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Autobiographies métisses (Dunkerque)

Autobiographies métisses (Dunkerque)

Publié le par Marc Escola (Source : Justine Jotham)

ULCO - Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (UR H.L.L.I., EA 4030)

APPEL À COMMUNICATION

JOURNEE D‘ETUDE « Autobiographies métisses »

Dunkerque, 15 mars 2019

 

En exposant les bases de son concept de « créolisation », Edouard Glissant, dans le Traité du Tout-Monde, dépasse la définition du « métissage » dans son acception strictement scientifique pour s’intéresser à la mise en contact d’éléments culturels distincts offrant une « donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme ou à la simple synthèse de ces éléments ».

Répandu à travers le monde depuis des siècles, et plus particulièrement dans certaines zones géographiques en raison d’événements historiques, le métissage offre une nouvelle définition de l’homme qui ne saurait alors être le fruit d’une seule culture. Certains anthropologues refuseront la notion de métissage, arguant qu’elle renvoie à l’idée de races impliquant un jugement de valeur du pur et de l’impur. Ce dernier existe en effet dans certaines sociétés, qui ont empêché ou découragé les unions mixtes, donnant par là même l’image d’une hiérarchisation et d’une supériorité d’un des deux groupes sur l’autre. Une preuve de cette lente acceptation réside dans la nécessité de passer par des lois interdisant toute restriction, comme l’a fait la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Si aujourd’hui philosophes et journalistes aiment affirmer que le métissage est une chance, on est néanmoins forcé de constater qu’il n’est pas totalement débarrassé d’une certaine ambiguïté. Il demeure encore une blessure à panser (en raison de la violence dans laquelle les unions se sont parfois faites), une revanche à prendre, une lutte à mener.

Le métissage offre ainsi une réflexion sur le mélange des cultures, sur l’appropriation d’héritages mixtes et sur l’ouverture vers l’autre ou l’affranchissement de frontières géographiques ou intimes. Si on aspire grâce lui à une fusion de l’un et de l’autre (de l’un dans l’autre), celle-ci est difficilement (et rarement) complète. La tentative d’union de l’un et de l’autre est plus vraisemblablement l’un plus l’autre, voire l’un sans l’autre.

La littérature fait de la représentation des « cultures mélangées » (mélanges en surface/en apparence ou accomplis de manière plus ou moins profonde) un thème fécond. Qu’apporte le discours des auteurs à cette réflexion ? C’est à ces « écritures métisses » que nous nous intéresserons au fil d’une série de journées permettant d’approfondir le questionnement, sans volonté d’arrêter une définition ou une considération univoque du métissage. Il s’agit au contraire de donner une vision plurielle d’un phénomène qui, par sa nature même, ne doit en aucun cas se refermer sur lui-même.

Notre première journée d’étude consacrée aux « écritures métisses » (la seconde journée, « Littérature et métissage linguistique », aura lieu en octobre 2019, et la troisième, « Fictionnalisations du métissage », en mars 2020), se centrera sur les « Autobiographies métisses », sur les multiples et féconds angles d’analyse auxquels elles se prêtent, sur les nombreux questionnements qu’elles soulèvent.

AXES DE RECHERCHE

Comment les auteurs métis abordent-ils la question du métissage ? Choisissent-ils de l’écrire à la première personne ou l’incarnent-ils dans un personnage de fiction ? Quelle place ce métissage prend-il dans le processus de création ? Par quels biais ? L’œuvre s’affirme-t-elle comme un espace de réflexion et/ou de (ré)conciliation des identités constitutives de ce « moi métis » ? L’identité métisse y apparait-elle comme rhizomatique ; puise-t-elle dans la mémoire individuelle ou dans les mémoires collectives ? Dans quelle mesure cette écriture du « je » métis parle-t-elle en nom collectif ? L’acte d’écriture est-il motivé par l’exil, par un sentiment ou une situation de marginalité sociale ?

Il ne s’agit là que de quelques pistes de réflexion parmi tant d’autres.

PROPOSITIONS

Les propositions de communication, accompagnées d’un résumé de 20 lignes et d’une brève notice bio-bibliographique, sont à adresser avant le 15 décembre 2018 à l’adresse suivante : ecrituresmetisses.ulco@gmail.com 

Le comité d’organisation communiquera la liste des propositions sélectionnées ainsi qu’un programme prévisionnel de la journée d’étude à compter du 15 janvier 2019.

Ces trois journées d’étude consacrées aux « Ecritures métisses » donneront lieu à la publication d’un volume.

Comité d'organisation :

Justine Jotham (MCF, ULCO)

Romain Magras (MCF, ULCO)

Patrycja Kurjatto-Renard (Docteur en littérature américaine, ULCO)