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« Poésies performatives : théorie et pratiques. Perspectives comparatistes »- appel à chercheur-e-s et artistes

« Poésies performatives : théorie et pratiques. Perspectives comparatistes »- appel à chercheur-e-s et artistes

Publié le par Université de Lausanne (Source : Pénélope Patrix)

Poésies performatives : théories et pratiques. Perspectives comparatistes
Colloque international & atelier pratique, 29-31octobre 2018

Centre d’Études Comparatistes, Faculté de Lettres de l’Université de Lisbonne

APPEL À CHERCHEUR-E-S ET ARTISTES

La performance a toujours été liée à la poésie, des traditions de poésie orale et de déclamation aux expériences avant-gardistes d’innovation poétique et aux pratiques de conférence-performance. Pourtant, la création poétique, à partir de la Modernité, a été associée avant tout à la lecture individualisée et à la fixation du texte sur la page, reléguant au second plan d’autres formes de production poético-performative, incarnées, qui recourent à d’autres supports de production et de réception, comme les formes expérimentales, conceptuelles, scéniques, improvisées, qui prennent leur pleine signification in situ.

On assiste toutefois actuellement à un renouvellement des pratiques poétiques vives, qui occupent l’espace public, avec le succès international du slam, des open mics, des sessions de déclamation, de la chanson ou encore des festivals de poésie, accompagnés plus généralement d’une revalorisation de l’oralité et du rôle central des “poésies hors du livre” dans la littérature contemporaine. Si ces manifestations correspondent souvent à des circuits alternatifs, et à une volonté de défendre des formes collectives, populaires, participatives, l’on constate en même temps la multiplication des évènements et des espaces institutionnels dédiés à la poésie en performance. Simultanément, les nouvelles technologies, les médias de masse et le numérique ont eu un impact important sur la création et la diffusion de la poésie, menant par exemple à l’apparition de la poésie digitale. La dilution des frontières entre disciplines artistiques a encouragé des pratiques multimédia, qui articulent la parole avec le son, l’image, la danse, l’installation, etc., situées dans une zone intermédiale, parfois difficiles à définir.

Parallèlement, ont surgi ces dernières années un ensemble de travaux novateurs consacrés aux relations entre poésie et performance, en réponse à cette vitalité artistique, mais aussi aux nouveaux outils théoriques apportés par les études sur l’intermédialité. Au Portugal, on peut souligner les recherches récentes sur la poésie expérimentale portugaise des années 1970-80, issues du projet PO-EX (https://po-ex.net), notamment les publications de Rui Torres et Manuel Portela sur la poésie concrète, visuelle et sonore, ou la thèse de Sandra das Candeias Guerreiro Dias sur la “performance poétique expérimentale” au Portugal (2016). Concernant la France, Olivier Penot-Lacassagne et Gaëlle Theval viennent de publier un ouvrage collectif sur la “poésie-performance” française (2018) ; Stéphane Hirschi, Alain Vaillant et d’autres un ensemble d’essais sur la vocation sociale et musicale de la poésie (2017) ; dans la continuité de la thèse pionnière de Céline Pardo sur la “poésie hors du livre” (2014). Ces études viennent renforcer un champ de la littérature jusque-là négligé par la critique, sauf quelques travaux phares comme ceux de Paul Zumthor et Ruth Finnegan sur la “poésie orale”, de Charles Bernstein sur le performed word, ou de Jean-Pierre Bobillot avec la “médiopoétique”.

Ces travaux restent cependant centrés sur des périodes historiques et des aires culturelles bien précises, et l’on trouve peu d’approches comparatistes de ces poésies, à l’exception de quelques publications  transnationales comme celles de Cornelia Gräbner et Arturo Casas sur la performance poetry dans plusieurs pays (2012), de Claude Calame, Florence Dupont, Maria Manca et Bernard Lortat-Jacob sur les poésies orales et chantées de l’Antiquité à nos jours, dans une perspective ethnopoétique (2010), ou du vaste geste anthropologique de Jerome Rothenberg dans Technicians of the Sacred (1968), qui confrontait les happenings de l’avant-garde européenne à des poésies et chants rituels et traditionnels du monde.

Ce colloque international voudrait ainsi encourager une perspective comparatiste, interdisciplinaire, transnationale et intermédiale sur les poésies performatives, attentive aux filiations, circulations, échanges entre poètes, formes artistiques et pays, aux phénomènes de contamination, de transposition médiatique et de remédiation, centrée sur les XXe et XXIe siècles, afin de contribuer à une vision large et renouvelée des différentes façons de définir et pratiquer la poésie dans le monde contemporain. Nous entendons par “poésies performatives” des pratiques poétiques dans lesquelles la concrétisation du poème implique une action en direct et une forme de participation physique, qu’elle provienne du poète ou de la poétesse (à travers son corps, sa voix, immédiate ou médiatisée), d’un-e interprète (récitant-e, acteur-trice, performer), ou du public, mué en “co-énonciateur” et intervenant directement dans l’élaboration du poème et de l’événement (qu’il réponde, entonne, défie ou manipule).  Cette définition ouverte permet d’inclure des pratiques, genres, formes et dénominations variés : poésie orale/aurale, chantée, sonore, acoustique, d’intervention, expérimentale, digitale, spoken wordslam, rap, poésie radiophonique et télévisuelle, et toute forme d’art performative considérée (et revendiquée) comme de la poésie, qu’elle ait ou non un composant verbal.

Les propositions pourront s’inclure dans un ou plusieurs de ces axes :

  • enjeux esthétiques et poétiques: questions formelles, stylistiques, pragmatiques propres aux poésies performatives, comme la décentralisation (voire l’absence) du texte, la fonction des composants sonores, vocaux, musicaux, kinésiques, performatifs; poétiques intersémiotiques et multimédia; relations entre parole, son et autres langages
  • questions théoriques et méthodologiques: (re)définitions de la poésie, ou d’aspects comme la prosodie, le texte, l’interprétation, etc.; poésie et intermédialité
  • dispositifs, matérialités, modes spécifiques de création et de réception, media et technologies
  • pratiques d’improvisation, de récitation, de déclamation, de mise en scène et en musique, d’enregistrement de la poésie et de la parole; analyse de poètes, groupes ou courants particuliers, au Portugal et dans le monde, aux XXe et XXIe siècles
  • perspectives comparées: filiations, circulations, échanges entre poètes, langues et pays; convergences transnationales et spécificités locales
  • phénomènes de contamination et de confrontation entre différents media; opérations de transposition médiatique et de remédiation
  • la poésie dans l’espace public, fonctions sociales, formes d’intervention et de participation
  • problèmes de transmission et de reproductibilité des oeuvres; archivage et conservation; institutionnalisation et patrimonialisation des poésies performatives
  • présentation d’un projet concret ou d’une expérience personnelle ou collective: projet artistique, festival, action culturelle…
  • poésie digitale et digitalisation de la poésie performative, nouvelles “visibilités” contemporaines

Pour participer, merci d’envoyer une proposition de communication ou de présentation artistique (max. 300 mots), accompagnée de votre nom, institution et d’une note biographique (max. 250 mots) à poesiasperformativas@gmail.com. Les langues acceptées sont le Portugais, l’Anglais, le Français et l’Espagnol.

Le colloque sera suivi d’un atelier animé par Cristian Forte, poète et performer argentin basé à Berlin (voir : https://crowd-literature.eu/cristian-forte/), qui sera également l’un des orateurs du colloque, intitulé “Evènement Littéraire / Laboratoire d’écritures et poétiques en action” (inscription obligatoire, nombre de places limité : poesiasperformativas@gmail.com).

  • Date limite de soumission des propositions : 20 août 2018
  • Communication des résultats : 1er septembre 2018
  • Dates du colloque : 29-30 octobre 2018 / Atelier de Cristian Forte : 31 octobre 2018 (11h-17h)
  • Lieu de l’évènement : Faculté de Lettres de l’Université de Lisbonne, Alameda da Universidade, 1600-214 Lisbonne (Portugal)
  • Inscriptions : jusqu’au 15 octobre : 30 € / 20 € étudiants et chercheurs indépendants

Organisatrices : Manuela Carvalho, Pénélope Patrix e Marta Traquino (CEC-FLUL).

Cette activité s’inscrit dans le projet Off-Off Lisbon du groupe THELEME du Centre d’Études Comparatistes(CEC-FLUL).

References / Références bibliographiques:

BERNSTEIN Charles (ed.), 1998, Close Listening. Poetry and the Performed Word, New York/Oxford, Oxford University Press

BOBILLOT Jean-Pierre, 2016, Quand écrire, c’est crier. De la poésie sonore à la médiopoétique et autres nouvelles du front, Saint- Quentin-de-Caplong, Atelier de l’Agneau

BOBILLOT Jean-Pierre, 2006, “La voix réinventée. Les poètes dans la technosphère”, Histoires Littéraires, vol. 28, pp. 25-44

CALAME Claude et alii. (eds.), 2010, La voix actée. Pour une nouvelle ethnopoétique, Paris, Kimé

DIAS Sandra Isabel das Candeias Guerreiro, 2016, O Corpo como Texto: Poesia, Performance e Experimentalismo nos Anos 80 em Portugal, Tese de doutoramento, Faculdade de Letras da Universidade de Coimbra, online: http://hdl.handle.net/10316/29608

FINNEGAN Ruth, 1977, Oral poetry. Its nature, significance and social context, Cambridge, Cambridge University Press

GRÄBNER Cornelia & CASAS Arturo (eds.), 2012, Performing Poetry. Body, Place and Rhythm in the Poetry Performance, Amsterdam/New York, Rodopi

HIRSCHI Stéphane et alii. (eds.), 2017, La poésie délivrée, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre

PENOT-LACASSAGNE Olivier & THÉVAL Gaëlle (eds.), 2018, Poésie & Performance, Paris, Éditions Nouvelles Cécile Defaut

PARDO Céline, 2015, La poésie hors du livre (1945-1965). Le poème à l’ère de la radio et du disque, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne

PORTELA Manuel, 2014, “Multimodal Editing and Archival Performance: A Diagrammatic Essay on Transcoding Experimental Literature”, Digital Humanities Quarterly, vol. 8/1, online: http://www.digitalhumanities.org/dhq/vol/8/1/000175/000175.html

PORTELA Manuel, 2013, Scripting Reading Motions: The Codex and the Computer as Self-Reflexive Machines, Cambridge, MA: The MIT Press

ROTHENBERG Jerome (ed.), 1968, Technicians of the sacred. A Range of Poetries from Africa, America, Asia, Europe, and Oceania, Garden City, New York, Anchor Doubleday

TORRES Rui, 2015, “Voz Verbal Vocal. Poesia sonora de Américo Rodrigues”, Interact, Revista online de Arte, Cultura e Tecnologia, vol. 22, online: http://interact.com.pt/22/voz-verbal-vocal/

TORRES Rui, 2007, “Transposição e variação na poesia gráfica e espacial de Salette Tavares”, Aletria: revista de estudos de literatura, vol. 14, online: http://hdl.handle.net/10284/3451

TORRES Rui & PORTELA Manuel (eds.), 2014, “PO.EX‘70-80: Um Arquivo Digital da Literatura Experimental Portuguesa”, online: https://po-ex.net

ZUMTHOR Paul, 1983, Introduction à la poésie orale, Paris, Seuil