’entièreté de l’être demande aujourd’hui à être alimenté aussi bien dans les établissements scolaires et universitaires (l’école, les collèges et lycée, l’université) que dans d’autres lieux (l’hôpital, les EPHAD, les entreprises, les associations, les espaces publics de la cité, entre autres), cet ouvrage entend inspirer et accompagner les enseignants et formateurs pour faire jaillir l’écriture éconarrative". Une pratique qui confirme que les émo...

Libertins & queer

Edito Accueil - Publié le 05 Février 2024 par Marc Escola

Dans un grand nombre d’écrits du XVIIIe siècle, la question de la liberté sexuelle est évoquée de façon explicite ou implicite. Les échantillons réunis par Franck Salaün dans Libertés sexuelles au XVIIIe siècle (Rivages), tirés principalement de fictions et d’écrits personnels, de Crébillon à Sade en passant par Gervaise de Latouche (l’auteur du célèbre Dom Bougre, portier des chartreux), Louise d’Épinay et Jeanne Marie Roland, permettent de mesurer la distance qui sépare la reconnaissance d’un droit au plaisir et à l’intimité de la violence parée des atours de la séduction. Fabula donne à lire la Préface de Franck Salaün et les premiers pages… Dans la même "Petite Bibliothèque" des éditions RIvages, Sylvie Robic a réuni les Contes de fé...

Le langage de la vie

Edito Accueil - Publié le 02 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

L'œuvre de Loránd Gáspár n'a cessé de circuler du domaine médical au domaine littéraire. Dès 1960, il a tenu des cahiers de notes, contenant ses réflexions, griffonnées sur papier, parfois sur une ordonnance entre deux patients, formant tour à tour des observations sur la médecine, la douleur ou encore la poésie. Resté inédit à la mort du poète, l'essai Feuilles d’hôpital que publient aujourd'hui les éditions genevoises Héros Limite est sans doute l’exemple le plus représentatif de ce dialogue entre les disciplines. Commencé dans les années 1970 et en continuel chantier depuis lors, cet ouvrage affirme et revendique son caractère composite, mêlant le style poétique et l’essai, la réflexion philosophique et le développement scientifique, ...

Réparation de Charles Juliet

Edito Accueil - Publié le 01 Février 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Pendant vingt ans, Charles Juliet a traversé une crise existentielle profonde : "Dans les nombreuses causes qui l’ont provoquée, écrit-il, je ne saurais démêler ce qui revenait à la fracture survenue dans ma petite enfance et ce qui pouvait être imputé soit aux années où je fus enfant de troupe, soit aux multiples problèmes que me posaient mon aventure et mon travail d’écrivain, soit encore à ce besoin que j’avais eu de me détruire pour me reconstruire en fonction de certaines exigences." Dans La Fracture et autres textes qui paraît ces jours-ci aux éditions POL se trouvent réunis cinq textes qui évoquent la lente maturation qui a conduit à un choix d’existence. Avec Le Déclic, Charles Juliet propose une nouvelle sur "l’enrichissement de...

Répondre. Du secret

Edito Accueil - Publié le 01 Février 2024 par Marc Escola

"Le secret, dit-on, c’est ce qui ne se dit pas" : c’est sur cette phrase que s’ouvre le séminaire Répondre – du secret, le tout premier de la série "Questions de responsabilité" que Jacques Derrida donnera à l'EHESS de 1991 à 2003. Ce cycle de recherches portant sur les enjeux actuels du concept de responsabilité (philosophique, littéraire, éthique, juridique, psychanalytique, politique) privilégie d’entrée de jeu le thème du secret puis celui du témoignage, qui sera déployé de 1992 à 1995. Qu’est-ce qu’un secret et comment se lie-t-il à un appel à la responsabilité ? Dans Répondre – du secret que publient aujourd'hui les éditions du Seuil Derrida examine d’abord la sémantique du secret à travers divers registres (scientifique, technique...

La plaintive élégie (Façon de lyre)

Edito Accueil - Publié le 31 Janvier 2024 par Marc Escola

"Je hais ces vains auteurs dont la muse forcée / M’entretient de ses feux, toujours froide et glacée ; / Qui s’affligent par art, et, fous de sens rassis, / S’érigent pour rimer en amoureux transis." Boileau (Art poétique, II) se désolait déjà que l'on n'entende plus l'art de la plaintive élégie. On pourra revenir à ses classiques en parcourant le Commentaire sur l'élégie de Tarquinio Galluzzi (1621), que rééditent courageusement les éditions des Belles Lettres dans un texte établi par Émilie-Jade Poliquin. Ce commentaire constitue selon toute vraisemblance le premier traité théorique d’importance consacré au genre élégiaque, qui a exercé une profonde influence sur les premiers traités français consacrés au même objet, qu’il s’agisse du ...

Törless revient en classe

Edito Accueil - Publié le 30 Janvier 2024 par Marc Escola

Le premier livre publié par Robert Musil en 1906, et son seul véritable succès, paraît aux éditions rennaises La Barque dans une nouvelle traduction de Dominique Tassel et sous un titre inédit : Les Égarements de l’élève Törless, soixante-trois ans après la version qu’en donna Philippe Jaccottet en 1960. On y retrouvera la sensibilité d'un adolescent mise à l’épreuve, au sein de l’Institut, une école privée de la fin de la monarchie en Autriche-Hongrie, par deux de ses congénères, que Musil qualifiera plus tard de "dictateurs in nucleo", dont l’ambition jette son dévolu sur une victime : Basini, auteur d’un vol, auquel ils feront subir notamment des sévices sexuels. Törless, quant à lui, ne s’identifiera jamais ni à cette ambition ni aux...

Murs d'images

Edito Accueil - Publié le 29 Janvier 2024 par Marc Escola

Depuis le 2 février et jusqu'au 19 mai 2024, une exposition préparée par Anne Reverseau et Jessica Desclaux nous invite depuis Louvain-la-Neuve à entrer dans l'univers visuel de grands noms de la littérature en explorant les murs d'images qui ont nourri leur imagination et inspiré leur création : tableaux et photographies soigneusement accrochés, cartes postales punaisées dans du liège ou plus récemment images numériques "épinglées" sur un mur virtuel… Réalisée dans le cadre du programme de recherche "HANDLING : Writers Handling Pictures. A Material Intermediality (1880-today)", financé par le Conseil Européen de la Recherche, cette exposition repose sur le travail collectif du livre d'Anne Reverseau, Jessica Desclaux, Marcela Scibiorska...

George Sand, dans le temps et dans l'espace

Edito Accueil - Publié le 28 Janvier 2024 par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Olivier Bara réédite dans la GF-Flammarion Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1857) de George Sand, qui nous transporte dans le Berry des années 1620. Tandis que la province est traversée par les derniers soubresauts des guerres de Religion, le vieux marquis de Bois-Doré, ancien compagnon d’armes du "bon roi" Henri IV, tente de vivre comme dans un roman pastoral : il se rêve en nouveau héros de L’ Astrée. Mais la grande histoire s’insinue bientôt dans son monde enchanté, sous le visage d’un Espagnol fanatique, d’une Morisque convertie de force et fuyant son pays, d’un disciple de Giordano Bruno torturé et exilé, d’une petite bohémienne exhibée comme diseuse de bonne aventure et d’un orphelin à la recherche du meurtrier de son père… La fic...

Quand la littérature rencontre les sciences sociales

Edito Accueil - Publié le 27 Janvier 2024 par Marc Escola

Sous le titre Le Troisième Continent, sous-titré ou la littérature du réel, le nouvel essai d'Ivan Jablonka invite à penser comme Le Troisième Continent de la littérature l'immense ensemble des écrits du réel qui ne relèvent ni la fiction romanesque ni la recherche savante : récits, témoignages, biographies, reportages, journaux intimes viennent former, depuis la fin du XIXe s. déjà, "une autre littérature, animée par la volonté de comprendre. Ils sont nourris et structurés par les sciences sociales, qui ont aussi un potentiel littéraire. Car la recherche – dès lors qu’elle analyse son point de vue, dit je et ose écrire – est une recherche sur ses propres formes". Quand la littérature rencontre les sciences sociales, c’est un troisième c...

Au bout de la langue

Edito Accueil - Publié le 26 Janvier 2024 par Marc Escola

Dans Au bout de la langue, qui paraît ces jours-ci aux éditions Nous, Martin Rueff rappelle qu'en français, le mot "langue" indique à la fois l’organe logé au creux de la bouche et la faculté de parole, et fait le pari que le rapport de l’un à l’autre n’a rien d’accidentel : "tout comme la langue est le seul organe qui puisse sortir du corps, la langue que nous parlons est à la fois dedans et dehors. Une philosophie de l’expression se déduit de cette interrogation, ainsi qu’une poétique. Elles ne sont pas sans relation avec ce qui permet la liberté d’expression". Le poète et philosophe affronte ces questions sans jamais quitter la langue des yeux. La quête croise "Aristote, des philosophes, des linguistes, des romanciers et des poètes, m...

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