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Le médiévisme érudit en France de la Révolution au Second Empire (Lausanne)

Le médiévisme érudit en France de la Révolution au Second Empire (Lausanne)

Publié le par Marc Escola

Le médiévisme érudit en France de la Révolution au Second Empire

organisé par Alain Corbellari et Fanny Maillet

Université de Lausanne, 24-25 avril 2020

 

Le « goût du Moyen Âge » développé par les écrivains et artistes de l’époque romantique est bien connu et a été surabondamment documenté ; en identifiant les manifestations d’une professionalisation de la médiévistique, les recherches les plus récentes ont notamment permis de nuancer le statut d’un romantisme foncièrement littéraire qui ne serait qu’esthétique et culturel et qui s’attribuerait sans concession la redécouverte du Moyen Âge.

De la place liminaire qu’il occupait dans l’histoire des « mentalités », il s’inscrit aujourd’hui plus volontiers dans le panorama de l’histoire de la discipline où il occupe une place charnière entre, d’un côté, un nouveau berceau du médiévisme représenté par les Lumières et les travaux d’érudits et d’académiciens comme La Curne de Sainte-Palaye, le comte de Caylus, Louis-Georges de Bréquigny, Étienne Barbazan, qui pratiquent une philologie encore largement tributaire de l’antiquaire, et, de l’autre, les débuts du médiévisme universitaire moderne porté par les Bartsch et les Foerster, les Gaston Paris et les Bédier.  

Cette phase d’institutionnalisation de la discipline est aujourd’hui bien étudiée. De même, le médiévisme du Siècle des Lumières commence à recevoir toute l’attention qu’il mérite et a suscité plusieurs études importantes, qui ont contribué à éclairer l’apport d’une époque où l’amateur côtoie l’érudit et l’homme de lettres. En revanche, l’activité déployée, en particulier en France, dans la période de remous politiques et de crise institutionnelle qui succèdent à la Révolution, a été moins explorée. Des personnalités comme Fauriel et, à un moindre degré,  Francisque Michel, ont certes connu les honneurs de la critique récente, mais le vaste mouvement qui va des « antiquaires » du XVIIIe siècle aux scientifiques de la fin du XIXe, qu’il s’inscrive en faux contre cette médiévistique « à ses balbutiements » ou dans son sillage immédiat, reste peu étudié.

Or cette époque que d’aucuns ont pu considérer comme un âge d’or de la science française (elle voit s’épanouir les travaux de Lavoisier, Laplace, Lagrange,  Monge, Galois, Cuvier, Champollion et bien d’autres) est à bien des égards le creuset des accomplissements réalisés sous la IIIe République. Des redécouvreurs des troubadours à ceux de la Chanson de Roland, du Groupe de Coppet aux cercles positivistes, un médiévisme français s’invente, entretenant des sentiments ambivalents envers une science allemande en plein essor, tiraillé entre la nostalgie de l’Ancien Régime et la nécessité de refonder la philologie sur des bases solides.

On pourra se focaliser sur les hommes (Méon, Crapelet, Jubinal, Raynouard,  Roquefort, Fauriel, Francisque Michel, Génin, Sismondi, La Villemarqué, et même Stendhal),  mais aussi sur les grands chantiers (Histoire littéraire de la France, les Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi et leurs suites), les institutions (l’École des Chartes, le Collège de France, l’Académie et ses refontes successives, la Bibliothèque royale et ses refontes successives), les collections littéraires (Collection des anciens monumens de l’histoire et de la langue françoise, Nouvelle Bibliothèque des romans, etc.), ou encore les grands clivages théoriques et pratiques (édition vs traduction, folklore vs littérature, érudition vs vulgarisation, science allemande vs science française, cosmopolitisme vs nationalisme), la liste des possibles étant loin ici d’être close.

L’ambition du présent colloque, qui se placera sous le patronage de la toute nouvelle Société Joseph Bédier, dédiée à l’étude de l’histoire de la philologie romane, est en effet de replacer le mouvement philologique de la période 1780-1860 au croisement des disciplines littéraires et scientifiques, sans en oublier les dimensions sociales et politiques.

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Les propositions de communication sont à adresser jusqu’au 31 décembre 2019 à :

Alain Corbellari : alain.corbellari@unil.ch

Fanny Maillet : fanny.maillet@uzh.ch