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Linguistique et Poétique : lecture croisée du texte littéraire (Tunis)

Linguistique et Poétique : lecture croisée du texte littéraire (Tunis)

Appel à contributions pour le 31 août

Linguistique et Poétique : lecture croisée du texte littéraire

Colloque international organisé par l'U.R. Approches Transversales en Langue et Littérature

 

Il fut un temps où les littéraires se servaient de la linguistique structurale comme une « trousse à outils » et la considéraient comme la science du langage quasi-miraculeuse qui leur offrirait des modèles de lecture applicables presque à tous les types de textes. L’approche structuraliste qui étudiait l’œuvre littéraire « en elle-même et pour elle-même » eut, en effet, des jours heureux notamment dans les genres du récit et de la poésie.

Dominique Maingueneau a sans doute raison d’affirmer qu’il est très difficile de réfléchir sur les relations actuelles entre Littérature et Linguistique à cause de la pratique d’enseignants et de chercheurs qui empruntent leurs concepts opératoires indifféremment, « et parfois de manière incontrôlée », à la stylistique, au structuralisme et à la pragmatique du discours. Cette pratique hybride se mue aujourd’hui en un savoir-faire critique qui varie considérablement d’un chercheur à un autre face à la chose littéraire. Ces acquis terminologiques ont besoin d’être revus, nuancés et consolidés.

En fait, ce que doit véritablement la critique littéraire et académique à la linguistique est ailleurs. Bien au-delà des emprunts terminologiques et conceptuels qu’elle a dû lui fournir, la linguistique textuelle l’a dotée d’une vision qui a radicalement changé la donne : avant d’être l’expression d’un imaginaire, d’un style ou d’une conscience particulière, l’œuvre littéraire est d’abord une activité langagière ou une construction verbale analysable comme discours. Linguistes et poéticiens reconnaissent aujourd’hui que la littérature est une activité langagière très particulière (finalité, fictionnalité et modalité expressive). Sa spécificité la rend particulièrement résistante aux approches normatives, quelles qu’elles soient. Depuis quelque temps, la pragmatique traite des images de l’auteur dans l’œuvre (ethos) ainsi que du rapport de celle-ci à son contexte (Maingueneau, Amossy, Meizoz, etc.). Elle contribue de plus en plus à l’explicitation de ce code propre à l’écriture littéraire.

La rencontre entre spécialistes du langage et spécialistes du texte littéraire, à l’occasion du colloque qui sera organisé par notre unité de recherche (ATLL), doit montrer, à l’évidence, qu’au-delà de la différence de leurs objectifs respectifs (recours au texte littéraire pour cerner des fonctionnements langagiers/meilleure compréhension du discours littéraire), il existe une convergence de préoccupations théoriques enrichissantes pour les deux parties.  Aussi ces préoccupations pourraient-elles être développées dans au moins trois directions différentes mais complémentaires.

Axes de réflexion

Notions et concepts en partage

La dette qu’a la critique littéraire contemporaine envers la linguistique mérite d’être rappelée et évaluée. Il va sans dire que nous n’avons ici ni l’ambition ni l’intention d’en faire le bilan. En revanche, ce colloque offre l’opportunité de nous interroger, par exemple, sur l’apport de la linguistique à la narratologie (Gérard Genette, Jean-Michel Adam, Paul Ricoeur, Raphaël Baroni, etc.). Les notions “discours/récit” sont à considérer non “sur le mode de la complémentarité (un texte est soit du récit, soit du discours), mais sur celui de l’inclusion” et exigent de situer résolument la linguistique textuelle dans le domaine plus vaste de l'analyse du discours et de son hétérogénéité.

Ce même type de questionnement concerne la relation de la linguistique à la stylistique (Jean-Michel Adam, Georges Molinie, Joëlle Gardes Tamine).

L’utilisation de corpus littéraires en lexicographie

Mais au-delà de ce premier volet théorique, notre rencontre vise surtout à encourager des lectures qui mettent en évidence le lexique des œuvres et le vocabulaire des auteurs. Le statut du discours littéraire en lexicographie est aussi riche que complexe :

  • Forme et fonction de la citation littéraire dans le dictionnaire de langue ;
  • Les écrivains et le dictionnaire ;
  • La citation littéraire : de l’illustration à la manipulation.

Avec le développement des outils informatiques et la constitution de corpus numérisés (data base), les rapports se multiplient et se diversifient. Les dictionnaires présentent tous désormais des versions numériques mises à jour chaque année. A partir des corpus numérisés, il est désormais possible de procéder à des analyses approfondies du répertoire lexical des œuvres littéraires, tous genres confondus.

Énonciation littéraire, fiction et autofiction

En dépit des efforts fournis tant dans le domaine la linguistique du discours que dans celui de la critique littéraire, certaines questions, telles que l’énonciation littéraire, la fiction et l’autofiction, demeurent posées et constituent des « points aveugles » qui ne pourraient être élucidés et mieux saisis qu’à l’aide de travaux ponctuels et pratiques portant sur des textes modernes et postmodernes dont l’énonciation est souvent complexe, voire déroutante. Plusieurs romanciers contemporains pratiquent l’autofiction et rendent ainsi poreuse la frontière entre le factuel et le fictionnel, entre le personnage et son auteur qui épouse des postures différentes dans le texte et dans le hors-texte (interviews, médias, essais théoriques, etc.).

L’ATLL, qui a fait de la transversalité son vecteur de recherche, entend la pratiquer pleinement en organisant cette rencontre entre linguistes et poéticiens autour de la chose littéraire.

 

Format des interventions

Les communicants disposeront de 15 minutes de présentation suivie de 15 minutes de discussion.

Modalités de soumission et de participation

Les propositions doivent compter au maximum 500 mots (bibliographie non comprise). Elles présenteront le titre, l’axe dans lequel s’insère la proposition, la problématique et la méthodologie.

Rédaction des propositions de communication : français, anglais (avec la traduction en français) ou arabe (avec la traduction en français) ;

Format du fichier : Word [Enregistrement du document sous à Type à Document Word 97-2003 (*.doc)] ;

Coordonnées : titre de la communication, axe choisi, prénom et nom de l’intervenant, affiliation (institution et structure de recherche de rattachement) et adresse électronique ;

Mots-clés : 6 maximum ;

Références bibliographiques : 6 maximum (Les références bibliographiques doivent être citées selon les normes APA 2010 : 

https://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/bpsp/documents/Bibliographie_APA_F_13doi.pdf

Les propositions devront être envoyées à l’adresse électronique suivante :atll.islt@gmail.com

Calendrier

31-08-2018 : Date limite de soumission des résumés ;

31-09-2018 : Notification des acceptations ;

22/23-11-2018 : Dates du colloque.

Coordinateurs

Béchir BEN AÏSSA (Université de Carthage) ;

Chaâbane HARBAOUI (Université de Carthage).

Comité scientifique

Béchir BEN AÏSSA (Université de Carthage) ;

Houda BEN HAMADI (Université de Carthage) ;

Bourguiba BEN REJEB, (Université de Carthage) ;

Othman BEN TALEB (Université de Tunis) ;

Kamel GAHA (Université de Tunis) ;

Chaâbane HARBAOUI (Université de Carthage).

Comité d’organisation

Azza BENZARTI (Université de Carthage) ;

Zohra CHAOUCH (Université de Carthage) ;

Amina CHÉNIK (Université de Carthage) ;

Neïla GHARBI-KHOUJET EL KHIL (Université de Carthage) ;

Sarra GHERISSI (Université de Carthage) ;

Khaoula KRAEIM (Université de Carthage) ;

Hela SAIDANI (Université de Carthage, Université de Cadix) ;

Ilef ZAAFRANE (Université de Carthage).

Contacts

E-mail : atll.islt@gmail.com

Web : www.islt.rnu.tn

Lieu du colloque

Institut Supérieur des Langues de Tunis (Université de Carthage)

Adresse : 17 Rue Ibn Maja cité el Khadra, 1003, Tunis - Tunisie

N.B : Déplacement et hébergement des participants au colloque ne seront pas pris en charge par l’Unité de Recherche ATLL.

Éléments de bibliographie

ADAM, J. -M., (1997), Le style dans la langue. Une préconception de la stylistique, Delachaux et Niestlé.

ADAM, J. -M., (2011), Les textes, types et prototypes, A. Colin, (3e éd.).

AMOSSY, R., (1999), Images de soi dans le discours, Delachaud et Niestlé.

BARONI, R., (2007), La Tension narrative : suspense, curiosité, surprise, Seuil, Paris.

BARONI, R., (2009), L’œuvre du temps : poétique de la discordance narrative, Seuil.

BONHOMME, M., (2010), Pragmatique des figures du discours, Paris, H. Champion.

CORBIN, P. & GUILLERM, J. -P., (1995), Dictionnaires et littérature / littérature et dictionnaires, Revue Lexique : n°s 12/13/, Presses Universitaires du Septentrion.

FREY, C. & LATIN, D., (1997), Le corpus lexicographique. Méthodes de constitution et de gestion. De Boeck Supérieur, « Champs linguistiques ».

GARDES-TAMINE, J., (2011), Au cœur du langage : la métaphore, H. Champion.

MAINGUENEAU, D., (1993), Le Contexte de l’œuvre littéraire. Dunod.

MAINGUENEAU, D., (2005), Pragmatique pour le discours littéraire, A. Colin.

MEIZOZ, J., (2007), Postures littéraires. Mises en scène modernes de l’auteur, Slaktine.

MOLINIÉ, G., (2014), La stylistique, P.U.F., (2e éd.).

RICOEUR, P., (1983-1985), Temps et récit, Seuil.