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Colloque : "Le Soŋey : état des connaissances et devenir" (Niger)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université de Niamey)

Colloque : "Le Soŋey : état des connaissances et devenir" (Niger)

 

PRÉSENTATION

L’empire Soŋey, un des plus grands Etats précoloniaux ayant marqué le Bilad el Sudan, du 9e au 16e siècle, a rayonné, à partir de Gao[1] sur une bonne partie du Soudan central et du Soudan occidental : à son apogée (1464-1591), il s’étendait au nord jusqu’à Agadez, à l’est aux Etats hausa, à l’ouest jusqu’à l’Atlantique et, au sud jusqu’au pays mossi. Pendant sa longue histoire, l’Etat soŋey a ainsi été un grand brasseur de communautés humaines et créateur d’institutions sociopolitiques et économiques de type avancé. Compte tenu de la diversité et la multitude des communautés humaines concernées, la connaissance de l’histoire du Soŋey peut donc jouer un rôle important dans la construction de l’unité nationale au Niger d’une part, de l’intégration africaine d’autre part.

Défini en termes de « pays », le Soŋey ne peut donc pas se limiter aux seules régions peuplées par le groupe ethnique qui porte le même nom. Culturellement pris, il concerne aussi bien les républiques actuelles du Mali, du Niger, du Bénin, du Nigeria, du Burkina Faso et même d’une partie dela République de Guinée. Mais, l’histoire de ce vaste ensemble, dont certains n’hésitent pas à étendre les limites jusqu’aux régions d’Afrique centrale, reste encore à mieux connaître.

I.               Objectifs du Colloque

            1.1. Objectif général

Il s’agit de faire le point de l’état des connaissances sur le Soŋey à travers une approche pluridisciplinaire susceptible de déboucher sur une étude d’ensemble intégrant les interactions entre le cadre géographique (terres, hydrographie, environnement, etc.), l’évolution historique (des sociétés et de leurs idéologies), les contacts avec les peuples voisins, l’économieet les stratégies de survie.

Le colloque ambitionne donc de cerner et d’actualiser les connaissances sur l’ensemble du processus de formation, de consolidation et de pérennisation des acquis des formations sociales qui ont abouti à la naissance, à l’évolution et au déclin de l’Etat soŋey, à l’héritage légué aux générations actuelles. Il prendra aussi en compte les préoccupations de l’heure des populations et les perspectives de développement qui peuvent s’offrir à une région actuellement en proie à d’innombrables difficultés économiques et sécuritaires.

            1.2. Objectifs spécifiques

Le colloque ambitionne, plus spécifiquement, de :

- cerner les travaux qui ont porté sur la région (le pays, ses conditions physiques et environnementales, les hommes qui le peuplent, les structures sociales et politiques qui s’y sont développées, l’organisation économique, etc.) en vue d’apporter une contribution susceptible de dépasser les limites de ces travaux ;

- confronter les sources internes (les Tarikhs et la tradition orale) avec d’autres sources (les écrits des voyageurs arabes, les sources portugaises, marocaines et autres) pour évaluer la validité de leurs témoignages et enrichir la réflexion sur l’histoire globale du Soŋey ;

- recenser les principaux centres intellectuels et les foyers de culture du terroir qui ont animé la vie intellectuelle et religieuse de la région ;

- sensibiliser sur l’importance des manuscrits pour l’histoire, de procéder au recensement des localités susceptibles d’en détenir et de les répertorier afinde les « sauver » de l’oubli et de la destruction du temps et des intempéries ;

- identifier et recenser les lieux de mémoire susceptibles de contribuer à la construction de l’histoire de la région, en vue de leur réhabilitation, de leur mise en valeur pour une meilleure appropriation par les populations et du développement du potentiel touristique de la région ;

- faire le point de l’apport de la recherche archéologique et de l’éclairage qu’elle peut apporter à la connaissance de l’histoire de la région ;

- vérifier et exploiter la toponymie des principaux centres historiques de tout le pays soŋey pour aider au rétablissement des éventuelles distorsions contenues dans les travaux produits jusqu’ici ;

- identifier les points de faiblesse de la recherche sur le Soŋey, par zone géographique et par période, en vue d’orienter les jeunes chercheurs sur des zones encore vierges pour la production de travaux novateurs et complémentaires ;

- de cerner l’importance du rôle que la connaissance de l’histoire du Soŋey peut jouer dans la construction de l’unité nationale du Niger et de l’intégration africaine.

            Une telle ambition, parce qu’ellepose naturellement la problématique des matériaux de l’histoire du Soŋey,dépasse le cadre nigérien) pour concerner toutes les régions ayant appartenu ou subi l’influence, directe ou indirecte, de l’Etat soŋey. Aussi, faut-il reconnaître que la seule recherche historique, si pointue soit-elle, ne saurait suffire pour cerner la connaissance surle Soŋey. Pour être complète, elle doit être renforcée par tous les autres domaines de la recherche (géographie, linguistique, anthropologie, archéologie, sociologie, islamologie, etc.).

Parallèlement à l’étude historique, vaste géographiquement et longue sur la durée, le colloque prend ainsi en compte les principales préoccupations de l’heure pour aborder, entre autres :

  • les questions environnementales, de désertification de la région et de la survie du fleuve qui constitue le poumon économique du pays,
  • les questions foncières et d’épuisement avancé des sols,
  • les questions de société à travers l’éducation, la santé, la délinquance juvénile,
  • le désœuvrement des jeunes et les questions de migration,
  • les questions pastorales et de cohabitation agriculteurs/éleveurs,
  • les questions de production, de sécurité alimentaire et nutritionnelle et de stratégies locales de survie,
  • les questions sécuritaires devenues préoccupantes depuis quelques années,
  • etc..

A l’instar d’une meilleure connaissance de l’histoire du soŋey qui est ambitionnée, le colloque abordera ainsi, en plus du le passé de cette région, sa situation actuelle afin de fournir aux décideurs les outils appropriés pour bien penser les projets et actions à mettre en œuvre pour un développement intégral, intégré et durable de la région.

      II.        La problématique des sources

            Pour démêler les fils imbriqués d’une histoire qui associe mythes, légendes, témoignages oraux et écrits, il y a lieu de poser le problème des sources et de le traiter de manière transversale et pluridisciplinaire. L’interrogation scientifique sur l’histoire du Soŋey devra s’intéresser à la fois à toutes les sources classiques et à celles qui, pour le moment, n’ont pas beaucoup suscité la curiosité des chercheurs ou leur intérêt.

III.            thèmes du colloque

            Le thème central du colloque est : LeSoŋey : état des connaissances et devenir. Pour faire le tour de la question, les sous-thèmes qui suivent peuvent servir d’axes de réflexion et de discussion.

3.1. La question des origines et du peuplement

  • le Soŋey : origines (réalité géographique, linguistique, politique ou ethnique ?), extension géographique et linguistique
  • les lieux de mémoire et les cultures matériellestels Arham, Tindirma, Koukiya, Jene-zeno, Gao Sanné, Gao rive droite, Gao rive gauche, Dendi,Koïma, Siguiri, etc.
  • les toponymies et anthroponymies
  • la question du peuplement : migrations et contacts culturels et principaux sites
  • Soŋey-Zarma : quelle parenté ?
  • la question des « Juifs » soŋey : mythe ou réalité historique ?
L’Etat soŋey
  • naissance, évolution de l’Etat et culture politique : les dynasties régnantes (Za, Sonni ou Si, Askia)
  • les institutions politiques et l’organisation interne de l’Etat
  • les relations « extérieures » de l’Etat soŋey
  • Etat et islam au Soŋey (portée historique de l’influence d’Al-Maghili)
Les défis de l’intégration
  • les processus d’intégration : peuples intégrés, la question des frontières
  • Koïma,
  • Le Soŋey post-impérial
  • la conquête marocaine et ses conséquences
  • les résistances : organisation, rivalités internes et grandes batailles
  • la naissance des Etats post-impériaux : de la royauté aux principautés
  • la question des généalogies : Zaber banda, Si hama, Mamar hama, les différents groupes zarma (gole, kalle et autres) : quelle parenté ?
  • les autres groupes socioculturels de l’espace (Bella, Kurte, Wogo, Fulaŋ, Hausa, etc.).
La société soŋey
  • structuration et dynamique interne
  • religions soŋey et islamisation
  • l’eau et la terre en pays soŋey : signification et fonctions
  • rôle du fleuve dans le peuplement, la mythologie et la cosmogonie soŋey
  • urbains/ruraux, paysans/guerriers
  • le mariage : formes, rites et obligations
  • les valeurs culturelles fondamentales
  • la mort dans la conception soŋey
  • les religions et pratiques religieuses du terroir (le « gosi », le « yennadi », le « hari ŋwarey », les pratiques de pêche, de chasse, etc.)
  • les « soŋence » dans la vie politique, sociale et culturelle soŋey
  • Za, Si, Maïga, Touré : quelles significations historiques ?
  • les groupes sociaux et les corps de métiers : origines, rôle et place dans la vie quotidienne,organisation sociale, mobilité sociale, relations entre groupes
  • les diasporas historiques soŋey (Guinée, Mali, Soudan, Ghana et autres)
  • l’esclavage : aspect social.
  • Histoire des femmes au Soŋey
  • le statut de la femme
  • quel rôle pour les femmes à la cour (cas de KasseySy : reine-mère) ?
  • Langues, écriture et oralité
  • langue et « parlers » soŋey : parentés, influences et évolutions régionales
  • les aires culturelles soŋey
  • les « porteurs » de la parole et de transmission des valeurs sociales : griots, « gaula » et autres « hommes de parole »
  • les mécanismes de transmission du passé et des valeurs sociales : mythes, contes, légendes, épopées, proverbes et dictons
  • le soŋey-zarma peut-il s’écrire ?
  • traditions, art et culture : les us et coutumes
  • art, artisanat et patrimoine matériel
  • le tam-tam, le molo, le gojé, le gumbe et leurs vedettes (stars) régionales
  • hommages aux grands hommes de culture de la région : Boubou Hama, TinguiziMabé, Kulba-baba, Djado Sékou, Karimou Saga, DjalbaBadjé, BadjéRuki, LakiTamtala, Dalweyzé, Waybi Karma, Pompazo Liboré, ModiKuré, HamsatouGabdalize, Hama Komseru, Mundio le flutiste, SaybouAyarou dit Kok-kok, etc.
L’économie
  • le commerce transsahariendans l’économie du Soŋey:produits, centres et axes commerciaux (grands centres, principales étapes, l’esclave, l’or et le sel)
  • le rôle du fleuve dans l’économie et la formation de l’Etat
  • les grandes villes soŋey : architecture et organisation urbaine
  • l’aménagement du fleuve et les productions agricoles
  • les autresactivités de production.
La question de l’éducation
  • l’éducation traditionnelle
  • l’école coranique : les grands foyers, les lettrés, la condition des « talibés »
  • l’école du « Blanc » : état de la scolarisation.
Savoirs endogènes et renaissance culturelle(Talibi) Le patrimoine archéologique L’environnement
  • l’occupation de l’espace et la question foncière
  • la pluviométrie et les sécheresses répétitives
  • la désertification : les effets de la nature et l’action des hommes
  • l’érosion des sols (des berges et l’ensablement des mares) et leur épuisement
  • les questions pastorales et les problèmes de cohabitation agriculteurs/éleveurs.
La sécurité alimentaire et nutritionnelle
  • l’alimentation et les pratiques nutritionnelles traditionnelles
  • les grandes famines et les stratégies de survie
  • les menaces acridiennes
  • l’agriculture et les productions agricoles
  • les techniques traditionnelles de conservation des productions
  • le « mérite » agricole (la valorisation du travail agricole)  : « alfari » et les symboles comme « hayni suuna », nombre de greniers, etc.
  • la pêche et les produits du fleuve
  • la riziculture et la production rizicole : les aménagements hydroagricoles
  • la cueillette et les produits forestiers
  • les complémentarités régionales et sous-régionales :les formes d’échanges traditionnels, les marchés, les produits échangés et les valeurs marchandes.
La sécurité
  • guerres et paix, d’hier à aujourd’hui
  • les conflits politiques
  • les conflits intra et intercommunautaires
  • l’extrémisme religieux violent
  • le terrorisme, les réseaux des différents trafics et le banditisme armé
  • la question de l’Azawad
  • Tillabéri dans la géopolitique nationale et sous-régionale.
La survie du fleuve
  • l’ensablement du fleuve
  • les débordements et les inondations répétitives
  • les exploitations traditionnelles du fleuve et de ses affluents
  • l’aménagement de la vallée du fleuve : la question du Barrage de Kandadji et des autres potentialités de mise en valeur.
Jeunesse et développement
  • les occupations traditionnelles et la question de l’emploi
  • le désœuvrement des jeunes et les questions de migration : exode rural, exode vers la côte atlantique, la migration internationale
  • jeunesse, sports traditionnels et santé
  • la délinquance et les autres travers sociaux (prostitution, vol, viol, consommation de stupéfiants, alcoolisme, tabagisme et autres).

      IV.      Méthodologie

            Dans la perspective d’un bilan global des travaux réalisés sur la question, il s’agira d’abord de faire le point de la recherche sur le Soŋey. Il est ainsi souhaité une communication spécifiquepour présenter ce bilan historiographique par pays (Niger, Mali, Bénin, Nigeria, Burkina Faso, Guinée et ailleurs, hors d’Afrique).

            Les autres communications seront regroupées en panel, par sous-thème. Chaque panel aura un responsable scientifique qui en assurera l’organisation pratique.

            Les présentations publiques seront suivies de discussions. Un temps de quinze minutes (15 mn) est prévu pour chaque présentation ; la discussion pourra durer une trentaine de minutes. Chaque présentation se fera sous la responsabilité d’un président de séance, d’un modérateur pour organiser les discussions et d’un rapporteur pour en faire la synthèse écrite.

            Des traditionalistes et des généalogistes (griots ou autres) seront invités.

            La reproduction des documents sera assurée par le secrétariat du colloque.

            V.        Résultats attendus

            Les communications et les discussions devront permettre de mieux connaître l’histoire du Soŋey dans le contexte socio-historique qui a donné naissance à l’Etat qui porte le même nom. Elles devront aider à mieux situer et à mieux apprécier la place et le rôle de cet Etat dans l’espace ouest-africain précolonial, mais aussi à relever les spécificités éventuelles propres à cette entité, notamment dans les emprunts et dans les héritages transmis à d’autres entités.

A partir du point de la recherche qui sera fait, le colloque devra permettre de combler les lacunes des recherches parcellaires, menées çà et là, en vue de la réalisation d’une étude d’ensemble sur cet Etat précolonial.

VI.                  Perspectives

Les éclairages produits, à l’occasion de ce colloque, aideront à mieux penser les perspectives de cohabitation pacifique entre les communautés humaines partageant cet espace géographique. Une telle compréhension contribuera à la revalorisation et à la prise en compte des mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits qui compromettent aujourd’hui toutes les actions de développement. Les perspectives de développement socio-économique, plus adaptées aux réalités des terroirs, seront ainsi mieux repensées et conduites avec une adhésion plus volontariste des populations.

            Pour une grande diffusion des résultats du colloque, les communications retenues feront l’objet d’une publication après un travail éditorial.

            Seules les communications acceptées par le comité scientifique, qui sera créé à cet effet, seront publiées.

            Date limite d’envoi des communications

Le colloque étant prévu pour se tenir du 13 au 15 décembre 2019, la date limite pour l’envoi des propositions de communication est fixée au 31 octobre 2019. Un résumé d’une page doit, au préalable, parvenir au Secrétariat du colloque au plus tard le lundi 5 juillet 2019. Les versions finalisées des communications devront parvenir u plus tard le15novembre 2019.

            Les communications doivent être adressées au :

Secrétariat du Colloque

Mamoudou DJIBO, Ph.D.

Comité d’Organisation de la Fête tournante du 18 décembre 2019, « Tillabéri candalo », Tillabéri – NIGER.

Tél. (00 227) 96 96 94 50 / 90 96 94 50 / 93 96 94 50

Email : mamoudoudjibophd@yahoo.fr

 

 

[1] Conquise à partir de Goungia (Koukia) en l’an 1009,la ville de Gao (en République du Mali) est devenue la capitale de l’Etat Soŋey.