Actualité
Appels à contributions
Les combattantes du quotidien dans les romans subsahariens (Osnabrück)

Les combattantes du quotidien dans les romans subsahariens (Osnabrück)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Lydia Bauer)

Les combattantes du quotidien dans les romans subsahariens

Section 8 du XIe congrès de l'Association des franco-romanistes allemands (AFRA)

du 26 au 29 septembre 2018 à l'Université d'Osnabrück

Direction de la Section :
PD Dr. Lydia Bauer (Universität Potsdam): lydbauer@uni-potsdam.de
Dr. des. Ibou C. Diop (Humboldt-Universität zu Berlin): iboucdiop.1@gmail.com

 

Dans son essai Fear of Small Numbers. An Essay on the Geography of Anger[1] paru en 2006, Arjun Appadurai souligne que le temps n'est plus celui de la paix de Westphalie qui fut encore conclue sur la base du respect et de la réciprocité (Appadurai 2009: 147). Suite à la mondialisation, le monde a complètement changé au XXIe siècle ; Appadurai constate un effacement des frontières nationales et une circulation d'informations, de capitaux et de réfugiés (Ibid.: 148). La guerre n'est plus désormais une activité réglée entre des guerriers armés (Ibid: 30). Herfried Münkler parle de guerres asymétriques (2006) et le politologue Achille Mbembe constate qu'il n’est plus possible de faire de distinction claire et nette entre la paix et la guerre dans des sociétés où règne l'animosité dans la vie quotidienne et où la société est organisée autour de la violence : « Les procédures de différenciation, de classification et de hiérarchisation aux fins d'exclusion, d'expulsion, voire d'éradication, sont partout relancées. » (Mbembe 2013: 45) L’une des causes de ces combats internes résulte du fait qu'une grande partie de l'humanité est exclue du marché mondial. Ainsi Mbembe constate-t-il : « Si, hier, le drame du sujet était d'être exploité par le capital, aujourd'hui, la tragédie pour la multitude est de ne plus être exploitée du tout, de faire l'objet de relégation dans une « humanité superflue », livrée à l'abandon, et dont le capital n'a guère besoin pour son fonctionnement. » (Ibid.: 13). Les femmes sont souvent les premières victimes – ou bien victimisées – dans ces conflits, mais il ne faut pas oublier qu'elles sont aussi des combattantes : « Moteur central de l'économie africaine » (RFI 2017) mais souvent « invisibles » dans la société, les femmes s'opposent à l'inégalité du statut, en ce qui concerne par exemple l'accès à la terre, et réclament la protection et la réhabilitation de leur dignité. Dans son essai Fonction politique des littératures africaines écrites, l'écrivaine sénégalaise Mariama Bâ a revendiqué pour la littérature africaine que soit donnée « […] à la femme noire une dimension à la mesure de son engagement prouvé à côté de l'homme dans les batailles de libération, une dimension à la mesure de ses capacités démontrées dans le développement économique de notre pays. » (Bâ 1981: 7) En juillet 1987 a paru au Sénégal le premier numéro de la revue Fippu, « se rebeller » en wolof. La sociologue, politicienne et fondatrice du mouvement féministe « Yewu Yewi », Marie-Angélique Savané, y milite pour les droits de la femme dans la vie privée et publique. (Almeida 1994: 15-16) Puisque le « roman est l'un des lieux où l'existentiel africain contemporain s'est probablement le mieux exprimé – son être collectif et l'expérience singulière des destins individuels, mais aussi ses rêves et ses projections », comme l’explique Felwine Sarr dans Afrotopia (Sarr 2016: 134), nous voulons nous appuyer dans notre session sur le combat quotidien de la femme subsaharienne dans les romans postcoloniaux. Ce combat inclut aussi bien la lutte contre des structures internes que contre l'ancien colonisateur et contre l’occidentalisation en tant que modèle pour les sociétés africaines. Nous nous intéressons aussi bien à la femme guerrière, combattante, thématisée dans les textes qu'aux femmes auteures qui se révoltent dans leurs œuvres contre la corruption, l'exploitation, l'injustice et l'oppression en se battant avec leurs plumes pour leurs droits à l'indépendance et à la liberté comme ce fut et c’est le cas d’auteures comme Mariama Bâ, Calixthe Beyala, Ken Bugul, Fatou Diome et Léonora Miano. Considérées comme vecteur de créativité, car obéissant à des contraintes à la fois internes et externes, les crises sont les moments de procéder à l’état des lieux, permettant effectivement à l’auteure de fouiller dans différentes sphères de la vie psychologique, philosophique, sociale et sociologique. Les auteures transgressent par le biais de la crise les disciplines pour exprimer dans la création artistique et littéraire leur tableau intérieur tout en posant un regard sur le passé, le présent ou le futur. Ainsi, nous souhaitons des contributions provenant d’horizons divers des lettres ou de la linguistique romane, en croisement avec les sciences humaines, les sciences sociales et les sciences de la communication, l'intermédialité, la psychologie, la sociologie et les études de genre.

 

Bibliographie

Almeida, Irène Assiba d', Francophone African women writers. Destroying emptiness of silence, University Press of Florida, 1994.

Appadurai, Arjun, Die Geographie des Zorns, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 2009.

Bâ, Mariama, « Fonction politique des littératures africaines écrites », in: Ecriture française dans le monde 3, n°5 (1981), 3-7.

Mbembe, Achille, Critique de la raison nègre, Paris, Éditions La Découverte, 2013.

Münkler, Herfried, Der Wandel des Krieges – Von der Symmetrie zur Asymmetrie, Weilerswist, Velbrück Wissenschaft Verlag, 2006.

Sarr, Felwine, Afrotopia, Paris, Éditions Philippe Rey, 2016.

Afrique économie, rfi, http://www.rfi.fr/emission/20170522-ipsos-femmes-sont-le-moteur-central-economie-africaine (accès: 6 juin 2017)

 

Nous invitons des propositions de communications de 300 mots avec une courte biographie.

Veuillez nous envoyer vos propositions au plus tard le 15 janvier 2018 aux adresses suivantes:

lydbauer@uni-potsdam.de

iboucdiop@gmail.com

 

[1] Nous renvoyons dans la suite à la traduction allemande de 2009.