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Appels à contributions
Du paysage quotidien à l'espace poétique: le sanctuaire dans la poésie gréco-latine jusqu'au IIème s. ap. J.-C. (Paris)

Du paysage quotidien à l'espace poétique: le sanctuaire dans la poésie gréco-latine jusqu'au IIème s. ap. J.-C. (Paris)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Judith Rohman)

Colloque organisé par EDITTA (Université Paris-Sorbonne) et l’UMR 8546 CNRS/ENS - AOrOc

Organisation : E. Buchet, P.-A. Caltot, J. Rohman

 

Appel à contributions

Du paysage quotidien à l’espace poétique : le sanctuaire dans la poésie gréco-latine jusqu'au IIème s. ap. J.-C.

Vendredi 14-samedi 15 décembre 2018

 

Ces dernières années, de nombreux projets et ouvrages ont été consacrés aux lieux de culte des mondes grec et romain. Outre les grands programmes archéologiques consacrés à tel ou tel sanctuaire, on pense notamment aux actes des colloques intitulés Les bois sacrés ou Sacra Nominis Latini, qui recensent les dernières recherches sur les lieux de culte du Latium, ou encore au projet Fana Templa Delubra, dirigé par John Scheid, qui a pour but d'établir un corpus des sanctuaires italiens et des sources, archéologiques et littéraires qui s'y rapportent. Ces diverses études mettent en relief l’importance archéologique et historique de ces sanctuaires et permettent de mesurer leur place dans le paysage quotidien des Grecs et des Romains.

Au cours du colloque à venir, nous nous proposons d’étudier comment leur place dans l’imaginaire collectif  se reflète dans les textes poétiques.

On se demandera donc comment les poètes appréhendent ces espaces sacrés en Grèce et à Rome. Il s’agira ainsi de réfléchir à la définition et à l’image que le discours poétique donne des différents types de sanctuaires – en particulier, temple (temenos, templum, fanum, aedes), autel (ara), aire sacrale, bois sacré (nemus, lucus)... – dans l’esthétique et le style propres aux différents genres poétiques de l’Antiquité, en particulier l’épopée, la tragédie, la comédie, l’hymne, la satire ou l’élégie. La mobilisation d’un type de sanctuaire dans un genre poétique ou les liens esthétiques entre formes architecturales et poétiques pourront ainsi être interrogés avec profit.

 

Un premier axe concernera la représentation et la description de l’espace sacré comme cadre quotidien, en particulier dans sa matérialité architecturale ou géographique. Il pourra ainsi être intéressant d’envisager le temple comme décor de la tragédie (Sophocle, Œdipe à Colone ; Euripide, Ion) ou de la comédie (Plaute, Rudens). Le sanctuaire, en particulier le temple ou le bois sacré, apparaît également comme un marqueur topographique et géographique ou comme un témoignage de la religion quotidienne, qu’elle relève de la piété personnelle ou des fêtes collectives et rituelles, en particulier à Rome (description poétique de rituels, sacrifices, procuratio...). Les ekphraseis poétiques des temples pourront également être analysées dans leurs enjeux poétiques et politiques, comme des célébrations de la Cité ou du Prince, autant dans l’élégie (Properce, Elégies, IV, 1 ; Ovide, Fastes) que dans l’épopée (Virgile, Énéide, I, 450-487…).

En outre, le sanctuaire apparaît comme un espace de transition ou de contact entre hommes et dieux : c’est un lieu privilégié pour les théophanies, prodiges et miracles, ou encore pour les échanges discursifs entre les hommes et les dieux, en particulier dans la poésie hymnique ou épique (Callimaque, Hymne à Apollon, I, 8 ; Stace, Thébaïde, II, 249-268). De ce point de vue, l’intégration d’une parole religieuse, prière, imprécation ou defixio, au sein d’un sanctuaire implique d’envisager la façon dont les poètes articulent discours poétique et discours sacré. Les enjeux proprement littéraires, voire métapoétiques, de la description du sanctuaire prennent aussi une importance décisive, en Grèce comme à Rome : l’espace sacré apparaît alors comme une révélation de la mission poétique (Hésiode, Théogonie, I, 1-20 ) dans l’échange entre les Muses et le poète, ou comme une métaphore du poème lui-même (Virgile, Géorgiques, III, 11-15).

Enfin, le sanctuaire peut être envisagé par rapport à ses limites mêmes : la relation entre sacré et profane est souvent mise en scène au sein du sanctuaire, quitte à mettre en péril la solennité du lieu, et les poètes élégiaques choisissent souvent le temple comme un lieu propice à la séduction et à la courtisanerie (Ovide, Art d’aimer ; Properce, Élégies). D’autre part, le sanctuaire consacré aux superi est parfois gagné par une esthétique de l’horreur qui procède d’une inspiration infernale dans les œuvres des périodes néronienne ou flavienne (Sénèque, Thyeste, 650-664 ; Lucain, Pharsale, I, 616-637).

 

Merci de bien vouloir nous faire parvenir les propositions de contribution (600 mots maximum) accompagnées d’un titre pour le 5 mai 2018 à l’adresse suivante:

colloquetempleespacepoetique@gmail.com

Les propositions seront examinées par un comité scientifique et les réponses seront adressées  au début du mois de juin.

 

Bibliographie indicative:

-      O. de Cazanove, J. Scheid (dir.), Les bois sacrés, Naples, 1993.

-    A.Dubourdieu et J.  Scheid, "Lieux de culte, lieux sacrés: les usages de la langue. L'Italie préromaine", in A. Vauchez (dir.), Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires: approches terminologiques, méthodologiques, historiques et monographiques, Rome, 2000.

-      E. Marroni (dir.), Sacra Nominis Latini, Naples, 2012.