Actualité
Appels à contributions
Journée d'étude : 

Journée d'étude : "L’Image composite aujourd’hui" (Aix-en-Provence)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Laboratoire d'études en sciences des arts)

Journée d'étude : "L’Image composite aujourd’hui" (Aix-en-Provence)

 

Cette journée d’étude prolongera celle proposée en 2018 – « Imaginaires du composite. Images et mondes contemporains » – en se concentrant sur les caractéristiques de l’image composite aujourd’hui. Elle s’attardera notamment sur les mélanges d’espaces 2D, 2,5D, 3D ; la coprésence de dessins, d’images appareillées, générées par ordinateurs, fixes, en mouvement ; la pluralité des formats d’image ; les agrégats à distance, automatisés, gigantesques ; et la généralisation du compositage en temps réel. Cette interrogation prendra en considération les effets et lectures envisageables pour l’époque actuelle à travers l’étude de productions en art contemporain.

Texte de cadrage

Déjà en 2001, Lev Manovich remarquait la chose suivante :

La composition numérique est exemplaire d'une opération plus générale propre à la culture informatique : l'assemblage d'un certain nombre d'éléments pour la création d'un objet homogène. Nous pouvons donc distinguer la composition au sens large (l'opération dans son ensemble) et la composition au sens restreint (l'assemblage d'éléments des images d'un film pour créer un plan photoréaliste). Cette dernière correspond à l'acception admise du terme « composition » (compositing). J'y vois, quant à moi, un cas particulier d'une opération plus générale qui se retrouve dans l'assemblage de tout objet néomédiatique[1].

En remplaçant dans cette citation le terme néomédiatique par numérique, on peut dire que le point de vue développé par Lev Manovich se voit largement confirmé en 2018, époque dite du « tout numérique » et du « Web 2.0 », où les cas particuliers de l’opération plus générale de compositage (compositing) se multiplient. En effet, le nombre d’images composites produites par une grande quantité d’individus et distribuées sur Internet est aujourd’hui très important. On peut même arguer que, en 2018, l’image homogène, non composite, est devenue plutôt rare. Cette augmentation de production est également visible chez les artistes. Cependant, certains d’entre eux (Zeman, Rybczynski, Tobreluts…) ont produit de manière significative des images composites dès les années 1970. À la lumière de ces réalisations, plusieurs auteurs (Manovich, Parfait, Dubois) ont exploré et fait émerger, au tournant des années 2000, les caractéristiques plastiques importantes de ce type d’image : la qualité d’ajointement des différents éléments (visibles, suggérés, invisibles) ; le jeu avec la spatialité particulière qu’elle porte (mélange entre espace bi et tridimensionnel et l’étrange espace appelé 2,5D[2]) ; la temporalité des transformations (apparition et/ou disparition d’un élément, s’apparentant au mixage plutôt qu’au montage).

Depuis ce recensement, l’image composite a connu diverses transformations, notamment à travers l’entrée dans le « tout numérique ». On peut par exemple remarquer que la pluralité des médiums se tenant compagnie est en augmentation. En effet, il n’est plus rare de croiser dans des productions artistiques : dessins, images appareillées, images générées par ordinateurs, images fixes, en mouvement, etc. S’ajoute à cela une pluralité de formats d’image (format téléphone intelligent, caméra 4K, drone, caméra de surveillance, web cam…). Aussi, il est maintenant possible qu’une seule image soit d’une bien plus grande dimension et contienne une quantité d’images bien plus conséquente. Cela permet notamment des compositages (compositing) aux dimensions vertigineuses mettant à mal l’entendement humain (série Façades de Markus Brunetti, Fatras d’Alain Paiement).

Dans ce contexte renouvelé de l’image composite, cette journée d’étude cherchera à en savoir plus sur ses particularités aujourd’hui. Comment peut-on la définir ? Notamment, est-ce que des changements dans ses caractéristiques se sont produits au cours de ces vingt dernières années ? Si oui quel sont-ils ? Enfin, qu’est-ce que la production et la circulation d’images composites permet d’apprendre sur l’époque actuelle ?

À ce stade du questionnement, diverses pistes de réflexion, non exhaustives, peuvent être envisagées :

1) Types d’ajointement. À la fin des années 1990, une opposition était fortement marquée entre les productions composites aux points de jonction visibles (de type clip MTV) et celles aux ajointements dissimulés (films à grand spectacle). Selon Lev Manovich, les artistes se situaient entre ces deux extrêmes[3]. Cependant, si on se réfère à des artistes plus contemporains (Natalie Bookchin, Hito Steyerl, Camille Henrot), la question semble plus confuse. En effet, cette triple répartition des types de jonction ne semble plus avoir cours aujourd’hui et les trois types se retrouvent dans le champ de l’art contemporain.

2) Types d’espace. Des productions composites contemporaines (courant « post-Internet », Eva et Franco Mattes, Charles Richardson…) proposent une multiplication de points de vue simultanément (dessus, latérale, isométrique, tridimensionnelle, en perspective…). Sous cet angle, l’espace composite tel que le décrivait Lev Manovich[4] se verrait alors augmenté d’autres espaces.

3) Agrégation à distance. Par ailleurs si Telematic Vision de Paul Sermon permettait un croisement de personnes situés en deux lieux distincts, Internet est devenu l’espace d’agrégation (cas particulier de compositage) aussi bien de vidéos en direct qu’en différé (In flat B de Darren Salomon, Tempo de Marie-Julie Bourgeois, On Love de Annie Abrahams).

4) Automaticité. La démocratisation de la programmation et l’utilisation grandissante des algorithmes a entrainé un ensemble de pratiques où les images sont compositées (assemblées) automatiquement (exposition 123 data, Googlegrames de Joan Fontcuberta).

5) « Réalité » composite/compositage en temps réel. Depuis The Golden Calf de Jeffrey Shaw d’un côté et les incrustations sur fond vert en direct de l’autre, la réalité augmentée s’est répandue au point de rendre le compositage en direct banal. On pourrait penser aux utilisations aussi diverses que les téléphones intelligents où des informations s’ajoutent à l’écran ou transforment ce qui est capté, aux tablettes permettant de découvrir divers personnages ajoutés à l’espace « réel », jusqu’aux casques de réalité mixte (Andreas Schmelas & Stefan Stubbe, Artificial Smile ; Donald Abad, L’Irrésistible ascension…).

 

Modalités de soumission :

Les propositions de communication (en français), accompagnées d’un résumé de 300 mots environ (titre, axe choisi, mots clés, bibliographie) et d’une brève notice bio-bibliographique, doivent être envoyées avant le 1er février 2019 à l’adresse suivante :

damien.beyrouthy@univ-amu.fr

Une réponse sera envoyée courant février.

 

 

Responsable scientifique : Damien Beyrouthy

 

Adresse :

 

Université d’Aix-Marseille

Site Schuman

Aix-en-Provence

 

[1] Manovich, Lev, Le langage des nouveaux médias (2001), Dijon, les Presses du réel, 2010, p. 270.

[2] Pour rappel, Lev Manovich identifiait au moins quatre espaces : 1) Ordre spatial des strates dans un composite (espace 2,5D) ; 2) Espace virtuel construit au moyen de la composition (espace 3D) ; 3) Mouvement 2D de strates par rapport au cadre de l'image (espace 2D) ; 4) Relation entre l'image en mouvement et les informations qui s'y rattachent dans les fenêtres de réglage (espace 2D). Manovich, Lev, Le langage des nouveaux médias (2001), Dijon, les Presses du réel, 2010, p. 297-298.

 

[3] À ce propos, voir Manovich, Lev, Le langage des nouveaux médias (2001), Dijon, les Presses du réel, 2010, p. 302.

[4] Voir la note numéro 2 pour des précisions.