Actualité
Appels à contributions
Colloque :

Colloque : "1919-2019 : un siècle de création littéraire en Chine" (Aix-Marseille)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Pierre Kaser)

Colloque : "1919-2019 : un siècle de création littéraire en Chine"

 

Université Aix-Marseille

4-5 octobre 2019

 

PRÉSENTATION

Lors d’un colloque dirigé par le Pr Noël Dutrait qui s’est tenu à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence le 10 février 1996 et auquel avait participé l’écrivain dramaturge Gao Xingjian, Prix Nobel de Littérature 2000, le regretté Professeur André Lévy (1925-2017) a posé la question des rapports entre « Littérature classique, littérature moderne : ruptures ou continuités » (voir Littérature chinoise. État des lieux et mode d'emploi. Actes de colloque, Publications de l’Université de Provence, 1998, pp. 11-18) en distinguant ce qui seraient plutôt que des « cassures irréparables », des « fractures guérissables tout en laissant des traces profondes » et des « foulures dont les traces s’effacent ». Si l’on peut tomber d’accord sur le fait qu’il n’y a pas eu de « cassure véritable », même si l’abandon définitif du chinois classique au début du xxe siècle. constitue bien une rupture majeure, il reste encore à évaluer les causes, la nature et la portée des évolutions qui se sont déployées pendant, pour le moins, le siècle et demi qui vient de s'écouler. Nous convions chercheurs et intervenants à venir à Aix-en-Provence, afin de proposer leurs vues et de discuter autour de plusieurs axes d'investigation, dont une remise en question de la manière dont l’histoire de la littérature chinoise a été considérée jusqu'à présent.

 

AXES

1. Dresser un bilan de la création littéraire chinoise du siècle écoulé et de sa recherche

Vingt-cinq ans après cet état des lieux, un nouveau bilan de la création littéraire chinoise et de son étude est donc à envisager : l'évolution récente de la littérature chinoise et les progrès dans la recherche dans ce domaine l'imposent ; le centenaire du mouvement du 4 mai 1919, considéré comme un des jalons majeurs de cette évolution, le soixante-dixième anniversaire de la création de la République populaire de Chine (1949) et le trentième anniversaire des événements sanglants de la place Tian'anmen (1989), fournissent l'occasion de réunir à Aix-en-Provence les spécialistes du domaine afin d'en affronter les différents aspects.

2. Fournir les bases assainies pour une réécriture de l’histoire de la création littéraire chinoise moderne et contemporaine

Ce colloque et son approche historique permettra de contribuer à fournir les éléments pour établir une chronologie fiable des évolutions littéraires en Chine depuis un siècle, voire même envisager la création littéraire chinoise dans une perspective plus large en suivant le modèle proposé par des chercheurs comme David Der-wei Wang, lequel fait remonter la source de la littérature moderne au milieu du xixe siècle.

Il est vrai que les solutions proposées en Chine continentale et ailleurs sont souvent contradictoires et loin d'emporter l'adhésion générale. La plupart du temps, leur consultation rend délicat de répondre avec certitude à des questions aussi simples que celles que nous nous poserons :

Qu'est-ce que la littérature chinoise moderne ? Quand et comment situer le début de la période contemporaine ? Comment considérer la production des vingt dernières années ? Ou encore : quelles dates clefs retenir parmi toutes celles qui ont été proposées, et quel poids leur attribuer pour établir les jalons de l'évolution de la création littéraire chinoise ? 1842, date associée à la première Guerre de l'Opium et impliquant une influence occidentale qui nécessite une réévaluation ; 1905, qui marque la fin du système de recrutement des élites par concours et donc la nécessité pour les Chinois de se confronter au corpus classique et à en maîtriser la langue ; 1911, qui scelle la fin du système impérial ; 1917, année pendant laquelle Hu Shi publie son manifeste pour une réforme littéraire uniquement composée en langue parlée ; 1919, qui voit l'éclosion révolutionnaire se concrétiser dans le mouvement de révolte du 4 mai ; 1942, année pendant laquelle, à Yan'an, Mao Zedong dessine pour de longues années les contours d'une création littéraire qui devra se mettre au service du Peuple et défendre la cause révolutionnaire ; 1949, avec la fondation de la République Populaire de Chine qui va installer la création littéraire sous le contrôle du Parti communiste, pour la réduire à la portion congrue pendant la Révolution Culturelle, et ne lui ouvrir de nouveaux espaces qu’à partir des années 1980. Que dire encore de l'influence des événements de 1989 qui se sont conclus par le massacre de la Place Tian'anmen ? On pourra encore tenter d'évaluer ce qu'ont apporté les trente années qui ont suivi ce drame dont les plaies n'ont jamais été pansées. Le questionnement ne pourra pas non plus éviter de prendre en compte l'arrivée fracassante des nouveaux supports d'expression permis par la popularisation de l'internet.

3. Fournir une évaluation de l’impact des événements politiques sur la création littéraire chinoise moderne et contemporaine, tant du point de vue des contenus que des formes.

Tout en travaillant à réfléchir aux bases de la réécriture de l'histoire de la création littéraire chinoise du siècle qui vient de s'écouler, on interrogera l'influence que la politique aura joué sur son développement, servant selon les moments de stimulant, à d'autres d'anesthésiant, en prenant en considération le rôle de la censure, et la manière dont elle s’exerce toujours à l'âge numérique.

4. Fournir une évaluation de la réception de la littérature chinoise moderne et contemporaine en France

Dans la continuité de l'examen de la manière dont les littératures d'Asie sont reçues en France et traduites dans notre langue, travail de longue haleine qui occupe l'axe depuis plusieurs années avec son projet d'inventaire des traductions (ITLEO : https://leo2t.hypotheses.org/itleo), nous inviterons les chercheurs et acteurs de la diffusion de la littérature chinoise en France présents à proposer un bilan critique sur la manière dont la création littéraire chinoise du siècle passé a été traitée.

Cet examen portera non seulement sur les stratégies de traduction et d'édition mises en œuvre, mais aussi sur le choix des textes et des auteurs traduits : rendent-ils équitablement compte de la réalité de la production chinoise ? Que dire de l'attention portée par certains à la production taïwanaise, voire de l'accueil fait aux auteurs ayant quitté le continent ? Le regard des traducteurs et des éditeurs sollicités pourra permettre de clarifier certains points sur la réalité de l'accueil par le lectorat français des œuvres traduites et introduites en France, voire de répondre à la question qui reste souvent sans réponse précise : qu'en est-il de la réception de la littérature chinoise en France ?

5. Évaluation de la place de la littérature chinoise dans le champ littéraire mondial

Pour finir, on cherchera à évaluer la place de la littérature chinoise au niveau mondial en se posant la question de savoir si, avec l'attribution de deux prix Nobel à des écrivains de langue chinoise (Gao Xingjian en 2000 et Mo Yan en 2012) dont les œuvres ont déjà fait l'objet de plusieurs manifestations scientifiques internationales organisées par notre axe, la littérature chinoise est sortie de son statut de littérature qu'on pouvait qualifier de « provinciale » selon la définition apportée par Milan Kundera (Le Rideau, 2005), et si elle est, oui ou non, rentrée de plein pied dans le champ de la Weltliteratur.

Le résumé de la proposition (400 mots maximum), indiquant l’axe principal dans lequel elle s’inscrit, et contenant une bièvre biographie et bibliographie de l’auteur, est à envoyer avant le 18 mars aux adresses suivantes : pierre.kaser@univ-amu.fr, lishiwei0824@hotmail.com

Les propositions seront examinées et les réponses envoyées avant le 1 avril.