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Du vécu à l'œuvre : la mémoire en question dans la littérature moderne (Nador, Maroc)

Du vécu à l'œuvre : la mémoire en question dans la littérature moderne (Nador, Maroc)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Faculté Pluridisciplinaire de Nador)

Du vécu à l'œuvre :

la mémoire en question dans la littérature moderne

Faculté Pluridisciplinaire de Nador

4-5 décembre 2019

 

Les critiques s’accordent pour voir en la mémoire un élément crucial d’un texte littéraire. Elle en restitue l’intention de son auteur, notamment s’il s’agit d’un représentant de la littérature égotiste. Elle est scellée dans un cadre spatio-temporel qui en trace la destinée. Tributaire de plusieurs dimensions qui changent selon les conjonctures, son fonctionnement est parfois flou et se présente en brèches.

Le souvenir est le seul moyen qui soit idoine pour revoir le passé. Parti pris, une aporie existentielle s’impose. L’auteur se heurte incessamment et volontairement à une puissance, l’empêchant à jamais de retrouver son identité le plus souvent perdue. La relecture de l’Histoire à travers les strates de la mémoire est associée à un ancrage dans un espace. Attentif à la fonction idéologique des personnages dans des lieux, l’auteur des récits de vie crée des péripéties selon l’acheminement des êtres volatiles. Le lecteur est devant un parallélisme entre le paysage spatial et la connotation historique. L’espace recèle la vie antérieure et « intérieure » des personnages souvent en anti-héros, souvent ballotés au gré des aléas de l’existence. Le lecteur se doit de délimiter mentalement cet espace pour appréhender probablement la peur qui y est semée jusqu’à l’infini et circonscrire en définitive son vide.

Ne s’agit-il pas, à travers tout écrit de l’« histoire d’une époque », d’une mémoire qui s’érige en une édification d’«histoire des mœurs et des idées » ? Une écriture des sentiments s’installe moyennant de multiples détournements. La construction de cette mémoire passe par un laboratoire qui fusionne avec des brèches infidèles dans le dessein de créer un « nouveau passé ». Chaque auteur est aimanté par le passé et incommodé par le monde contemporain, infiniment variant. On ne peut donc aborder les écrits égotistes comme de simples chroniques qui puissent fixer les faits.

Sa mémoire aidant, l’auteur révèle une conscience inquiète, toujours prête à s’interroger. Ainsi se dessine peu à peu l’originalité du rôle de la mémoire dans l’écriture. Différentes dimensions surgissent tour à tour quand la conscience rejette sur le monde extérieur les impressions qu’elle en a reçues. Parfois le travail d’archéologue de mémoire se montre délibérément dans de tels écrits. L’archéologue-observateur ne parvient jamais à changer le cours des événements. Il se présente comme détective dont l’entreprise est nulle et non avenue, d’où la remise en question de la notion du récit.

La mémoire est au cœur des sollicitations extérieures que le monde moderne vit. Elle contribue à refondre et à repenser bien des théories, particulièrement celles relatives aux genres des textes. Sa complexité et sa richesse donnent aux critiques du grain à moudre. Précisément, l’autofiction en est la manifestation la plus répandue de nos jours. Traiter le sujet de l’autofiction s’avère, d’ores et déjà, une entreprise imprudente, et si l’on veut être d’obédience aristotélicienne le projet est toujours relégué dans le mystère et l’énigmatique, puisque le même Aristote invoque la manière d’imiter les faits pour différencier les genres. Une telle différenciation ne tranche pas, ne résout pas le problème des voix dans les ouvrages à tendance égotiste. Cette action est justement de mise dans les écrits autofictionnels, sous des formes nouvelles, se démarquant des formes ordinaires et habituelles au lecteur potentiel. Elle présente alors une nouvelle architechtonique, celle qui est dotée d’une autre  rhétorique du récit.

Aux XX et XXI siècles, la mémoire est fortement exaltée sous les auspices d’une littérature exhibitionniste prônant l’autofiction. Et Serge Doubrovsky d’inventer le terme: « Fiction, d'événements et de faits strictement réels. Si l'on veut, autofiction, d'avoir confié le langage d'une aventure à l'aventure d'un langage en liberté. » (Fils, Galilée, 1977). Cette liberté, aux niveaux scriptural et narratologique, intéresse plus que les autres aspects de la nouvelle notion ; elle en est simultanément la manifestation et la matérialisation. Dans ce cadre, la mémoire devient le croisement de la narration du réel de la vie de l’auteur et d’une autre narration fictive analysant l’expérience vécue, une transposition fictionnelle d’une gageure et d’une motivation encline à témoigner.

Grâce à la mémoire, toutes les facettes de l’art peuvent être  mises en œuvre, en prônant la devise du va-et-vient du texte écrit dont l’image est lisible à la photo - à titre d’exemple -  qui constitue la représentation iconique en perpétuelle attente d’une interprétation littéraire. Une telle entreprise se solde sur l’évocation et non pas sur la simple imitation. Parti pris, le système d’analogie s’avère inhérent à l’entreprise scripturale. Ce système est, de ce fait, le défenseur d’une poétique à venir qui changerait la matière apparente par une substance enfouie dans les tréfonds de l’âme esthète. Ainsi, le mouvement spirituel fait-il sa résurgence, et détrône toute analyse simpliste. La résorption des arts et de la littérature est la meilleure manifestation de la mémoire humaine qui exige parfois l’abandon de quelques possibilités narratives laissées volontairement à l’imagination du lecteur. Et le lecteur et le spectateur se doivent de transfigurer l’œuvre d’art, et d’assouvir un désir l’emportant au-delà de la réalité vécue par le commun des mortels.

Propositions d’axes :

  • Autofiction et récit de vie
  • Mémoire et littérature
  • Mémoire et histoire
  • Mémoire et création
  • Espace et temps comme vecteurs de la mémoire.
  • Immersion des arts dans la littérature égotiste
  • Problèmes génériques dans les récits de vie.

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Comité organisateur :

Hassan Banhakeia ; Sallem El Azouzi ; Sanaa Yachou ; Boujamaa El Kouy ; Houcein Farhad ; Abdellah Azaouagh ; Najat Zerrouki ; Omar Yahyaoui ; Hassan Chahbari

Comité scientifique :

Hassan Banhakeia ; Sallem El Azouzi ; Sanaa Yachou ; Boujamaa El Kouy ; Houcein Farhad ; Abdellah Azaouagh ; Najat Zerrouki ; Omar Yahyaoui ; Hassan Chahbari

Langues de communication : français, arabe, anglais, amazigh

Une publication des communications est prévue.

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Les propositions de 1500 signes environ, accompagnées d’une brève biographie, sont à envoyer avant le 15 novembre 2019 aux adresses suivantes : banhakeia@hotmail.com, sallemelazzouzi@hotmail.com.

Il est à noter qu’après avis favorable, les intervenants devront envoyer leurs communications en entier aux deux adresses.