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La littérature haïtienne dans la Caraïbe: poétiques, politique, intertextualité (Paris 8)

La littérature haïtienne dans la Caraïbe: poétiques, politique, intertextualité (Paris 8)

Publié le par Marc Escola

Colloque international

La littérature haïtienne dans la Caraïbe : poétiques, politique, intertextualité

Université Paris 8    

Jeudi 28 et vendredi 29 novembre 2019

 

Par la richesse de sa production, la littérature haïtienne apparaît comme l’une des plus fécondes de la Caraïbe et de l’espace francophone. Si, d’une part, les auteur.e.s publient à un rythme régulier et, d’autre part, l’horizon littéraire voit émerger de nouvelles générations d’écrivain.e.s, le discours de la critique accompagne ce mouvement de manière inégale. Depuis l’ouvrage collectif Relire l’histoire littéraire et le littéraire haïtien publié en 2007 à la suite du colloque qui s’est tenu à Jacmel en 2004, rares sont les publications - mis à part des recensions d’ouvrages et des articles publiés dans les quotidiens haïtiens ou étrangers, généralement lors de la parution d’une œuvre - qui tentent d’aborder les orientations esthétiques du littéraire haïtien. Face à cette production littéraire féconde, une question s’impose : où en est la critique sur la littérature haïtienne aujourd’hui ? Est-elle toujours logée dans cet ensemble de dogmes et de « propositions totalisantes »[i] (évoquées naguère par Lyonel Trouillot) auxquels elle aurait du mal à renoncer ? Quelles sont les avancées de la critique et des études littéraires durant les deux dernières décennies, pour le moins ? Est-elle sortie de ces « quelques impasses »[ii] évoquées il y a une décennie par Christiane Ndiaye? Les récentes publications sur le littéraire[iii], qui semblent indiquer qu’un effort considérable est en train d’être accompli au sein de la critique de la littérature haïtienne, ont-elles sonné le glas des lectures réductrices, procédant par approche vérificatoire et lieux communs du type « l’œuvre X reflète parfaitement la réalité haïtienne… » ?

Ce sont ces questions que souhaite soulever, voire résoudre, ce colloque. L’enjeu théorique sera double : il s’agira, d’une part, d’analyser les dynamiques contemporaines de la critique littéraire haïtienne et, d’autre part, de comprendre comment une approche par les projets esthétiques permet de renouveler cette critique. Ce colloque se veut donc une occasion de réfléchir, à la fin des deux premières décennies de ce XXIème siècle, sur les projets esthétiques haïtiens afin de contribuer à renouveler le discours de la critique.

Ce colloque est d’abord une invitation à revisiter la production littéraire haïtienne en identifiant ses différents projets esthétiques et en en proposant des formulations théoriques. Ces projets esthétiques sont, en effet, souvent mis en œuvre dans le pli des textes littéraires sans qu’ils n’aient été clairement formulés sous forme de manifestes, d’articles ou de préfaces. Il appartient donc à la critique et aux études littéraires de théoriser les pratiques d’écriture de la littérature haïtienne et de dégager les « partis pris » esthétiques ainsi que les rapports de liens et de ruptures entre écrivain.e.s ou entre générations d’écrivain.e.s haïtien.ne.s.  

Ces projets esthétiques élaborés et mis en œuvre dans la littérature haïtienne conduisent à interroger la place occupée par cette littérature au sein de la Caraïbe. Il s’agira de poser cette question d’importance en termes de relations et d’intertextualités et de questionner les rapports qu’entretiennent ces projets esthétiques avec ceux des autres écrivain.e.s de l’espace caribéen. Cette approche comparatiste permettra de mettre à jour une possible identité littéraire transcaribéenne qui affleurerait dans ces projets communs, ou, au contraire, la singularité des projets esthétiques haïtiens par rapport au reste de l’archipel. Il s’agit donc de s’interroger sur l’interaction de la littérature haïtienne et des autres littératures caribéennes afin d’en dégager les sémiotiques partagées.

Si certain.e.s écrivain.e.s haïtien.ne.s sont très connu.e.s alors que d’autres sont méconnu.e.s voire même oublié.e.s, cela a partie liée avec la question de l’édition, de la diffusion et de la réception des œuvres littéraires. Les circuits de diffusion influencent le paysage littéraire haïtien, permettant la circulation des projets esthétiques en et hors d’Haïti, voire modifiant leur teneur selon le lectorat (national, régional, diasporique) auquel ils pourront parvenir. Ce colloque est donc aussi une invite lancée non seulement aux critiques littéraires et aux universitaires mais aussi aux écrivain.e.s, aux éditeurs et éditrices afin de débattre des difficultés de l’édition et de la circulation nationale, régionale et mondiale des œuvres littéraires haïtiennes.

Les dynamiques éditoriales sont étroitement liées aux enjeux de langue dans le cas de la littérature haïtienne. Quelle place occupe la littérature d’expression créole aujourd’hui dans les projets esthétiques haïtiens ? Peut-on formuler la problématique de la langue seulement en termes des rapports entre le français et le créole ? Quel regard doit-on porter sur les autres langues d’expression de la littérature haïtienne à savoir l’anglais et l’espagnol ? Comment ces différents choix linguistiques et projets esthétiques modifient-ils les modes d’édition, de diffusion et de réception des œuvres haïtiennes sur la scène littéraire mondiale et nationale ?

La politique contenue et transmise par les œuvres littéraires demande, enfin, à être théorisée dans ses méthodes et ses effets. Suffit-il qu’une œuvre représente ou thématise les problèmes politiques du pays pour lui accorder une valeur politique ? Que dirait-on des œuvres qui se trouvent esthétiquement (trans)formées par la manière dont le discours social les travaille de l’intérieur pour, par la suite, questionner diversement le sensible, même sans s’inscrire dans l’esthétique réaliste? C’est à la fois ce rapport entre projets esthétiques et politique et la théorisation de ce rapport par la critique littéraire qu’il conviendra ici d’interroger.

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Les propositions de communication pourront s’organiser autour de ces différents axes problématiques :

  • Projets poétiques et esthétiques : transmissions, transformations, ruptures
  • Sémiotiques partagées : littératures haïtienne, antillaise, caribéenne.
  • Éditions et réceptions de la littérature haïtienne
  • Littérature d’expression créole
  • Politique de la littérature haïtienne

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Les propositions de communication qui comprendront un titre, un court argumentaire de 4000 signes maximum, une notice biobibliographique et les coordonnées de l’intéressé.e sont à envoyer au plus tard le vendredi 15 mars 2019 à l’adresse suivante : colloquelitteraturehaitienne@gmail.com

 

Dates importantes

21 décembre 2018 : lancement de l’appel à communications

15 mars 2019 : date limite d’envoi des propositions de communication

Avril 2019 : réponses

28 et 29 novembre 2019 : tenue du colloque

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Publication :

Le comité scientifique retiendra, après évaluation, les communications qui feront l’objet de publication dans un numéro spécial de la revue Legs et Littérature.

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Comité scientifique

Françoise Simasotchi-Bronès, Professeure des universités, département de littératures française et francophones, Université Paris 8.

Christiane Ndiaye, Professeure des universités département de littératures de langues française, Université de Montréal.

Yolaine Parisot, Professeure des universités, professeure de Littératures francophones et comparées, département de Lettres, Université Paris-Est-Créteil.

Darline Alexis, Professeure, département de Lettres Modernes, École Normale Supérieure, Université d’État d’Haïti.

Nadève Ménard, Professeure, département de Lettres Modernes, École Normale Supérieure, Université d’État d’Haïti.

Jean Waddimir Gustinvil, Professeur, département de Philosophie, École Normale Supérieure de Port-au-Prince.

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Comité d’organisation :

Ulysse Saint-Louis MENTOR, doctorant en littérature française et francophones, Université Paris 8.

Natacha D’Orlando, doctorante en Études féminines et Littératures Générales et Comparées à l’Université Paris 8.  

Darline ALEXIS, Professeure, département de Lettres Modernes, École Normale Supérieure, Université d’État d’Haïti, coordonnatrice du pôle Haïti du colloque. 

Jean Jacques CADET, doctorant en Philosophie, Université Paris 8.

Loudmie GUÉ, docteure en philosophie.

Odonel Pierre-Louis, Professeur, département de Philosophie, École Normale Supérieure de Port-au-Prince.

 

Contact :

colloquelitteraturehaitienne@gmail.com

 

 

[i] Lyonel Trouillot, « La construction des dogmes. Le typique et le général », Collectif, Relire l’Histoire littéraire et le littéraire haïtiens, Port-au-Prince, Presses Nationales d’Haïti, 2007, pp. 443-460. 

[ii] Christiane Ndiaye, « Quelques impasses du discours critique littéraire du XIXème siècle », Collectif, Relire l’Histoire littéraire et le littéraire haïtiens, Port-au-Prince, Presses Nationales d’Haïti, 2007, pp. 461-475.

[iii] Yolaine Parisot, Regards littéraires haïtiens. Cristallisation de la fiction-monde, Paris, Éditions Classique Garnier, 2018.  La Critique littérature, Revue Legs et Littératures, No 10, Port-au-Prince, Juillet 2017. Nadève Ménard, dir., Écrits d’Haïti. Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006), Paris, Kathala, 2011. La critique littéraire, Conjonction, La revue franco-haïtienne de l’institut français d’Haïti, No 209, Port-au-Prince, 2009.