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« Non-public(s) ». Identités voulues ou subies ? Du XIXe siècle à demain (Versailles Saint-Quentin)

« Non-public(s) ». Identités voulues ou subies ? Du XIXe siècle à demain (Versailles Saint-Quentin)

Publié le par Romain Bionda (Source : Emilie Fromentèze)

(English version below)

 

« Non-public(s) »

Identités voulues ou subies ?

Du XIXe siècle à demain

 

A l’heure où les publics sont mesurés, identifiés, catégorisés, analysés pour mieux développer les offres répondant à leurs besoins ou créer des besoins répondant à des offres, cette journée d’études propose de s’intéresser à la notion contestée de    « non-public(s) ». Introduit pour la première fois lors de la déclaration de Villeurbanne, écrite par Francis Jeanson en mai 1968, ce terme fait référence aux populations ne participant pas aux offres culturelles publiques ou officielles, étant occupées à d’autres types d’activités privées ou domestiques. Comme l’explique Frédéric Gimello-Mesplomb, « la ligne de partage entre ‘public’ et ‘non-public’ repose souvent sur un indicateur unique : le fait d’avoir participé ou non à une activité (aller au théâtre, aller au cinéma, lire un livre, écouter de la musique...) ».[1] L’enjeu derrière l’émergence de la notion de « non-public(s) » est de critiquer le déficit culturel de la France reposant trop sur une culture d’élite, au détriment d’un accès à la « culture pour chacun », où le pouvoir créateur du citoyen est prit en compte. Questionner la notion de « non-public(s) » a pour intérêt d’ouvrir une réflexion sur l’origine, le contenu et les moyens de mise en œuvre des activités non institutionnalisées et non officielles des individus, ainsi que leurs impacts sur l’évolution de nos sociétés.

 

Afin de répondre à cette problématique, cette journée d’études vise à tester la notion de « non-public(s) » dans une perspective internationale, pluridisciplinaire et historique. Bien qu’assez tardive, il nous intéresse de faire remonter l’étude de cette notion au début du XIXe siècle afin de voir si un clivage entre public(s) et « non-public(s) » aurait été exacerbé par les grands bouleversements sociétaux de la révolution industrielle de cette époque. Cette analyse historique doit être mise en perspective avec les enjeux contemporains que sont la qualification des « non-publics » et l’apparition de nouvelles catégories telles que « publics empêchés » (handicapés, hospitalisés, incarcérés), « publics éloignés » (ruraux, enfants, personnes âgées),[2] ou encore les « publics exclus » (notamment liés aux enjeux de la diversité culturelle). Cette journée d’études est donc l’occasion de mieux comprendre les « non-publics » d’hier et d’aujourd’hui : Qui sont-ils ? Comment sont-ils catégorisés ? Quelles sont leurs pratiques ? Quelles sont leurs relations avec les autres acteurs sociaux ? Leur conversion à la culture légitime est-elle inévitable ? Cette notion de     « non-public(s) » s’applique-t-elle à tous les domaines ? Les non-publics existent-ils dans tous les pays et dans tous les contextes sociaux-culturels? Quelles sont les représentations qui y sont associées ? Le « non-public » est-il forcément un exclu de la culture ? Le fait de ne pas participer n’est-elle pas une participation en soi qui révèlerait un positionnement social ? Peut-on encore parler de « non-public(s) » avec le numérique ?

 

Aux vues des questions déjà mentionnées ci-dessus, voici une liste non exhaustive de pistes et problématiques qui peuvent être explorées :

  • Publics/ « non-publics » : quelles définition, quelles frontières ? A partir de quand devient on public et comment ? Comment prendre en compte les « non-publics » sans qu’ils deviennent publics ? Un « non-public » existe-t-il vraiment (voir les affiches publicitaires, l’exposition aux slogans, etc.) ? Se pose ici la question des espaces publics et privés, physiques et virtuels, avec l’arrivée du numérique.
  • Les « non-publics » dans le processus de démocratisation culturelle

Ces « non-publics » ont-ils toujours été les mêmes ? Quels furent leur place et leur rôle au sein des mutations en matière de politique culturelle depuis le XIXe siècle en occident ?

  • « Non-public(s) » : une notion qui existe toujours ? Quels sont les nouveaux modes d’interaction culturelle, les nouvelles pratiques, les nouvelles études, les postures des institutions, les débats actuels ? Etudie-t-on les « non-publics » pour mieux connaître les publics ou bien est-ce une catégorie autonome ?

 

Cette journée d’études se veut pluridisciplinaire et ouverte à différents champs de recherche : sociologie, histoire, histoire de l’art, musicologie, littérature, études théâtrales, études cinématographiques, histoire visuelle, sciences de l’information et de la communication...

 

Informations complémentaires

Comité scientifique : Simon Dawes, Jean-Pierre Esquenazi, Chloé Langeard, Serge Linarès, Géraldine Poels, Jean-Claude Yon.

Comité d’organisation : Camille Causse,  Émilie Fromentèze, Cléa Hance et Rémi de Raphélis.

Stagiaires : Pierre Ernandes, Jordan Giraudo Le Moal et Claire Sicard.

 

Calendrier :

  • Retour des propositions : au plus tard le 27 février 2017
  • Réponses : au plus tard le 17 mars 2017
  • Date de la journée d’études : mercredi 17 mai 2017 (UVSQ, lieu à déterminer : Auditorium de la Bibliothèque Universitaire ou Amphithéâtre)

 

Modalités :

Cet appel à communications est ouvert à tous les doctorants, ou docteurs ayant soutenu ces dernières années, en France ou à l’étranger. Les communications se feront en français ou en anglais.

Les propositions de communication (500 mots environ) sont à envoyer, accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant, ainsi que l’université et/ou l’organisme de rattachement), au plus tard le 17 février 2017, à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com

 

[1] Frédéric Gimello-Mesplomb, « Présentation » de la cinquième partie « Au-delà du public : « non-public » et publics potentiels Au-delà du public : « non-public » et publics potentiels », dans Les publics des équipements culturels. Méthodes et résultats d'enquêtes, ed. Paris, ministère de la Culture et de la Communication, DEP, 2001, p. 184.

[2] Chloé Langeard, « Public(s) hors les murs et hors scène : des publics qui ne comptent pas ! », communication lors du colloque Penser les catégories de pensées, Université Sorbonne Nouvelle  – Paris 3, 11-12 Juin 2015, informations disponibles à l’adresse suivante  https://penserlescategoriesdepensee.wordpress.com/archives-du-colloque/chloe-langeard/ (dernière visite, décembre 2016)

 

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« Non-audience(s) »

 

Desired or imposed identities?

From the 19th century to tomorrow

 

 

            At a time when audiences are measured, identified, categorized, analyzed to better develop offers answering their needs or to create needs answering offers, this symposium proposes to concentrate on the contested notion of “non-audience(s).” Introduced for the first time during the declaration of Villeubranne in France, written by Francis Jeanson in may 1968, this term (in French “non-public”) refers to the populations that do not participate to public or official cultural programs because they are involved in other types of activities, private or domestic. As explained by Frédéric Gimello-Mesplomb, “the delineation between ‘audience’ and ‘non-audience’ relies often on a single indicator: the fact of having participated or not to an activity (go to the theater, read a book, listen to music…).”[1] The issue behind the development of the notion of “non-audience” was to criticize the cultural deficit of France too much based on an elite culture and not enough focused on an access to a “culture for each and every one” whereby the citizen is acknowledge in his/her own creative power. Thus, questioning the notion of “non-audience” opens a reflection on the content and the implementation means of people’s non-institutionalized/unofficial practices as well as their consequences on the evolution of our society.

 

            To answer this problematic, this symposium wants to approach the notion of “non-audience(s)” in an international, interdisciplinary and historical perspective. Although it is a recent concept, we are interested to take back this study all the way to the 19th century to see if it is during this period that a gap between “audience(s)” and “non-audience(s)” would have been amplified because of the great social changes brought by the industrial revolution. This historical analysis needs to be put in perspective with the contemporary challenges, such as the qualification of “non-audiences” and the emergence of new categories such as “impeded audiences” (handicapped, hospitalized or incarcerated people), “remote audiences” (rural people, children, older people), [2] or “excluded audiences” (notably linked to issues of cultural diversity). Thus, this symposium is an opportunity to better understand the “non-audiences” of yesterday and today: who are they? Why are they categorized? What are their practices? What are their relationships with other social actors? Is their conversion to the official culture ultimately unavoidable? Is this notion of “non-audience(s)” applicable to all areas? Does this notion of “non-audience(s)” exist in all countries and socio-cultural contexts? What are the representations associated with it? Is a “non-audience” necessarily an excluded party of culture? Isn’t the fact of not participating a participation in itself that would be revealing a social positioning? Can we still talk of “non-audience(s)” in our digital era?

 

In view of the questions already mentioned above, please find bellow a non-exhaustive list of issues and problematic that could be explored:

  • Audiences / “non-audiences”: what frontier? From what moment do we become an audience and how? Issues of physical and virtual spaces. How can we acknowledge “non-audiences” without them becoming audiences? Does a non-audience truly exist (e.g. adds in the streets, exposure to slogans…)
  • “Non-audiences” within the goals of cultural democratisation
  • “Non-audience”: a notion that still exists? What are the new modes of cultural interactions, new practices, new studies, institutional postures, and contemporary debates? Do we study non-audiences to better understand audiences or is it an independent category?

 

This study is meant to be interdisciplinary and is open to different fields of research: sociology, history of art, musicology, literature, theater studies, film studies, visual history, science of information and communication, law…

 

Complementary information

Scientific committee: Simon Dawes, Jean-Pierre Esquenazi, Chloé Langeard, Serge Linarès, Géraldine Poëls, Jean-Claude Yon.

Organisation committee : Camille Causse,  Émilie Fromentèze, Cléa Hance et Rémi de Raphélis.

interns: Pierre Ernandes, Jordan Giraudo Le Moal et Claire Sicard.

 

 

Calendar :

 

  • Deadline for the proposals: February 27th, 2017
  • Answers : March 17th, 2017
  • Symposium : May 17th, 2017 (UVSQ, place to be confirmed: Auditorium of the university library or Amphitheater)

 

Modalities :

This call for proposals is open to all PhD students, or those who defended their thesis in the last few years in France or abroad. The communications will be in French and in English.

The proposals (around 500 words) have to be sent, attached with a short presentation of the author (comprising of the title, the filed of research of the dissertation, the year of the dissertation defences if needed, as well as the university and/or the reference unit), at the latest February 17th, 2017, at this address :

doctorants.chcsc@gmail.com

 

[1] Frédéric Gimello-Mesplomb, “Présentation” de la cinquième partie  “Au-delà du public : “non-public “ et publics potentiels, in Les publics des équipements culturels. Méthodes et résultats d'enquêtes, ed. Paris, ministère de la Culture et de la Communication, DEP, 2001, p. 184 (our translation).

[2] Chloé Langeard, “Public(s) hors les murs et hors scène : des publics qui ne comptent pas !,” intervention during the symposium Penser les catégories de pensées, Université Sorbonne Nouvelle  – Paris, June 3rd, 11th-12th 2015, informations accessible at  https://penserlescategoriesdepensee.wordpress.com/archives-du-colloque/chloe-langeard/ (last visit december 2016) [our translation].

 

  • Responsable :
    CHCSC
  • Adresse :
    Université de Versailles Saint-Quentin, France