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La Bande dessinée africaine francophone. Musée(s) du Contemporain (revue Mouvances Francophones)

La Bande dessinée africaine francophone. Musée(s) du Contemporain (revue Mouvances Francophones)

Publié le par Romain Bionda (Source : Mouvances francophones)

Existe-t-il une bande dessinée africaine, qui plus est francophone ? Poser une telle énigme revient à indexer deux notions qui s’avèrent également à l’œuvre dans le locus discursif et historiographique du roman africain francophone : la notion de champ chère à Pierre Bourdieu et celle d’une esthétique qui serait authentiquement africaine ; en bande dessinée, on parlerait plutôt de graphisme.                          

Si pour Massimo Repetti, qui analyse les pratiques scénariographiques africaines allant du sud-africain Conrad Botes au congolais Barly Baruti, les « African comics as homogenous entity probably does not exist. It is perhaps more accurate to speak of ‘‘comics from Africa’’ interest which has taken concrete form in various exhibitions and international festivals, as well as in the publications of comics albums and academic research » (Repetti, 2007) ; Hilaire Mbiyé, pour sa part, postule que « la BD africaine est une réalité et non un mythe, […] elle se lit, se vend, et […] elle existe sous différents formats » (Mbiyé, 2009).                                                                               

Le premier pose un « cosmopolitanism » tant thématique que graphique quand le deuxième relève les dynamiques symboliques, institutionnelles et sociales qui configurent « des œuvres méritant d’être cataloguées comme une expression authentiquement africaine. »                         

On le voit, parler d’une bande dessinée africaine francophone est loin d’être aisé. Et une occurrence emblématique de cet écueil herméneutique est la série Aya de Yopougon de l’ivoirienne Marguerite Abouet et du bédéiste français Clément Oubrerie, récipiendaire du Prix du premier album au Festival d’Angoulême, en 2006. Succès critique et populaire, cette œuvre sérielle porte en son sein les principaux obstacles à une approche essentialiste du fait scénariographique africain : machine — au sens de Jacques Rancière — de la mimésis spatiale, poïétique transculturelle (l’hybridité culturelle de la genèse de/à l’œuvre), une édition française (dans la collection Bayou des éditions Gallimard) qui tendrait à inscrire cette série dans le champ de la bande dessinée franco-belge... Procès similaire pour la série Eva K de Barly Baruti et Franck Giroud. Toutefois à une telle pratique transculturelle, pourraient être opposée à des œuvres telles que l’hebdomadaire Gbich !, le Gorgorlou de TT Fons ou encore les planches de Papa Mfumu’eto 1er qui  s’inscrivent dans le giron du populaire et connaissent une production ainsi qu’une distribution locales.                            

Dès lors, la mention « Musée(s) du contemporain », pour désigner la bande dessinée africaine francophone, a l’avantage d’opérer sur deux surfaces. Une première surface qui serait une archéologie du regard qui exhume, montre et monte les images des sociétés africaines, de leurs pratiques culturelles et des crises sociales qui la traversent. La deuxième surface, quant à elle, voit se déployer le versant contemporain de l’Imaginaire à l’œuvre dans la B.D africaine francophone.                          

Ce numéro prévoit trois axes de réflexion:

Axe 1 : Champ(s) africain(s) francophone(s) : une cartographie du visible et dicible. Cet axe couvre le choix de questions suivantes : Existe-t-il un champ de la bande dessinée africaine francophone ou serait-il plus judicieux d’opter pour une approche nationale de son histoire et de ses pratiques en circonscrivant, donc distinguant, un champ congolais, malgache, algérien, sénégalais, ivoirien etc. ? Ou encore, une analyse structurelle et dynamique de ce champ pourrait-elle faire l’économie d’un regard sur les institutions éditoriales qui insèrent les œuvres produites dans un quelconque espace de visibilité et un circuit de distribution ? On peut penser, par exemple, à la collection « L’Harmattan BD », à l’anthologie numérique « Africa Comics », à la maison d’éditions Afro-bulles… Enfin, dans quelle mesure serait-il opérant ou inopérant de pointer une tendance graphique africaine propre à un auteur ou à un moment esthétique ?

Axe 2 : Dé-figurer le Sujet dessinant. Il serait question dans le second axe d’ausculter le parcours graphique et thématique propre à un dessinateur et/ou à un scénariste. Il s’agirait d’interroger ce qui informe la bande dessinée comme surface dynamique impliquant ce qui est dit, vu, « entendu ». Nous suggérons des auteurs tels que Serge Diantantu, Pat Masioni, Marguerite Abouet, Didier Kassaï, Pahé, Barly Baruti…ou sur un album spécifique des bédéistes africains francophones.

Axe 3 : Hors-Champs (?) Où et comment situer les pratiques scénariographiques de bédéistes tels que Christophe Cassiau-Haurie, Yvan Alagbé, Hippolyte… ?  Ces auteurs semblent déstabiliser la question de « l’authenticité » comme échelon pour penser l’identité du fait graphique africain.

Envoyer l’article complet de 3000 à 4000 mots (en français ou en anglais) d’ici le 15 mai 2017, à Alain Agnessan, au courriel suivant : aagnessa@uwo.ca. En cas d’illustration, insérer l’image scannée en .jpg dans votre texte Word. La police recommandée est Times New Roman, corps 12. La publication est prévue pour décembre 2017.