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"Traces de sacré" dans l'oeuvre d'Henry Bauchau (Cergy-Pontoise)

Publié le par Olivier Belin (Source : Anne-Claire Bello)

« Traces de sacré » dans l’œuvre d’Henry Bauchau 

(Université de Cergy-Pontoise, 5 et 6 octobre 2018)

 

Dans Le Présent d’incertitude, Henry Bauchau rapporte une parole d’Aaron Appelfeld selon laquelle « “la littérature, si elle est littérature de vérité, est la musique religieuse que nous avons perdue” ». Relue à la lumière de ce propos, l’œuvre d’Henry Bauchau semble s’inscrire dans le « désenchantement du monde » analysé par Marcel Gauchet (Gallimard, 1985) pour qui « l’originalité radicale de l’Occident moderne tient toute à la réincorporation au cœur du lien et de l’activité des hommes de l’élément sacral qui les a toujours modelés du dehors ». Bauchau lui-même, dans une première partie de sa vie, a pu incarner l’homo religiosus voué à prendre pied dans la cité pour mieux perpétuer l’Infini originel (Voir Geneviève Duchenne, Vincent Dujardin et Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau dans la tourmente du XXe siècle. Configurations historiques et imaginaires, Bruxelles, Le Cri, 2008) ; et son écriture elle-même est traversée d’actes et de rituels qui font revivre une résonance religieuse (Voir par exemple Pierre Halen, Raymond Michel et Monique Michel (dir.), Henry Bauchau, une poétique de l’espérance. Actes du colloque international de Metz (6-8 novembre 2002), Paris, Peter Lang, « Recherches en littérature et spiritualité », 2004).

Néanmoins, au-delà de la religion marquée par un contenu dogmatique arrêté, il semble que perdure dans les textes de Bauchau le sentiment d’une sacralité ancrée à la fois dans la strate subjective de l’expérience personnelle – il s’agirait d’« avoir en soi un sacré », comme l’écrivait René Char – et dans le dialogue, explicite ou non, de l’écrivain avec des références spirituelles privilégiées – l’affleurement du sacré correspondant alors à un certain travail de l’intertexte. Dès lors, le sacré – « présence de l’absence », « manifestation sensible et tangible de ce qui normalement est dérobé aux sens et soustrait à l’humaine saisie » (M. Gauchet) – s’exprime, dans le sillage de la philosophie de Levinas, sous forme de traces et non plus de preuves. Le colloque consacré à Henry Bauchau en 2018 cherchera à déceler dans son œuvre de telles « traces de sacré », pour reprendre le titre de l’exposition organisée au Centre Pompidou en 2008. Cette nouvelle rencontre mettra l’accent sur les intertextes (bibliques, mystiques, relevant de la spiritualité occidentale aussi bien qu’orientale) qui lui ont permis une recomposition de son imaginaire religieux, et sur les retranscriptions artistiques qui creusent l’interrogation du sacré au sein du monde moderne.

Comment l’œuvre de Bauchau trace-t-elle la voie/x d’un réenchantement du monde en réintroduisant une part de mystère au cœur du quotidien, en envisageant le sacré, telle la « survivance des lucioles », dans ses incertitudes et sa fragilité bouleversante ? Dans quelle mesure et par quelles lectures son œuvre s’inscrit-elle dans le « tournant théologique de la phénoménologie » (selon le titre de Dominique Janicaud paru en 1991 aux Éditions de l'Éclat) qui envisage, dans le sillage de Levinas, la proximité fracturante de l’invisible au cœur du visible ? Comment l’évolution sociale de l’expérience d’une transcendance extérieure, source de croyance religieuse, vers l’expérience intime de l’indifférencié comme appréhension du réel, se traduit-elle dans son œuvre par l’inscription, entre autres, des spiritualités orientales du vide et du rien ? Et comment l’expérience esthétique se substitue-t-elle chez lui à l’expérience religieuse, en révélant une profondeur imaginaire qui devient l’objet d’une quête artistique, dotée de sa fin en elle-même et ne renvoyant qu’à elle-même ? Tels seront les horizons herméneutiques dans lesquels les participants sont invités à s’inscrire.

 

 

Les propositions (titre et résumé entre 300 et 500 mots), accompagnées d’une notice biobibliographique, sont attendues pour le samedi 30 septembre 2017 et doivent être transmises à Olivier Belin (olivier.belin@u-cergy.fr) et Anne-Claire Bello (anne-claire.bello@orange.fr).

 

    Les actes du colloque paraîtront dans la Revue internationale Henry Bauchau. L’écriture à l’écoute n°10/ 2019.