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Territoires de la non-fiction

Territoires de la non-fiction

Publié le par Alexandre Gefen

Territoires de la non-fiction

Université Paris 3, 7-8 décembre 2017

Coordinateurs : Philippe Daros, Alexandre Gefen, Alexandre Prstojevic

Si les siècles qui le précédaient avaient vu le couronnement du roman, la littérature du XXIe siècle débute avec le triomphe du document : écritures de voyage, d’investigation, enquêtes judiciaires ou ethnologiques, autobiographies, factographies, factions, rapports et enregistrements littéraires, et autres formes de récits refusant de se dire romans occupent nos librairies. Et à en juger par exemple par le renouvellement continu du genre de la non fiction novel anglo-saxonne, le phénomène dépasse largement le cadre français : de Charles Reznikoff à Joan Didion aux USA, de Roberto Saviano à Daniele Del Giudice en Italie, etc.

Or ces textes ne se contentent pas de déjouer les critères des classements des bibliothèques et d’intriguer les théoriciens du récit, ils modifient profondément les catégories du littéraire et imposent leur poétique propre. Exhibant l’auteur, se passant de narrateur, de Jean-Paul Kauffmann à Jean Hatzfeld, d’Annie Ernaux à Emmanuel Carrère en passant par Stéphane Chauvier, des Incultes au néo-journalisme littéraire, la non-fiction prend au dépourvu les catégories d’analyse conventionnelles, brouille les genres du discours comme les distinctions disciplinaires opposant l’écrivain au géographe, au journaliste, à l’historien, au témoin, à l’écrivant. Défiant la narratologie (G. Genette faisait au demeurant remarquer il y a près de vingt ans que nous ne disposions pas de terme qui soit l’opposé de fiction), la non-fiction étonne l’histoire littéraire, car si certains textes pratiquent des jeux postmodernes avec la référence, d’autres manifestent une étrange indifférence aux frontières de la fiction tout en recourant massivement à l’imaginaire. A l’opposé du roman sur rien de toute une tradition littéraire, le sujet et le dispositif y sont tout : les genres et l’ontologie même de la représentation littéraire se dissolvent alors que s’inventent sous nos yeux une toute nouvelle littérature d'information, de témoignage, d’inventaire ou de documentation qui réinvente sa forme avec son objet et cherche à dire après la poétique humaniste et sa déconstruction le rapport fragile que nos formes de vies, dans leur possible banalité et naturalité, ont avec le monde.

C’est dire si l’heure est à inventorier et à comprendre les territoires de la non-fiction, non genre capital de notre contemporain.

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Les propositions de communication (20-30 lignes accompagnées d'une courte notice bio-bibliographique) sont à envoyer à : gefen@fabula.org, philippe.daros@wanadoo.fr, alexandre.prstojevic@gmail.com avant le 15 juin 2017.