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Médiatiser le livre d’artiste en bibliothèque : défis et enjeux pour un patrimoine vivant et sensible (Saint-Étienne)

Médiatiser le livre d’artiste en bibliothèque : défis et enjeux pour un patrimoine vivant et sensible (Saint-Étienne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anne Béchard-Léauté)

Appel à communication

MÉDIATISER LE LIVRE D’ARTISTE EN BIBLIOTHÈQUE :

DÉFIS ET ENJEUX POUR UN PATRIMOINE VIVANT ET SENSIBLE

Bibliothèque universitaire, Université Jean Monnet (UJM),

Saint-Étienne, du 5 au 7 mars 2020

 

Les bibliothèques sont incontestablement « l’habitat naturel du livre d’artiste » [Roman Koot, 2017]. Les livres d’artistes peuvent y demeurer des livres à part entière sans être nécessairement perçus comme des objets d’art, à l’inverse des musées ou autres lieux d’exposition qui ont tendance à « spectaculariser » le livre d’artiste [Anne Moeglin-Delcroix in Mélois, Cl., 2011]. Théoriquement, les bibliothèques seraient ainsi le lieu idéal pour accueillir le livre d’artiste puisqu’ils y sont potentiellement des livres à part entière et bénéficient de toute l’expertise liée à la bibliothéconomie.

Cependant, ces livres restent matériellement difficiles à rendre accessibles au public. À cause de leur fonction hybride d’œuvre et de livre, ils sont rarement proposés au libre-accès et la majorité des bibliothèques les traitent comme des livres rares, fragiles, qu’il faut conserver dans des locaux climatisés avec équipement dédié. Difficilement consultables et encore moins empruntables, au mieux exposés dans une vitrine, au pire entreposés au fond d’un magasin, les livres d’artistes deviennent trop souvent des objets hors-normes et réifiés qu’on ne peut plus manipuler. Ils perdent ainsi la fonction dynamique d’objets de circulation et de questionnement qui fait la spécificité du livre d’artiste. De plus, le livre d’artiste est au croisement de plusieurs domaines, ce qui explique encore un manque de lisibilité et de visibilité des collections de livres d’artistes et entraîne une méconnaissance des fonds, autant pour les bibliothécaires eux-mêmes que pour les chercheurs.

Ainsi, la présence de collections de livres d’artistes en bibliothèque constitue un véritable défi pour le bibliothécaire qui doit faire face à sa réification pour en élargir la visibilité. L’achat de doublons, l’édition de fac-similés, la numérisation des livres d’artiste sont souvent des pis-aller. La numérisation, par exemple, semble offrir une alternative intéressante mais l’écran éloigne le lecteur de la matérialité du livre. On en vient presque à regretter les gants blancs qui permettaient au moins d’en comprendre l’espace et la dynamique.

Certes, les programmes d’expositions se multiplient dans les bibliothèques et les collaborations avec des artistes sont de plus en plus nombreuses. Certains artistes se plaisent même à investir les bibliothèques, voire à en infiltrer les rayonnages en (se) jouant des codes de la bibliothèque [Nicolas Giraud, 2016]. Si ces expériences développent la connaissance du livre d’artiste pour le public, elles peuvent également brouiller les métiers des bibliothécaires et les pratiques des lecteurs.

L’objectif du colloque sera d’abord d’établir un état de l’art de ces pratiques, puis d’en comprendre le périmètre et les enjeux. Ainsi, ce colloque constituera autant une boîte à outils qu’un objet de réflexion. Les communicants interrogeront à la fois la manière de faire vivre une collection de livres d’artistes dans une bibliothèque, que l’étendue ou la pertinence des différentes médiations possibles. Il s’agira alors de confronter les différents types de besoins des usagers, qu’ils soient lecteurs, artistes, chercheurs ou bibliothécaires.

Le colloque se tiendra à la Bibliothèque universitaire Tréfilerie de Saint-Étienne qui a développé une collection de livres d’artistes atypique, didactique et expérimentale, la Collection Jacquie Barral [voir sitographie]. Expérimentale dans le choix des œuvres qui constituent la collection : pluralité des écoles et des techniques, pluralité des artistes présents. Expérimentale et originale dans sa destination : elle se veut avant toute chose une collection au service d’un enseignement. Loin d’être enfermée dans une réserve inaccessible, le propos de ses bibliothécaires est bien de faire vivre cette collection, pour les étudiants mais aussi pour le public en général. À ce titre, elle est constamment à la recherche de dispositifs pour en assurer la visibilité et un usage plus large. En 2012 elle a, par exemple, été la première bibliothèque française à accueillir le BOOKMARKS PROJECT, un programme de diffusion de marque- pages de 37 artistes internationaux, déjà organisé dans une centaine de pays [voir sitographie].

Le colloque sera accompagné de deux expositions : l’une de Jean-Claude Loubières, dont la BU possède de nombreux ouvrages, l’autre organisée par le Master édition d’art / Livre d’artiste, qui travaille en étroite collaboration avec la Bibliothèque universitaire et le Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’expression contemporaine (CIEREC EA 3068).

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RÉFÉRENCES :

◊ Nicolas Giraud, « Le musée caché », exposition, FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2016

◊ Roman Koot, « Livres d’artistes et ephemera en bibliothèque », in Perspective, 2, 2016, 167-174

◊ Anne Moeglin-Delcroix, « Le livre d’artiste et la question de l’exposition », in Clémentine Mélois (dir.), Publier]…[Exposer : les pratiques éditoriales et la question de l’exposition, Nîmes : ESBA, 2012, p.13

◊ Collection Jacquie Barral : https://dossier.univ-st-etienne.fr/scd/public/livres_artistes/index.html

◊ Bookmark : http://www.bookarts.uwe.ac.uk/bookmarks/

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BIBLIOGRAPHIE :

◊ Betty Bright, No Longer Innocent. Book Art in America 1960-1980, New York, Granary Book, 2005, 350 p.

◊ Béchard-Léauté Anne et Oncins Valentine (dir.), Le livre d’artiste depuis 1980 en France et au Royaume-Uni / Develop- ments in the field of the Artist’s Book since 1980 in France and the United Kingdom, Saint-Étienne, PUSE, 2014, 248 p.

◊ Brogowski Leszek, Éditer l’art : le livre d’artiste et l’histoire du livre, Chatou, Éd. de la transparence, 2010, 349 p.

◊ Johanna Drucker, The Century of Artists Books, New York, Granary Book, 2004, 392 p.

◊ MOEGLIN-DELCROIX Anne, Esthétique du livre d’artiste : une introduction à l’art contemporain, Marseille, Le mot et le reste ; Paris, BnF, 2012, 400 p.

◊ Moeglin-Delcroix Anne, Sur le livre d’artiste : articles et écrits de circonstance (1981-2005), Marseille, Le Mot et le reste, 2006, 588 p.

◊ Peyré Yves, Peinture et poésie : le dialogue par le livre 1874 – 2000, Paris, Gallimard, 2001, 269 p.

◊ Lyons, Joan, Artists’ Books. Critical Anthology and Sourcebook, Layton, Gibbs Smith Publishers, 1993, 269 p.

◊ Mélois, Clémentine (dir.), Publier]…[Exposer : les pratiques éditoriales et la question de l’exposition, Nîmes, ESBA, 2012, 195 p.

◊ Picot Nicole (dir.), Arts en bibliothèques, Cercle de la librairie, 2003, 270 p.

◊ Phillpot, Clive, Booktrek. Selected Essays on Artists’ Books (1972-2010), Zurich, JRP|Ringier, Dijon, Les Presses du réel, 2013, 285 p.

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COMITÉ SCIENTIFIQUE : CIEREC EA 3068

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DATE LIMITE DES PROPOSITIONS : 30 juin 2019 (retour au 15 juillet 2019)

Toute proposition (500 mots maximum) sera accompagnée d’une bio-bibliographie (100 mots maximum)

à envoyer aux organisatrices (voir ci-dessous).

 

CONTACTS :

Anne Béchard-Léauté, Maître de conférences, CIEREC EA 3068, UJM, Saint-Étienne

< anne.francoise.leaute@univ-st-etienne.fr >

Hélène Fortin, Conservateur des Bibliothèques, Service commun de la documentation, UJM, Saint-Étienne

< helene.fortin@univ-st-etienne.fr >