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Roman et témoignage dans l’espace francophone

Roman et témoignage dans l’espace francophone

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean Claude Abada Medjo)

 

Argumentaire

Si le témoignage est communément appréhendé comme l’action de témoigner, une déclaration faite par une personne de ce qu’elle a vu, entendu ou vécu, il est aussi un rapport d’une ou de plusieurs personnes sur un fait, un événement, soit de vive voix, soit par écrit, soit même par des traces visibles ou lisibles. À la lumière de cette étroite balise définitoire, une évidence, souvent négligée, se dégage : dans l’espace francophone, la parole scripturale, notamment la prose romanesque, se caractérise singulièrement par une forte propension à rendre compte des déchirures, des tragédies et des ruptures qu’ont connues, et qui travaillent encore, les sociétés, les communautés aux prises avec une altérité occidentale conquérante, impérialiste.

Quand, comment et pourquoi le témoignage devient-il matière romanesque ? Le témoignage a donné lieu à une abondante littérature. Dans le roman francophone, il existe quelques repères historiques où les écrivains marchent sur les traces de plusieurs et différents événements heureux ou malheureux. Ces écrivains mettent à la disposition du public des milliers de témoignages, de souvenirs, de correspondances, de lettres parfois sous forme de procès-verbaux qui ont une valeur historique, documentaire ou anthropologique.

Profitant de l’occasion, des hommes de lettres, et notamment des romanciers, ont tenu absolument à témoigner pour soit pour affirmer une identité niée, soit pour évacuer l’horreur, soit pour exorciser l’intolérance, soit surtout pour dire l’indicible. La plupart des romanciers qui écrivent sur les événements dont ils ont été témoins ont produit leur texte pendant ou juste après l’événement. Tantôt la structure spatio-temporelle est floue ; tantôt la structure temporelle du journal ou du carnet de vie est respectée et conserve l’authenticité de l’expérience vécue ; tantôt l’armature du récit est fragmentaire pour mimer la fragmentation même du réel. Les descriptions se veulent donc réalistes, à visée didactique et argumentative. Ces romans dans leur ensemble construisent un discours sur le fait vécu et instruisent sur le réel. Il s’agit en quelque sorte de dire l’histoire des hommes à travers les récits des romanciers qui ont bien voulu témoigner. Les grands témoignages sont souvent plus ou moins romancés, d’autres témoins célèbres donnent une vision des événements plus personnelle ou, si l’on veut, plus romanesque. En francophonie, il n’est pas rare que le témoignage fonctionne comme un ressort romanesque privilégié.

L’ouvrage se propose d’interroger le glissement du témoignage vers la fiction en prenant comme point de départ l’exemple des romanciers. L’accent sera mis tout particulièrement sur les romanciers francophones, témoins des événements historiques dans des espaces ou territoires ayant connu, ou connaissant, des réalités atroces, des déchirures dont les traces visibles ont impacté, et impactent encore durablement le vécu des hommes, des enfants et des femmes. Les études monographiques sont acceptées, autant que les approches théoriques et comparées sont encouragées, pour autant qu’elles permettent de poser à nouveaux frais la question de l’inscription testimoniale du texte romanesque francophone.

Sans exclusive, les pistes suivantes pourront être explorées :

  • Récit romanesque et (re)construction(s) mémorielle(s) ;
  • Le roman face à l’histoire ;
  • Figures et figurations romanesques du témoin ;
  • Témoignage romanesque, éthique et vérité ;
  • Témoignage romanesque et révisionnisme ;
  • Jeux narratifs et stratégies identitaires du témoignage ;
  • Ecriture romanesque entre devoir et travail de mémoire ;
  • Savoirs testimoniaux et discours de la mémoire ;
  • Le témoignage entre effet de réel et effet de fiction, etc.

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Les propositions de contribution en français, d’une longueur de 400 mots au plus, suivis d’une brève note biobibliographique, seront à adresser au plus tard le 27 avril 2019 aux responsables du comité de coordination, aux adresses suivantes : abarise2002@yahoo.fr et jccarka@yahoo.fr.

Le Comité de coordination répondra aux contributeurs le 30 avril 2019, et les articles retenus seront attendus le 30 juillet 2019. La publication de l’ouvrage est prévue pour le mois de novembre 2019.

Comité de coordination : Jean Claude Abada Medjo et Joseph Abah Atangana

Comité scientifique :

Pr Abdeltif Makan (Université Sultan Moulay Slimane, Maroc)

Pr Jean Claude Abada Medjo (ENS-Université de Maroua, Cameroun)

Pr Richard Suzanne (Canada)

Pr Richard-Laurent Omgba (Université de Yaoundé I)

Pr Dassi (Université de Yaoundé I)

Pr Alphonse Tonye (Université de Yaoundé I)

Pr Ndzié Ambena (ENS-Université de Yaoundé I)

Pr Raymond Mbassi Ateba (ENS-Université de Maroua)

Pr Flora Amabiamina (Université de Douala)

Pr Jacques Evouna (ENS-Université de Maroua)

Pr Christophe Désiré Atangana Kouna (Université de Yaoundé I)

Pr Gérard-Marie Messina (Université de Yaoundé I)

Pr Chantal Bonono (ENS-Université de Yaoundé I)

Pr Pierre Martial Abessolo (University of Buea)