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Appels à contributions
La transmission des savoirs non-textuels (Montpellier)

La transmission des savoirs non-textuels (Montpellier)

Publié le par Romain Bionda (Source : Ecole Doctorale)

Appel à contribution

Colloque jeunes chercheurs international et pluridisciplinaire

LA TRANSMISSION DES SAVOIRS NON-TEXTUELS

03 et 04 mai 2018

Université Paul Valéry Montpellier III - Site Saint Charles

École doctorale 58 « Langues, littératures, cultures, civilisations »

https://colloque-d3-ed58.www.univ-montp3.fr/fr

En 1973, le sociologue Daniel Bell a introduit la notion de société de l’information dans son livre intitulé Vers la société post-industrielle, où il avance que celle-ci sera axée sur la connaissance théorique et où il considère que les services fondés sur la connaissance devront devenir la structure centrale de la nouvelle économie et d’une société s’appuyant sur l’information.

La notion de société de la connaissance (knowledge society), bien qu’employée pour la première fois par Drucker (1969), largement diffusée vers la fin des années 1990 seulement, est utilisée en particulier dans les milieux universitaires, comme une alternative jugée préférable par certains à la notion de « société de l’information ». Cette dernière est en effet marquée du sceau du néolibéralisme selon de nombreux penseurs.

Abdul Waheed Khan (Sous-directeur général de l’UNESCO pour la communication et l’information) écrit par exemple : « La société de l’information est la pierre angulaire des sociétés du savoir. Alors que, pour moi, la notion de “société de l’information” est liée à l’idée d’innovation technologique, la notion de “sociétés du savoir” comporte une dimension de transformation sociale, culturelle (…). À mon sens, la notion de “société du savoir” est préférable à celle de “société de l’information” car elle fait une place plus large à la complexité et au dynamisme des changements qui sont à l’œuvre. »

Cette société de la connaissance a généré de nouveaux canaux de diffusion, plus rapides que les anciens. Elle engendre et diffuse chaque seconde une masse toujours plus grande de documents, de savoirs et d’informations, accessible au plus grand nombre.

La question de l’accessibilité, avec les enjeux qui l’accompagnent, conduit inévitablement à interroger la notion de transmission (transmettre signifie étymologiquement « envoyer (mittere en latin) au-delà (trans) »). La transmission selon nous est un objet qui mérite d’être pensé. Nous définirons cette notion comme le processus qui permet de « faire passer quelque chose à quelqu’un » (Treps 2000 : 362) et qui contribue à la persistance, souvent transformées, de représentations, de pratiques, d’émotions et d’institutions dans le présent (Olick & Robbins 1998). Partant de là nous pouvons également mobiliser celle de tradition  (de trans « à travers » et dare « donner ») qui évoque le fait de donner à travers le temps, les générations, de “livrer” quelque chose à quelqu’un.

Nous avons fait le choix ici de nous attacher uniquement à la transmission des savoirs non-textuels tant il nous a semblé que la transmission des savoirs textuels est un domaine des sciences sociales déjà largement étudié (en linguistique ou en didactique pour ne citer que deux exemples). Ainsi la musique, que l’on peut qualifier de savoir non-textuel, est une activité que l’on retrouve dans toutes les civilisations humaines et qui se transmet souvent par la tradition (Bigand 2017).

C’est à l’aune des notions de seuil, de frontière et de passage qu’il nous paraît intéressant de questionner la transmission. Selon la définition communément admise, le seuil est ce qui constitue l’accès à un lieu, le début de ce lieu. C’est aussi le point au-delà duquel commence un état, débute un phénomène. La frontière, elle, constitue une limite entre deux choses différentes (entre deux zones géographiques, entre deux concepts…). Au figuré, la frontière peut être un nouveau territoire à découvrir ou à conquérir (Kennedy 1960), ou une étape inédite de la connaissance humaine. Le passage quant à lui, peut être défini comme un endroit par lequel on passe, mais aussi comme un endroit de forte circulation (de personnes, d’idées…).  Cela peut consister aussi à passer d’un état dans un autre, d’un milieu à un autre.

Bien qu’assez proches, on constate cependant que ces notions sont différentes les unes des autres. Pour le dire autrement, le seuil semble être le point d’un commencement vers un au-delà qu’il ne paraît possible de franchir en sens inverse. La frontière au contraire apparaît comme le point de convergence et de rencontre entre deux territoires, entre deux notions ou connaissances. Enfin le passage réfère à la circulation, qui peut s’effectuer, contrairement à ce que sous-entend la notion de seuil, dans un sens comme dans l’autre.

Placer la transmission au carrefour des notions de seuil, de frontière et de passage amène inévitablement à déployer cette notion dans différents champs et selon différentes modalités. Pour autant la transmission conduit à soulever plusieurs interrogations relatives à son contenu, à ses moyens et à ses finalités.

Transmission rime-t-elle avec enseignement, transgression, ouverture ou enfermement? Est-elle répétition à l’identique ou écho trans-formé ? Comporte-t-elle une part d’interprétation? La transmission peut être informelle, non consciente ou se réaliser par imprégnation (on pense ici à Freud, à Tarde ou à Bourdieu, par exemple) ou, au contraire, formelle, consciente et planifiée, comme dans les systèmes scolaires. Elle porte sur des valeurs, des savoirs et connaissances, des savoir-faire et compétences, des attitudes. Elle suppose une autorité reconnue (Arendt), légitimée par sa fonction, son statut, son mandat, sa compétence (coutumière, juridique, religieuse, scientifique, etc.).

     La transmission procède à la fois de la chronologie (elle s’accomplit des plus âgés vers de plus jeunes, ou de l’antérieur vers le postérieur) et de la logique symbolique (que P. Legendre appelle « le principe de raison suffisante ») : il n’y a pas seulement de l’origine historique, mais du fondement – gnoséologique, juridique, politique, existentiel et ontologique. La transmission suppose et institutionnalise des places : elle met chacun en place et à sa place.

     Enfin dans notre société contemporaine où la quête de l’épanouissement individuel et du bonheur s’impose comme une norme sociale très puissante,

Nous nous intéressons, s’agissant des savoirs non-textuels, aux propositions théorisant les notions de transmission, tradition, seuil, passage et frontière, mais encore, aux études de cas précis montrant les enjeux de la transmission de ces savoirs là. À titre de pistes, les notions suivantes pourront être évoqués, sans pourtant se limiter à celles-ci :

- Coutume, rituel, tradition

- Oralité (contes, légendes, poésie, musique/chant…)

- Iconographie

- Supports et évolutions technologiques (manuscrit, tableau, écran, internet…)

- Savoir-faire / Savoir-être

- Médiation, vulgarisation, communication

- Réception

 

Modalités

Organisé annuellement, ce VIIe colloque international et pluridisciplinaire de l’école doctorale 58 « Langues, Littératures, Cultures, Civilisations » a pour objectif de réunir doctorant.e.s et jeunes chercheur.e.s (ayant soutenu leur thèse il y a moins de 3 ans) issus de diverses disciplines en sciences humaines et sociales notamment dans les champs des arts, littératures, philosophie, psychanalyse, éthique, esthétique, histoire, sciences du langage, sciences de l’éducation, langues et cultures étrangères, etc.

Nous porterons une attention particulière aux propositions ayant une approche interdisciplinaire.

                

Date limite de soumission :

22 janvier 2017 à l’adresse suivante : colloque.ed58.2018@gmail.com

Les formats acceptés sont .doc, .docx ou .pdf

Durée de communication : 20 minutes (en français).

La proposition devra porter mention de votre nom, prénom, coordonnées institutionnelles et un descriptif de votre communication de 350 mots maximum accompagnée de cinq mots clés et d’une brève bibliographie.

La notification d’acceptation sera communiquée en février 2018.

Le colloque se tiendra à l’Université Paul Valéry Montpellier 3 (site Saint Charles), les 03 et 04 mai 2018 et sera suivi d’une publication en 2019.

Des frais d’inscription pour les communicant.e.s seront sollicités, ils incluent les pauses cafés et les repas (inscription gratuite pour les membres du collège doctoral).

 

Le comité scientifique

Direction : Pr. Anne-Marie Gonzalez Raymond (Directrice de l’école doctorale 58)

Membres : Christophe Barbier (doctorant en sciences de l'éducation, LIRDEF - EA 3749)

         Sandy Berthomieu (doctorante en esthétique, CRISES - EA 4424)

         Fedon Nicolaou (doctorant en musicologie, CEMM - EA 4583)