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Les résidences d’écrivains et d’artistes : des dispositifs de création et de médiation  

Les résidences d’écrivains et d’artistes : des dispositifs de création et de médiation

Publié le par Université de Lausanne (Source : Carole Bisenius-Penin)

Appel à proposition d’articles pour un numéro thématique de la revue Culture & Musées

Sous la direction de Carole Bisenius-Penin

 

Les résidences d’écrivains et d’artistes : des dispositifs de création et de médiation

Les résidences de créateurs portent de multiples dénominations : résidence de création et d’expérimentation, résidence de diffusion territoriale, résidence-association, résidence-mission, résidence-animation, etc. Quels que soient leurs objectifs, elles sont devenues en quelques années une des formes privilégiées de soutien à la création et à l’action culturelle. Outre leur grande plasticité, elles visent à donner à un artiste (chorégraphe, musicien, plasticien…) ou à un écrivain les conditions techniques et financières pour concevoir, écrire, achever, produire une œuvre nouvelle, en menant ou non des actions de médiation. Elles posent aussi la question de la place de l’artiste au sein de la société, dans un tournant actuel des politiques culturelles où les moyens affectés à la culture et à la création sont diminués, ce qui affecte en priorité les professionnels les plus fragiles en raison de leur statut.

Ce numéro de Culture & Musées a pour ambition d’analyser le dispositif « résidence » et ses différentes configurations, qui recouvrent, depuis son institutionnalisation au cours des années 1980, des formes et des réalités extrêmement variées en fonction des projets, des structures et des politiques culturelles mises en place. Il s’agit d’examiner les résidences en tant que dispositif de production d’une œuvre originale, d’une part, de communication et de médiation, d’autre part, permettant des transactions diverses et variées entre écrivains, artistes, collectivités territoriales, opérateurs culturels et publics. Ce dispositif apparaît comme une entité hybride dans la mesure où, de plus en plus fréquemment, on constate une injonction politique à combiner deux dimensions : création artistique ou littéraire et activités de médiation. Faute d’un statut, d’une définition établie, il est de nature polymorphe, marqué par une grande hétérogénéité (résidence individuelle ou collective, pérenne ou éphémère, fixe ou itinérante, etc.) et une dispersion des offres dans les territoires. En outre, il se construit à partir d’une combinatoire de catégories normalisées mais fluctuantes et très diversifiées : un lieu, une temporalité, une structure  d’accueil, des types de financements, un projet de création et, enfin, un projet de médiation culturelle qui prévoit un ensemble d’activités destinées aux publics autour de l’artiste  ou de l’auteur.

Quelles sont les formes historiques et actuelles des résidences artistiques ? Quels sont les enjeux de ces dispositifs ? Quelles représentations de l’écrivain et de l’artiste sont convoquées ? Les résidences rendent-elles visible le travail de création comme processus littéraire en permettant aux publics d’approcher l’œuvre comme le produit d’une élaboration artistique ? Quels sont les enjeux artistiques et culturels du dispositif résidentiel ? En somme, comment la résidence peut-elle favoriser la création contemporaine par le biais de dispositifs de médiation participatifs au sein d’une relation communicationnelle triangulaire (écrivain ou artiste, publics, institutions culturelles) ?

Les propositions d’articles pourront s’articuler autour des questions suivantes :

Interroger un concept polymorphe

La résidence apparaît comme un dispositif complexe qui repose sur de nombreux paramètres et s’élabore en fonction de divers modèles (résidence de création, d’animation, à projet, etc.). Comment peut-on définir une résidence ? En fonction de quels critères ? Au sein de quelles structures (maisons d’écrivains, musées, lieux de spectacle vivant, établissements scolaires, entreprises, lieux de vie et de travail, etc.) et en lien avec quels territoires ? Quelles sont les formes d’interactions entre le dispositif résidentiel et l’espace public de la création ? Quelles sont les pratiques littéraires et les postures des écrivains et des artistes au sein la résidence ? Quels impacts le dispositif résidentiel peut-il avoir à la fois sur la création littéraire de l’auteur et sur les publics ? Voit-on émerger de nouvelles formes faisant appel aux technologies et aux environnements numériques ?

Interroger les catégories d’acteurs : écrivains, artistes,  institutions, publics

En tant que dispositif, procédant d’une demande sociale et politique qui émane très souvent des collectivités territoriales ou de l’institution scolaire, les résidences apparaissent comme des lieux de mise en relation. En effet, le dispositif d’accueil peut mobiliser différents acteurs de la chaîne du livre, les acteurs culturels et associatifs du territoire concerné, qui s’envisage à la fois sous le prisme des publics et des financements. L’écrivain, l’artiste n’apparaissent plus comme les seuls bénéficiaires du dispositif, mais peuvent entrer dans une logique de coproduction symbolique, notamment lorsqu’il y a une commande ou la création d’une œuvre en lien étroit avec une dimension territoriale. Quels sont les enjeux à la fois culturels, territoriaux et politiques  des dispositifs  résidentiels ?

Interroger un dispositif  de médiation

Liée à la territorialisation de la culture et à la question prioritaire des publics, la médiation culturelle (Bordeaux, 2013; Chaumier & Mairesse, 2013 ; Caune, 2000) relève d’une volonté de démocratiser l’accès à la culture. Dans le cadre résidentiel, l’objectif est de créer des liens entre l’œuvre réalisée et des publics, mais qu’en est-il ? Quelles sont les médiations qui se jouent au sein de cet espace, en fonction du jeu des acteurs, en fonction des dispositifs, des processus, des effets suscités ? La médiation en tant qu’interface entre l’univers des publics et de l’objet culturel permet-elle de co-construire la figure de l’auteur ou de l’artiste dans le cadre des relations intersubjectives qui se croisent au sein de la résidence ? Quelles formes de médiations sont identifiables ? À quelles formes de pratiques renvoient-elles et en fonction de quels types d’actions d’accompagnement (lecture publique, conférence, atelier d’écriture ou de pratique artistique, exposition, création in situ en tant que dispositif participatif impliquant les publics) ?

 

Références

Amossy, Ruth. 2002. « Ethos », in Le Dictionnaire du littéraire, / sous la direction de Paul Aron, Denis Saint Jacques & Alain Viala. Paris : PUF.

Bisenius-Penin, Carole (dir.). 2015. Résidence d’auteurs, création littéraire et médiations culturelles (1). À la recherche d’une cartographie. Nancy : PUN - Éditions Universitaires de Lorraine. Questions de communication. (Série actes).

Bon, François. 2000. Tous les mots sont adultes : méthode pour l’atelier d’écriture. Paris : Fayard.

Bouchardon, Serge. 2014. La valeur heuristique de la littérature numérique. Paris : Hermann. (collection Cultures numériques).

Bordeaux Marie-Christine (avec Elisabeth Caillet). 2013. « La médiation culturelle : pratiques et enjeux théoriques ». Culture & Musées Hors-série.

Caune, Jean. 2000, « La Médiation culturelle : une construction du lien social », consultable en ligne http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2000/Caune/index.php.

Chaumier, Serge & Mairesse, François. 2013. La Médiation culturelle. Paris : Armand Colin.

Denoit Nicole & Douzou Catherine. 2016. La résidence d’artiste. Tours : PUFR.

Lahire, Bernard. 2006. La Condition littéraire, la double vie des écrivains. Paris : Éd. La Découverte.

Martel, Frédéric. 2015. L’écrivain social, la condition de l’écrivain à l’âge numérique. Rapport au Président du CNL, consultable en ligne

http://www.centrenationaldulivre.fr/fichier/p_ressource/7429/ressource_fichier_fr_condition.a.crivain.monde.numa.rique.rapport.2015.11.09.ok.pdf

Meizoz, Jérôme. 2007. Postures littéraires. Mises en scène modernes de l'auteur. Genève : Slatkine.

Sapiro, Gisèle. 2007. « Je n'ai jamais appris à écrire ». Les conditions de formation de la vocation d'écrivain», Actes de la recherche en sciences sociales 3, 168, p. 12-33, consultable en ligne www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2007-3-page-12.htm.

Viala, Alain.1985. Naissance de l'écrivain. Sociologie de la littérature à l'âge classique. Paris : Minuit.

 

Merci d’adresser vos propositions d’articles (environ 5000 signes) par courriel avant le 17 mars 2017 à Carole Bisenius-Penin (carole.bisenius-penin@univ-lorraine.fr) et Marie-Christine Bordeaux (mc.bordeaux@wanadoo.fr)

Les résumés comporteront un titre, 5 références bibliographiques ainsi que les noms, adresse électronique, qualité et rattachement institutionnel (Université, laboratoire) de leur auteur.e.

 

Calendrier :

Lancement de l’appel à propositions d’articles : février 2017

Réception des propositions (résumés) : 17 mars 2017

Réponses aux auteurs : début avril 2017

Réception des textes : 23 juin 207

Réponses définitives aux auteurs et propositions éventuelles de modifications : octobre 2017

Réception des textes dans leur version définitive : début janvier 2018

Publication : juin 2018

 

Contact :

 

Carole Bisenius-Penin

carole.bisenius-penin@univ-lorraine.fr

Université de Lorraine

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Île du Saulcy

57000 Metz