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Analyser (Paris Sorbonne)

Analyser (Paris Sorbonne)

Publié le par Marc Escola (Source : Lucie Patronnat)

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / ED APESA / Institut ACTE

Colloque "Analyser"

13 et 14 mai 2024

Par définition, l’analyse est le produit d’une action en deux temps qui décompose un ensemble en différents éléments avant de le recomposer sous la forme d’une hypothèse. Ces deux moments d’un même processus sont contenus dans l’étymologie grecque du terme puisque, comme le rappelle la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française, ana-luein  signifie à la fois « dissoudre », « défaire la trame », et « résoudre », « examiner en détail ». Au gré de ses modulations, ce terme transporte avec lui cette même ambition. Il désigne en logique analytique l’étape préparatoire – mais différente – de la synthèse. Il évoque, en grammaire analytique, l’étude de la nature puis de la fonction de chaque mot. En chimie analytique, il se conçoit comme une phase de séparation, d’identification, de quantification des composants chimiques d'une substance. Ainsi, si une pluralité d’analyses semblent pouvoir être distinguées, il apparaît qu’elles sont unifiées sous un même geste heuristique, que l’on désignera par le verbe « analyser ».

En pratique, en quoi ce geste, appliqué au film, consiste-t-il ? Qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce qu’il peut ? Tels sont les questionnements qui animent Jacques Aumont dans Comment pensent les films ? et auxquels il se propose de répondre à partir de la « question première de toute analyse d’image » : « Quel est le problème ? Quel problème puis-je poser à partir de cette ou ces images ? Ou plus justement : quel problème pose-t-elle ou posent-elles, dont elles sont la solution ? » (p. 14). Ce problème résonne à l’échelle de l'œuvre de bien des manières. Il se déploie dans des dynamiques réciproques de décomposition et de recomposition allant des plus grandes unités filmiques (du film aux séquences) vers les plus petites (du syntagme aux plans), et inversement (du plan aux plans, de la séquence aux séquences, vers le film). Il s’inscrit aussi entre les deux moments « extérieurs » et matriciels que sont le contexte de production et le contexte de réception. Et bien que ce problème cinématographique prime toujours sur sa méthode, comme le rappellent Anne Goliot-Lété et Francis Vanoye, « il est possible de définir un certain nombre de “moments” de l’analyse qui jalonnent ce parcours allant de l’objet filmique à l’hypothèse sur l’objet » (p. 12). La description (en tant que relevé des composantes audiovisuelles), la comparaison (entendue comme la mise en réseau des éléments internes, externes ou possibles) et l’interprétation (conçue à la fois comme constat et création) pourraient compter parmi ces moments généraux qui préparent l’hypothèse autant qu’ils la guident.

En ce sens, il semblerait que l’action d’analyser mobilise tout ou partie des procédés de la recherche puisqu’elle demande à l’analyste d’illustrer, de décrire, d’interpréter ou de citer, tout en s’engageant personnellement dans son analyse.

Programme

LUNDI 13 MAI

09h45 - Accueil

10h30 - Introduction au colloque

La réception comme analyse  

10h50 - Lilou Arlaud (Paris 8, Cinéma et études de genre), Analyser Le Roman de Mildred Pierce au prisme des études de genre et star studies

11h20 - Vincent Leroy (Nantes Université/Université Complutense de Madrid, Civilisation espagnole et cinéma français), La censure « diabolique » espagnole et le cinéma d’Henri-Georges Clouzot

12h10 - Pause déjeuner en salle 120 

Le film comme analyse de l’Histoire 

14h30 - Simon Rozel (Paris 1, Histoire du cinéma), La forme documentaire comme vecteur de la réflexion historique : le cas du Chagrin et la Pitié (1971) de Marcel Ophuls

15h - Camille Parrau  (Paris 8), Le cinéma asilaire, une contre analyse de la société américaine

15h50 - Pause café

Analyser le corps par ses images 

16h10 - Anthony Blanc et Pauline Tucoulet (Sorbonne Nouvelle, Cinéma), Images filmées d’hécatombe humaine, Analyser des représentations de cadavres [TW contenus graphiques] 

16h40 - Anca Pop (Royal Holloway Université de Londres), On ne dissèque plus le corps - on suit la vie au cinéma. Une nouvelle connaissance de la vie dans De Humanis Corpora Fabrica

Projection de The Searchers de John Ford (1956) à 20h au cinéma Saint André des Arts. Séance animée par Cécile Gornet (Doctorante en Cinéma - Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Institut ACTE) et Simon Rozel (Doctorant en Histoire de l’art - Université Paris 1 Panthéon Sorbonne).

MARDI 14 MAI

9h30 - Accueil

Analyser le cinéma par ses images 

10h00 - Dorian Merten (Université de Strasbourg, Cinéma), "Une image, c'est ça, et le reste" Perspectives d'analyses des images par le film

10h30 - Romane Carriere (ENS Lyon, Cinéma), Bâtir une architecture vivante : penser le dispositif analytique de Portraits fantômes (Kleber Mendonça Filho, 2023)

11h - Emilien Peillon (Paris Cité, Philosophie politique), Penser le réalisme dans le cinéma d'animation

12h - Pause déjeuner en salle 120 

La génétique comme méthode d’analyse 

14h - Hala Habache (Paris Cité, Cinéma), Analyser un film par ses archives pour en réécrire l’histoire : le cas de La Natation par Jean Taris (1931) de Jean Vigo

14h30 - Pierre-Antoine Bourquin (Sorbonne Nouvelle, Cinéma), Le retour à l’analyse depuis les études génétiques

15h20 - Pause café 

16h - Conférence de clôture par Vincent Jaunas (MCF Université Jean Monnet - Saint-Etienne)

Comité scientifique/d’organisation : 

Vincent Amiel, Wladislas Aulner, Catarina Bassotti, Camille Bui, Alessandro Cariello, Matthieu Couteau, Clément Dumas, Cécile Gornet, Aurélien Gras, Sarah Leperchey, Anaëlle Liégeois-de Paz, José Moure, Massimo Olivero, Lucie Patronnat, Caroline San Martin.