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Appels à contributions
L'identité narrative chez Rétif de la Bretonne (revue Etudes rétiviennes, n° 51)

L'identité narrative chez Rétif de la Bretonne (revue Etudes rétiviennes, n° 51)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Nicolas Brucker)

Appel à contribution pour le numéro 51 de la revue Etudes rétiviennes :

L'identité narrative chez Rétif de la Bretonne

 

Le rapport d’identification de Rétif de la Bretonne (1734-1806) à son œuvre est si intense qu’il est difficile, voire impossible d’y distinguer la composante biographique de la composante fictionnelle. Comme Montaigne, il eût pu dire : « je suis moi-même la matière de mon livre » (Essais). Ce faisant, il fait évoluer la notion d’auteur, en en disséminant l’expression à tous les niveaux de la fiction, du personnage à l’éditeur en passant par différents types de conteurs et narrateurs secondaires. Comment définir l’identité rétivienne sinon en la rapportant à l’acte narratif ? La notion d’« identité narrative » (Ricœur 1985), qui est la réponse à l’aporie de la temporalité, réponse toujours fragile et provisoire, aide à mieux comprendre l’enjeu de la création littéraire rétivienne, notamment dans la dimension existentielle d’un projet qui tend à démultiplier la puissance vitale (Testud 1977 ; Samzun 2018).

Les récits personnels, notamment Monsieur Nicolas (1796-1797), mais aussi la vertigineuse prolifération des histoires et nouvelles dans des recueils comme Les Contemporaines (1780-1785) ou Les Nuits de Paris (1788) appellent une réflexion sur une identité qui n’a rien d’uniforme, mais présente au contraire tous les caractères de la pluralité. La vie, refigurée dans le récit, est devenue tissu d’histoires racontées, désormais unique accès à soi-même et à la connaissance du monde de l’« être-empêtré-dans-des-histoires » (Schapp 1953). Par-delà la frontière qui sépare le réel et l’irréel, la fiction et la réalité, l’œuvre rétivienne permet au lecteur de vivre, dans et par le récit, une expérience originale du temps, dans les va-et-vient du passé au présent, du présent à l’avenir. La visée éthique individuelle rencontre, sur des questions alors en débat, le projet d’une société qui se rêve ; l’histoire personnelle s’enchaîne à l’histoire universelle ; l’identité singulière s’écrit sur fond de destin collectif.

Les articles (30.000/40.000 signes) sont à envoyer pour soumission à Nicolas Brucker avant le 30 septembre 2019 : nicolas.brucker@univ-lorraine.fr.