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L'œuvre et les institutions (Caen)

L'œuvre et les institutions (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Léa Goret)

Journée d’étude du Laboratoire HisTeMé (ex-CRHQ, EA 7455)

Vendredi 16 novembre 2018

Université de Caen, Maison de la Recherche en Sciences Humaines

 

Les phénomènes artistiques ont suscité l’intérêt de chercheur·se·s de différents champs disciplinaires, « de la philosophie, à la sociologie, à la poétique, à l’esthétique ou à l’histoire » (Aron, Viala, 2006). Ce champ de recherche ne cesse d’approfondir les liens entre l’art et la vie sociale, entre créations individuelles et faits collectifs, mobilisant des approches socio-historique et sémiologique (Lahire, 2016 ; Martin 2016). La figure de l’artiste bohème libre de toute entrave persiste pourtant, et le mythe de l’autonomie de l’art reste largement répandu.

Cette journée d’étude souhaite interroger les rapports des œuvres aux institutions. Inscrite dans un réseau institutionnel (politique, économique, social, culturel), une œuvre d’art peut faire l’objet de contrôle, de censure, de surveillance, mais aussi de valorisation et d’appropriation. Ces transformations peuvent avoir lieu à différents moments : en amont de la production artistique – lorsque les contraintes sont anticipées, pendant son exécution – si sa forme le permet, ou au cours de sa diffusion. S’il s’agit d’une pratique artistique contrôlée ou surveillée pendant une longue période, par un régime politique donné, il se peut que la pratique elle-même se transforme. Les processus de sélection et de légitimation qui découlent de cette action institutionnelle contribuent in fine à donner forme à « l’œuvre même », et à plus grande échelle à dessiner des formes esthétiques hégémoniques.

L’analyse des relations entre l’œuvre et les institutions oblige ainsi à croiser des méthodologies disciplinaires diverses tirées aussi bien de l’histoire, de la sociologie, que de l’esthétique et la sémiologie. Le corpus théorique attaché à ces problématiques est vaste et demande pour chaque objet à être actualisé. Cette journée d’étude propose de réunir des travaux de jeunes chercheur·se·s engagé·e·s dans un travail d’actualisation de ces problématiques, afin de partager des questionnements méthodologiques et transdisciplinaires. Les interventions porteront sur la période contemporaine jusqu’à l’histoire du temps présent (XIXème jusqu’au XXIème siècle). Elles privilégieront les études de cas de n’importe quelle production artistique (Cinéma, Théâtre, Musique, Danse, Poésie, Littérature, etc.) à travers le monde.

Les deux axes proposés ci-dessous posent des questions d’ordre méthodologique : quels fonds d’archives utiliser pour rendre compte des conséquences d’une pratique censoriale sur une œuvre ou une pratique artistique ? Les modalités de production et de diffusion des œuvres, leur médiatisation et la position de l’artiste peuvent-elles constituer des éléments de compréhension des rapports de l’œuvre aux institutions ?

1. Surveillance, contrôle, censure. La phase finale – et visible – des procédés de censure ayant cours dans des régimes autoritaire ou démocratique (Durand, 2006) ne permet pas toujours de comprendre les modifications qui découlent de la surveillance d’une pratique artistique, et la façon dont les artistes peuvent s’adapter ou non à ces contrôles. Face à de tels processus, certains artistes peuvent du reste élaborer des stratégies de contournement.

2. Processus de (dé)légitimation. Absence de censure ne signifie pas absence de contraintes : le marché culturel, les modalités de financement, la multi-positionnalité des artistes et leur réseau d’interconnaissances sont autant de facteurs d’art (1) (Cometti, 2012) qui contribuent à définir les formes esthétiques, leurs conditions d’émergence et de reconnaissance. Ces processus peuvent s’inscrire dans un temps long et distordre le contexte de production des œuvres, ou bien amener une reconnaissance tardive.

 

Les propositions, d’environ 3000 signes espaces compris, sont à envoyer pour le 30 juin 2018 à l'adresse je.oeuvre.institutions@gmail.com, accompagné d’une courte notice bio-bibliographique.

(1) Les « facteurs d'art » sont des actions et modes d'actions qui s'actualisent dans les dispositifs institutionnels, culturels et sociaux.

 

Comité d’organisation : Léa Goret et Emmanuelle Thiébot

 

Comité scientifique

Myriam Juan – Université Caen Normandie (LASLAR, EA 4652)

Yassaman Khajehi – Université Clermont Auvergne (CHEC, EA 1001)

Melisande Leventopoulos – Université de Paris 8 (ESTCA, EA 2032)

Chantal Meyer-Plantureux – Université Caen Normandie (HisTéMé, ex-CRHQ, EA 7455)

François Rouquet – Université Caen Normandie (HisTéMé, ex-CRHQ, EA 7455)

 

Bibliographie indicative

Aron Paul, Viala Alain, Sociologie de la littérature, PUF, « Que sais-je ? », 2006,

Cometti Jean-Pierre, Art et facteurs d’art, ontologies friables, PUR, 2012.

Durand Pascal, La censure invisible, Actes Sud, 2006.

Lahire Bernard, « Pour une sociologie de la littérature », Idées économiques et sociales, 2016/4.

Martin Laurent (dir.), Les censures dans le monde XIXe – XXe siècle, PUR, 2016.